L’administration américaine serait-elle à court d’idées ?
Pour défendre ce que l’administration américaine considère être ses intérêts dans le monde, et surtout au Moyen orient, un expert en politique internationale conseille tout haut aux dirigeants américains ce qu’ils font tout bas parfois, et souvent ostensiblement.
Ainsi, Michael Doran qui occupe une chaire de senior au centre Saban pour le politique étrangère à l’institut think-tank Brookings en a appelé à réemprunter les tactiques du planificateur politique des années 40 du siècle, George Kennan. Politologue et historien américain, ce dernier avait mis au point le « Containment », lequel consistait en une série de mesures pour endiguer l’expansionnisme de l’Union soviétique.
Donan rappelle qu’il usait de tous les moyens visibles et invisibles pour faire face aux ennemis des Etats-Unis dans le monde.
« Ils consistaient en des alliances politiques, des mesures économiques, en passant par la propagande blanche, les opérations secrètes et le soutien clandestin à des éléments étrangers amis, sans oublier la guerre psychologique noire et l’incitation à une résistance souterraine dans les pays hostiles », précise-t-il.
Donan écrit aussi dans son article que pendant la guerre froide, les Etats-Unis ont mené une guerre politique à travers une variété de mécanismes. Et de les énumérer : « Ils ont secrètement financé des partis politiques non communistes en Europe et au Japon, ainsi que des magazines d’opinion comme Encounter, un journal anglo-américain qui a prospéré dans les années 50. Ils ont aussi créé des groupes à l’instar du Congrès de la liberté culturelle, auquel participaient des artistes et des intellectuels hostiles au communisme. Ils ont fourni un soutien financier et logistique aux dissidents antisoviétiques comme Lech Walesa et Alexandre Soljenitsyne. »
Donan assure que ce qui distingue la guerre politique du développement amorphe et ouvert et des programmes d'aide que les Etats-Unis enregistrent actuellement était l'accent mis sur la victoire d'une concurrence mondiale contre l'Union soviétique.
« Dans l'ère du plan Marshall par exemple, (le plan économique américain pour reconstruire l’Europe après la seconde guerre mondial) les États-Unis n'ont pas simplement contribué à développer d'une manière générale l'économie de l'Europe. Ils l’ont fait avec un œil qui veillait au renforcement des groupes spécifiques consacrés à l'affaiblissement de l'ennemi des États-Unis », illustre-t-il.
D’après lui, la guerre politique implique plus que jamais l'application du «soft power». « Mais il faut nous organiser de manière à l'appliquer contre des cibles spécifiques afin d'atteindre des objectifs clairement définis », ajoute-t-il. Estimant que le fait « d’influencer la circulation de l'information a donc été un élément clé de la guerre froide, la guerre politique ».
En plus de la guerre froide contre l’URSS, Doran cite la politique américaine en Afghanistan dans les années 80 du siècle dernier.
« Le gouvernement américain ne s’est pas contenté de son engagement en Afghanistan d'avoir les moudjahidines comme bras de la CIA. L'Agence défunte «US Information» a également diffusé des nouvelles au niveau mondial sur les atrocités soviétiques en Afghanistan (plus notoirement, l'utilisation de rumeurs sur des jouets qui explosent et mutilent les enfants) » rapporte le chroniqueur.
Selon lui, ce sont les rapports de violations des droits humains qui ont beaucoup contribué à saper la légitimité de l'Union soviétique et aidé à accélérer son effondrement.
S’agissant de la conjoncture actuelle, l’expert du Brookings estime que le président américain a très peu d'outils à sa disposition, autres que les déclarations du podium, qui lui permettent de diriger le flux d'informations d'une manière compétitive.
Il s’explique : « considérons, par exemple, l'intervention par le Hezbollah en Syrie aujourd'hui. Le nombre de combattants perdus dans ce conflit, la brutalité de leurs activités, et le coût pour le Trésor de l'Iran sont tous des éléments d'information - s'ils sont livrés aux bons destinataires au Moyen-Orient - pourraient aider les Etats-Unis à saper le moral des rivaux ».
A cet égard, Donan semble ignorer que l’administration de son pays n’a jamais cessé d’user conte le Hezbollah de toutes les tactiques précitées , avec un cout minimum de 500 millions de dollars, de l’aveu de l’ancien ambassadeur Jeffrey Feltmann. Et ce, sans pour autant avoir raison du parti de la Résistance.
Dans le chapo de son avis, il écrit: " Pourquoi les Etats-Unis ont besoin de saboter, saper, et d'exposer leurs ennemis au Moyen-Orient". Comme s'ils ont cessé un jour de le faire.
En puisant dans un passé qu'ils considèrent être victorieux , les Américains n'ont de cesse de se répéter et de commettre au passage des erreurs qui leur deviennent fatidiques. Or, comme pour toute superpuissance , ils ne s'en rendent pas compte, ou refusent tout juste de le faire. Arrogance oblige!