"France, fasciste, hors de Bolivie !".
L'ambassade de France en Bolivie a été la cible de manifestations mercredi et le Parlement local souhaite l'expulsion de trois ambassadeurs européens après l'escale forcée la veille en Autriche de l'avion du président Evo Morales, qui s'est vu refuser l'accès à l'espace aérien de quatre pays européens.
Dans la matinée, à l'appel d'organisations proches du président Morales, une centaine de manifestants se sont rassemblées aux abords de la représentation diplomatique française, dans les beaux quartiers de La Paz.
Les manifestants ont brisé des vitres à coups de pierres avant de brûler des drapeaux français, a constaté un journaliste de l'AFP.
"France, fasciste, hors de Bolivie !", "France, l'indien (M. Morales) est le sauveur du monde !", scandaient des manifestants tandis que d'autres brandissaient des pancartes proclamant : "France hypocrite, France colonialiste".
Peu après, un député de la majorité a fait état de l'intention du Parlement de demander l'expulsion des ambassadeurs de France, d'Italie et du Portugal.
"Jeudi, nous allons solliciter la chancellerie pour qu'elle déclare personae non grata" ces trois ambassadeurs "par respect pour les Boliviens et plus que tout pour la vie d'un président", a déclaré Galo Bonifaz à un site internet d'information local, Oxigeno.
Mardi soir, le président Morales s'est vu contraint d'effectuer une escale forcée de 13 heures en Autriche après que quatre pays (les trois cités et l'Espagne) ont interdit à l'avion présidentiel bolivien de pénétrer dans leur espace aérien.
D'après la Bolivie, ces pays suspectaient la présence à bord de l'informaticien américain Edward Snowden, recherché par les Etats-Unis pour espionnage, ce que La Paz a démenti.
Au cours d'une conférence de presse à Vienne, M. Morales a évoqué "un quasi enlèvement", et son ministre des Affaires étrangères, David Choquehuanca, a accusé ces pays d'avoir mis la vie du président "en danger"
Le président a finalement pu décoller mercredi matin et effectuer une escale technique aux Canaries vers 15H00 GMT, avant de reprendre sa route vers la Bolivie.
L'Espagne avait annoncé dans la matinée qu'elle autorisait le survol de son territoire ainsi qu'une escale technique pour l'avion d'Evo Morales, de retour d'une visite à Moscou, où est réfugié M. Snowden, qui a demandé l'asile à une vingtaine de pays, dont la Bolivie.
Le président français Hollande a justifié mercredi depuis Berlin le refus de son pays par "des informations contradictoires sur les passagers qui étaient à bord" mais dès "que j'ai su que c'était l'avion du président bolivien, j'ai donné immédiatement l'autorisation de survol" du territoire français, a-t-il ajouté.