Jabal Mohsen et Zghorta sont séparés par un énorme bastion du Courant du futur.
Au Liban-Nord, il y a deux villes qui grouillent de vie: Zghorta et Kobeiyat. Les miliciens dont les actes sont justifiés par le Courant du futur sous divers prétextes, ont mis à rude épreuve la sécurité de Tripoli et la stabilité du chef-lieu du Nord. Ils planifiaient de faire la même chose dans le chef-lieu du Liban-Sud, Saïda. Ensuite, l’ancien chef militaire du 14-Mars, le député Khaled Daher, a lancé une odieuse campagne de dénigrement contre Kobeiyat. Et voilà, maintenant, que le chef militaire actuel, le général à la retraite Achraf Rifi, a lancé, mercredi, un ordre d’opération contre Zghorta.
A ceux qui encerclent sans succès Jabal Mohsen depuis deux ans, et qui y perdent à chaque confrontation le double de ceux qu’ils tuent, il explique que la force des assiégés et leurs armes viennent de Zghorta: vous perdez votre temps et votre sang si vous n’allez pas là-bas aussi, leur a-t-il dit.
Malheureusement, beaucoup le croient, même si ce que dit Rifi est illogique et incroyable. Ils croient que ceux dont ils bombardent les maisons en riposte à leurs balles, acheminent leurs canons et leurs munitions de Zghorta; et que des avions syriens, russes et iraniens débarquent tous les jours leurs cargaisons d’armes dans la réserve d’Ehden; et que des tunnels de 20 kilomètres de long relient Jabal Mohsen à Zghorta, en passant sous les collines, les vallées et les quartiers bondés.
Une personnalité religieuse de Zghorta estime que ce qu’a fait Achraf Rifi, ce fonctionnaire à la retraite qui continue de toucher son salaire, est une mobilisation inédite contre une ville et une communauté que même les miliciens ne se sont jamais autorisés. Les habitants et les notables de Zghorta auraient pu l’ignorer si l’homme n’était pas le chef des opérations du Courant du futur et le capitaine des caïds des fronts de Tripoli.
Contrairement aux «informations» géographiques de Rifi, Jabal Mohsen et Zghorta sont séparés par un énorme bastion du Courant du futur et des groupes salafistes qui lui sont liés, appelé Qobbé. Et Qobbé n’est pas un jardin public ou un complexe sous lequel il est possible de creuser des tunnels, mais la plus grande et la plus dense zone résidentielle de Tripoli. Et entre Qobbé et Zghorta, il y a deux routes de 10 kilomètres. La première passe par la plus importante caserne de l’Armée libanaise et la seconde par la localité de Majdlaya, où les Forces libanaises se sont employées, ces trois dernières années, à renforcer leur présence.
Aussi bien les milieux populaires que les salons politiques de Zghorta ne comprennent pas où veut en venir le Courant du futur. Que font Achraf Rifi et ses camarades? A chaque fois qu’ils perdent une bataille, leur folie augmente. Rien ne les arrête. Les héritiers de Rafic Hariri s’emploient à détruire le Liban pour revenir au pouvoir.
Après avoir établi des lignes de démarcation à l’intérieur de leurs propres zones d’influences populaires, terrorisé leurs opposants, encerclé les résidences des Premiers ministres à l’aide de sit-in et de «manifestations de la colère» salafistes, créé des fronts sunnites-chiites ici et là, dans la Békaa, au Liban-Sud et dans des endroits inimaginables, les voilà qu’ils mobilisent contre l’armée l’avant-midi, et montent les sunnites contre les chrétiens l’après-midi.
source: mediaramalb