Les expertises des Frères de la Turquie ont été mises au service des Frères égyptiens, sur le plan de la propagande, du discours adopté ou encore des mesures à prendre pour renforcer leur contrôle du pouvoir.
Les dirigeants turcs, notamment le Premier ministre Recep Tayip Erdogan et le ministre des Affaires étrangères Ahmad Davutoglu observent avec un mutisme total les derniers développements sur la scène égyptienne, depuis le début de la révolution du « 30 juin » contre le régime des Frères musulmans.
Cette passivité contraste fortement avec les appels incessants d’Erdogan à l’ancien président Hosni Moubarak d’entendre la voix du peuple et de quitter le pouvoir.
Juste après la chute du régime de Moubarak, le président turc Abdallah Gul fut le premier président étranger à se rendre en Egypte. Son premier message a été adressé au conseil militaire égyptien lui demandant de remettre le pouvoir aux civils le plus vite possible.
Lorsque les forces politiques égyptiennes ont entamé les préparatifs aux élections parlementaires, puis présidentielles, le parti « Justice et développement » turc a affiché son soutien absolu au parti « liberté et justice » égyptien, la branche politique des Frères musulmans.
Les expertises des Frères de la Turquie ont été mises au service des Frères égyptiens, sur le plan de la propagande, du discours adopté ou encore des mesures à prendre pour renforcer leur contrôle du pouvoir.
Mais, lorsque les Egyptiens ont manifesté contre la décision constitutionnelle du président Mohammad Morsi de mettre sous son contrôle toutes les autorités du pays, les dirigeants turcs n’ont fait aucune réaction.
Aujourd’hui, et malgré les manifestations millionièmes qui appellent à la démission de Morsi, Erdogan, son ministre des Affaires étrangères, ou tout autre dirigeant turc, ne se sont pas exprimés sur l’affaire.
Certes, les appels officiels turcs se limiteront à exiger le respect des principes démocratiques et de la légitimité, afin de garantir la poursuite du régime de Morsi et des Frères musulmans.
En effet, les pouvoirs turc et égyptien adoptent la même politique face aux manifestations qui ravagent leurs pays. Le monopole des pouvoirs et le contrôle de toutes les institutions constituent la réponse des autorités aux deux intifadas populaires.
Cependant, même si le régime des Frères musulmans était maintenu, que ce soit en Turquie ou en Egypte, la mobilisation populaire contre eux a certes asséné un coup dur à leur légitimité.
La popularité du parti Justice et développement en Turquie a reculé de 50 à 44%, soit six points selon les derniers sondages effectués.
Au moment où les Frères musulmans turcs s’attendaient à profiter de la montée de leurs homologues en Egypte pour démontrer la réussite du modèle turc, ils ont été frappés par la révolte populaire en Egypte. C’est ainsi qu’après 10 ans au pouvoir, le modèle turc connait aujourd’hui le début de son déclin.
Dans les deux cas, le mois de mai constitue le début de la fracture du « croissant des Frères », dont le premier bout se trouve à Istanbul et le deuxième au Caire, selon les propos du roi jordanien Abdallah II.
Par Mohammad Noureddine
Traduit du journal AsSafir