Les Casques bleus avaient laissé perpétrer un massacre au cours duquel 8.000 musulmans ont été tués.
L'association des mères de Srebrenica a qualifié vendredi de "honteuse" la décision de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) de juger "irrecevable" sa requête de faire reconnaître la responsabilité de l'ONU dans le massacre de Srebrenica, en Bosnie orientale, en 1995.
"Notre ultime espoir a été transformé en une nouvelle honte de la justice internationale. C'est une décision purement politique", a déclaré à l'AFP Munira Subasic, présidente de cette association.
La CEDH a définitivement débouté jeudi l'association des mères de Srebrenica, jugeant "légitime" l'immunité octroyée aux Nations unies.
L'enclave musulmane de Srebrenica était placée sous la protection de l'ONU lorsqu'elle a été prise le 11 juillet 1995 par les forces serbes de Bosnie.
Faiblement armés et peu nombreux, les Casques bleus néerlandais n'avaient pas résisté.
Les Serbes de Bosnie avaient ensuite exécuté près de 8.000 garçons et hommes musulmans, le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, qualifié de génocide par la justice internationale.
"Après l'acquittement (fin mai) de Jovica Stanisic et de Franko Simatovic (un ancien chef du renseignement serbe et son adjoint, inculpés pour le massacre à Srebrenica, NDLR) par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), c'est une nouvelle défaite de la justice internationale", a ajouté Mme Subasic.
"Nous luttons depuis près de vingt ans pour réclamer justice pour nos enfants tués. Les juges européens les ont tués une nouvelle fois", a dit Mme Subasic.
La CEDH s'est intéressée dans cette affaire exclusivement à la question de l'immunité de l'ONU, et ne se prononçait pas sur un autre volet de l'affaire, encore devant la justice néerlandaise, et qui porte sur l'éventuelle responsabilité des soldats néerlandais.
En se tournant vers les juges européens, les mères de Srebrenica entendaient contester le refus de la justice néerlandaise de poursuivre l'ONU pour leur responsabilité dans le massacre.
En avril 2012, la Cour suprême des Pays-Bas avait estimé que de telles poursuites étaient impossibles, arguant que l'ONU bénéficiait d'une "immunité totale". C'est cette décision que les requérants ont contestée, en vain, devant les juges de Strasbourg.