Le gouvernement allemand a communiqué aux Américains son "étonnement" après les révélations sur leur programme d’espionnage. Hollande demande aux Etats-Unis que l’espionnage de l’UE "cesse immédiatement".
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a déclaré lundi à son homologue européenne Catherine Ashton que la recherche d'informations sur d'autres pays n'était "pas inhabituelle".
Rencontrant son homologue européenne Catherine Ashton, le chef de la diplomatie américaine a refusé de faire un commentaire direct sur la controverse suscitée par les informations d'espionnage par l'Agence nationale de sécurité (NSA), visant les institutions de l'UE et des millions de citoyens européens, selon des médias.
"Lady Ashton a en effet évoqué (la question, ndlr) avec moi aujourd'hui et nous avons convenu de rester en contact. J'ai accepté de chercher à découvrir exactement de quoi il s'agit et je lui ferai part de mes conclusions", a dit Kerry à la presse.
"Je dirai que chaque pays dans le monde qui est impliqué dans les affaires internationales, de sécurité nationale, exerce de nombreuses activités afin de protéger sa sécurité nationale et toutes sortes d'informations qui peuvent y contribuer", a-t-il ajouté.
"Tout ce que je sais, c'est que cela n'est pas inhabituel pour un grand nombre de pays".
Kerry s'entretenait avec Mme Ashton en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères d'Asie-Pacifique au Bruneï, un petit sultanat situé sur l'île de Bornéo, en pleine polémique sur l'espionnage américain.
Les USA doivent "rétablir la confiance", selon Berlin
Pour sa part, le gouvernement allemand a communiqué aux Américains son "étonnement" durant le week-end après les révélations sur leur programme d'espionnage, a déclaré lundi le porte-parole, de la chancelière Angela Merkel.
Steffen Seibert a ajouté que les Etats-Unis doivent "rétablir la confiance" avec leurs alliés européens. Et de poursuivre : "cette affaire devait faire l'objet d'éclaircissements".
L'ambassadeur des Etats-Unis à Berlin, Philip Murphy, a en outre été invité à une "discussion" par le ministère allemand des Affaires étrangères. M. Seibert a rejeté le terme de "convocation" pour cette rencontre qui pourrait avoir lieu lundi après-midi.
Interrogé sur un impact éventuel de l'affaire d'espionnage sur les négociations pour un traité de libre échange transatlantique, le porte-parole du gouvernement allemand a insisté sur le besoin de "confiance" entre les deux parties.
La NSA espionne des bâtiments officiels de l'UE
L'hebdomadaire allemand Der Spiegel a révélé dans son édition publiée dimanche que la NSA américaine espionnait des bâtiments officiels de l'Union européenne aux Etats-Unis, mais aussi à Bruxelles depuis de longues années.
Selon le Spiegel, le programme était constitué de micros installés dans le
bâtiment de l'UE à Washington, et d'une infiltration du réseau informatique qui
lui permettait de lire les courriers électroniques et les documents internes.
La représentation de l'UE à l'ONU était surveillée de la même manière.
Hollande demande aux Etats-Unis que l'espionnage de l'UE "cesse immédiatement"
De son côté, le président français François Hollande a demandé lundi aux Etats-Unis de cesser "immédiatement" leur espionnage de l'Union européenne en soulignant que la France ne pouvait "pas accepter ce type de comportement".
"Nous ne pouvons pas accepter ce type de comportement entre partenaires et alliés", a déclaré M. Hollande. "Nous demandons que cela cesse immédiatement",
a-t-il ajouté en marge d'un déplacement à Lorient (ouest), jugeant également que "les éléments sont déjà suffisamment réunis pour que nous demandions des explications".
Barroso demande un contrôle de la sécurité
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a demandé un contrôle de la sécurité de la Commission, après les allégations sur l'espionnage des institutions de l'UE par les Américains, a annoncé lundi sa porte-parole.
"Compte-tenu de ces allégations, le président Barroso a ordonné aux services compétents de la Commission de procéder à un contrôle complet de la sécurité", a déclaré Pia Ahrenkilde-Hansen lors d'un point de presse.
Pia Ahrenkilde-Hansen a répété la position de la Commission, demandant une "pleine clarification", de la "clarté" et de la "transparence" de la part des autorités américaines.
Le porte-parole d’Ashton minimise cet acte
Le porte-parole de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a indiqué que "les bureaux de l'UE à New York et à Washington avaient tous les deux déménagé depuis la date à laquelle remontent les allégations" d'espionnage.
"Nous avons un système de sécurité complètement nouveau", a ajouté Michael Mann, ajoutant que les accusations "font apparemment référence à une situation ancienne".
"Nous menons toujours des inspections de sécurité quand nous emménageons dans des nouveaux locaux et nous continuons à surveiller la sécurité en permanence", a-t-il ajouté.