Morsi prêt à "donner sa vie" pour préserver sa "légitimité". 18 morts dans l’attaque d’un rassemblement pro-Morsi au Caire.
Le chef des forces armées égyptiennes a affirmé mercredi que les militaires étaient prêts à mourir pour défendre le peuple contre les "terroristes" et les extrémistes.
"Le commandant général des forces armées a indiqué qu'il était plus honorable pour nous de mourir que de voir le peuple égyptien terrorisé et menacé", a affirmé une page Facebook associée au Conseil suprême des forces armées dirigé par le général Abdel Fattah al-Sissi.
"Nous jurons devant Dieu que nous sacrifierons notre sang pour l'Egypte et son peuple, contre tous les (groupes) terroristes, extrémistes et ignorants", ajoute le texte intitulé "Les dernières heures", en citant le chef de l'armée.
Ce communiqué a été publié quelques heures après que M. Morsi a rejeté un ultimatum de 48 heures lancé lundi à 16H30 (14H30 GMT) par l'armée qui l'a appelé à répondre "aux revendications du peuple" mobilisé contre lui depuis dimanche.
Morsi prêt à "donner sa vie" pour préserver sa "légitimité"
Morsi a exclu mardi soir un départ anticipé, se déclarant prêt à "donner sa vie" pour préserver sa "légitimité" et appelant l'armée à retirer l'ultimatum, qui expire mercredi, pour qu'il se plie "aux revendications du peuple".
S'adressant à la télévision sur un ton combatif, le président islamiste a martelé qu'il "continuerait à assumer la responsabilité du pays", présentant sa "légitimité" comme "la seule garantie contre l'effusion de sang" et répondant ainsi implicitement à ceux qui estiment que son départ permettrait de résoudre les tensions qui secouent le pays.
Il a aussi mis en garde contre le "piège" d'une violence "sans fin", alors que les violences ont déjà fait 47 morts en une semaine de manifestations.
Peu avant sur son compte Twitter officiel, il avait appelé les forces armées à "retirer leur avertissement" et refusé tout "diktat", en référence à l'ultimatum militaire, assimilé par ses partisans à un coup de force pour le faire partir.
Ces déclarations ont été faites après avoir rencontré tout au long de la journée le ministre de la Défense et chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, qui fait figure d'homme fort face au président.
En cas d'échec de son ultimatum, l'armée a indiqué qu'elle établirait elle-même une "feuille de route" pour résoudre la crise, mais a assuré qu'elle ne voulait pas préparer un "coup".
Un groupe d'opposition accuse Morsi de "menacer son peuple"
Le mouvement Tamarrod (rébellion), à l'origine des manifestations anti-Morsi, a réagi en accusant le président de "menacer son peuple".
"Ce président menace son peuple", de ce fait, "nous considérons qu'il n'est plus président", a déclaré Mohamed Abdelaziz, dirigeant de Tamarrod (rébellion en arabe) à une télévision privée.
A l'issue de son discours, la foule réunie sur l'emblématique place Tahrir du Caire a scandé à l'adresse du président: "Dégage, dégage! On ne veut pas de toi. De toute façon, on ne te comprend pas!".
18 morts dans une attaque contre des partisans de Morsi
Dans la nuit, "18 personnes ont été tuées et 200 blessées", selon le ministère de la Santé, dans une attaque contre des partisans de M. Morsi au Caire.
"Des assaillants nous ont attaqués avec des armes à feu. J'ai moi-même porté un homme qui avait reçu une balle dans la tête", a rapporté l'un d'eux, Mostafa Abdelnasser, à l'AFP.
Ailleurs au Caire, sept personnes ont été tuées mardi lors de heurts entre pro et anti-Morsi dans le quartier de Guizeh (sud), selon des sources médicales. Des heurts ont également éclaté en périphérie du Caire et dans le nord du pays.
Pro et anti-Morsi ont à nouveau mobilisé mardi d'importantes foules au cours de démonstrations de force rivales, à la veille de l'expiration d'un ultimatum de l'armée au chef d'Etat.
Les partisans du chef de l'Etat insistent sur la "légitimité" du premier président démocratiquement élu de l'histoire du pays, et dénoncent une tentative de coup de force pour le démettre.