La justice réintègre le procureur général démis par Morsi
La présidence égyptienne a rejeté mardi un ultimatum lancé par l'armée au président Mohamed Morsi contesté dans la rue, engageant une preuve de force avec les militaires alors que les défections se multiplient au sein du gouvernement.
Le ministre des Affaires étrangères, Mohammed Kamel Amr, a annoncé son départ dans la nuit, rejoignant quatre autres ministres, dont celui du Tourisme, démissionnaires depuis la veille. Kamel Amr est le plus important membre du cabinet à faire défection.
L'ultimatum pour que soient "satisfaites les revendications du peuple", qui vient à échéance mercredi, a été lancé lundi par le commandement militaire au lendemain de manifestations massives à travers tout le pays pour exiger le départ du président issu des Frères musulmans, élu il y a tout juste un an.
Affirmant que "l'Egypte ne permettra absolument aucun retour en arrière quelles que soient les circonstances", Morsi s'est posé en garant de la "réconciliation nationale" et de la "paix sociale", alors que l'armée avait déclaré la semaine dernière qu'elle ne laisserait pas le pays "plonger dans un tunnel sombre de conflit et de troubles".
Dans un message lu à la télévision, le commandement militaire avait quelques heures plus tôt indiqué que "si les revendications du peuple n'étaient pas satisfaites durant cette période" de 48 heures, les forces armées "annonceraient une feuille de route et des mesures pour superviser sa mise en oeuvre".
L'armée, dans un communiqué publié dans la nuit, a démenti préparer un "coup" assurant que la déclaration de son chef, le général Abdel Fattah al-Sissi, visait "à pousser tous les bords politiques à trouver une issue rapide à la crise actuelle".
Les déclarations de l'armée ont été accueillies par une explosion de joie par les manifestants anti-Morsi rassemblés place Tahrir au Caire, qui estiment que l'institution militaire est désormais de leur côté pour pousser le chef de l'Etat vers la sortie. "Morsi n'est plus notre président, Sissi avec nous", ont scandé les manifestants.
Après l'annonce de l'armée, des dizaines de milliers de manifestants enthousiastes ont défilé dans les rues du Caire, d'Alexandrie (nord) et d'autres grandes villes du pays.
La justice réintègre le procureur général démis par Morsi
La justice égyptienne a ordonné mardi la réintégration du procureur général limogé par le président Mohamed Morsi.
"La Cour d'appel rend une décision définitive de réintégration d'Abdel Méguid Mahmoud (au poste de) procureur général", a indiqué l'agence officielle Mena.
Mahmoud avait été nommé du temps du président déchu Hosni Moubarak.
Il était accusé par les militants de la révolte de 2011 d'être à l'origine de l'insuffisance des preuves présentées par le Parquet dans les procès des responsables de l'ancien régime.
Obama fait part de son « inquiétude » à Morsi
Le président américain Barack Obama a invité "toutes les parties à faire preuve de retenue", appelant Morsi pour lui faire part de son inquiétude. Obama "a souligné que la démocratie ne se limite pas aux élections.
Il s'agit aussi de faire en sorte que les voix de tous les Egyptiens soient entendues et représentées par leur gouvernement, y compris les nombreux Egyptiens qui manifestent à travers le pays", a précisé la Maison-Blanche.
L'ONU de son côté a appelé au dialogue, en soulignant que l'issue de cette nouvelle crise aurait un "impact important" sur l'évolution des autres pays de la région.
La grande institution islamique Al-Azhar, basée au Caire, a indiqué craindre "un nouveau bain de sang" et s'est inquiétée de l'infiltration d'hommes armés dans les rassemblements "pacifiques".