Une nouvelle rafle de faux-espoirs disséminée par l’administration américaine pour faire croire qu’elle œuvre pour un Etat palestinien !
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est dit confiant mercredi dans le fait que les dirigeants israélien et palestinien veulent tous les deux la paix, en appelant à des progrès "aussi vite que possible" dans les négociations.
Mais alors que M. Kerry effectue une tournée au Proche-Orient, la municipalité israélienne de Jérusalem a donné son aval à la construction de 69 logements dans la colonie d'Har Homa, à Jérusalem-Est occupé et annexé, selon un conseil de l'opposition Meir Margalit, qui a vu dans cette décision "une provocation".
Après une étape à Koweït, dans le cadre d'une tournée arabe visant à coordonner l'aide aux rebelles syriens, M. Kerry devait arriver en fin de journée en Jordanie, sa cinquième visite au Proche-Orient depuis sa prise de fonction en février.
Il doit rencontrer le roi Abdallah II jeudi, puis le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem, avant de revenir à Amman, où il s'entretiendra vendredi avec le président palestinien Mahmoud Abbas.
"Je ne serais pas là en ce moment si je n'avais pas le sentiment que c'est possible. Mais c'est difficile -- nous savons tous à quel point c'est difficile", a déclaré M. Kerry à des journalistes à Koweït.
Qualifiant MM. Abbas et Netanyahu de "vétérans très qualifiés" de la politique au Moyen-Orient, il a affirmé: "je suis assez confiant dans le sérieux de leur engagement".
Pour autant, M. Kerry risque de se heurter à un mur en Israël, où M. Netanyahu, qui entretenait déjà des relations tendues avec le président Obama, conduit depuis mars une coalition encore plus intransigeante que lors de son précédent mandat.
Le vice-ministre de la Défense Danny Danon, membre du parti Likoud de M. Netanyahu, s'est récemment prononcé contre un Etat palestinien et a affirmé que si cette solution était mise au vote, "la majorité des ministres du Likoud s'exprimerait contre, tout comme le Foyer Juif", un parti nationaliste religieux héraut de la colonisation dirigé par le ministre de l'Economie Naftali Bennett.
M. Bennett a résumé le 17 juin une opinion répandue au sein du gouvernement en comparant la présence des Palestiniens à "un shrapnel dans les fesses qu'il vaut mieux garder, quitte à en souffrir de temps en temps, plutôt que de subir une opération risquée pour se le faire enlever", en référence à un Etat palestinien.
M. Kerry n'a pas fixé d'ultimatum aux deux parties, estimant qu'"ils "peuvent devenir des obstacles", mais a dit espérer des progrès "aussi vite que possible".
Washington juge en effet crucial de réaliser des progrès avant la session annuelle de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, où M. Abbas pourrait relancer ses démarches pour adhérer à des organisations internationales, y compris les instances judiciaires susceptibles de poursuivre Israël. Ces démarches avaient été suspendues pour donner le temps à M. Kerry de parvenir à des résultats.
"Bien avant septembre, nous devons montrer des progrès de quelque forme que ce soit", a-t-il dit, en soulignant que "les personnes ne souhaitant pas que les choses se passent" risquaient sinon d'utiliser le "vide" créé.
"Gestes de bonne volonté"
M. Netanyahu a souligné mardi que le "but n'est pas seulement de débuter les négociations" mais de "nous engager dans les négociations pendant une durée sérieuse afin de (...) parvenir à un accord".
Il faisait allusion aux suspicions israéliennes que Mahmoud Abbas finisse par accepter, sous pression américaine, une rencontre avec M. Netanyahu, dans l'intention de gagner du temps ou de lui faire porter la responsabilité d'un échec américain, selon les médias israéliens.
"Certains membres du gouvernement israélien se déclarent ouvertement hostiles à la solution à deux Etats et d'autres, comme Netanyahu, ne le disent pas clairement mais travaillent contre cette solution", a accusé mercredi le négociateur palestinien Yasser Abed Rabbo.
"C'est pourquoi je ne crois pas que Kerry réussira", a-t-il déclaré à la radio officielle Voix de la Palestine.
Les dernières négociations directes entre les deux parties remontent à septembre 2010 et avaient été très brèves.
Mahmoud Abbas avait exprimé le 19 juin "l'attachement de la partie palestinienne au succès des efforts de M. Kerry pour sauver le processus de paix".
La direction palestinienne exige pour reprendre les négociations de paix un gel total de la colonisation et une référence aux lignes d'avant l'occupation israélienne des Territoires palestiniens en juin 1967 comme base de discussions.
M. Netanyahu appelle de son côté à des négociations immédiates sans "conditions préalables", en référence à ces revendications qu'il récuse. Il pourrait néanmoins consentir à des "gestes de bonne volonté", comme la libération de prisonniers palestiniens ou un gel partiel de la colonisation, selon les médias israéliens.