26-11-2024 06:17 PM Jerusalem Timing

Takfiris : tuer avec la religion pour des raisons politiques

Takfiris : tuer avec la religion pour des raisons politiques

Une conférence de religieux au Liban pour faire face aux takfiris (abjurateurs) des musulmans et dévoiler leurs véritables intentions.

« La mansuétude de l’Islam et la sédition de l’apostasie » a été le thème central de la conférence réalisée mardi et mercredi dernier à Beyrouth, et à laquelle a participé un parterre d’éminents ulémas venus de plus de 20 pays, dont le Liban, la Syrie, l’Iran, l’Egypte, la Jordanie, l’Irak, l’Arabie saoudite, la Malaisie, l’Afghanistan, la Tunisie, l’Indonésie, la cote d’Ivoire,...
 

L’ensemble des religieux présents étaient d’accord pour assurer que les véritables raisons derrière cette vague d’apostasie, accompagnée de tueries contre les Musulmans,  sont d’ordre politique et n’ont rien à voir avec la religion.

Après les discours d’ouverture prononcés en présence du représentant du chef du parlement libanais cheikh Hassan AlMasri, du mufti de la Confédération russe Albert Karganov,  de l’ambassadeur iranien Dr. Ghadanfar Roukn Abadi, et de l’ambassadeur syrien D. Abdel karim Ali, la parole a été donné aux invités.

 

La rencontre a été aussi l'occasion pour rendre hommage à l'éminent religieux syrien, cheikh Mohammad-Ramadane AlBouti, qui a ete tué ainsi qe son petit-fils le mois de mars dernier, dans la mosquée où il prêchait d'habitude. C'est son fils, également un religieux, qui a été le premier à s'exprimer.

  

Cheikh Bouti : des raisons politiques

Cheikh Mohammad-Tawfik BalloutSelon cheikh Mohammad Toufik AlBouti, « toutes les fatwas (décrets religieux) décrétées ces derniers temps pour apostasier les autres et les tuer ne se basent sur aucune assise législative (islamique), mais sont rédigées pour des raisons politiques ».
Et de conclure que « le fait d’en appeler à tuer les Musulmans est quelque chose de très dangereux et son auteur n’en échappera pas, d'autant plus que son jugement devant Dieu le sera encore plus ».

Cheikh Abdallah : une guerre contre l’Islam

Cheikh Hassan AbdallahQuant au président du bureau exécutif de l’Union des Ulémas du Levant (UUL) cheikh Hassan AlAbdallah, il considère que cette affaire est «  une guerre contre l’Islam et non seulement entre les Musulmans ».

«  Notre unité est profondément éprouvée », a-t-il indiqué, mettant en garde contre l’existence de chambres noires qui gèrent cette zizanie à travers des chaines satellitaires et auxquelles participent aussi bien des religieux sunnites que chiites.

Cheikh Abdallah a également fustigé ceux qui décrètent « des fatwas de répudiation contre les autres musulmans, mais jamais contre les sionistes ».
Et de conseiller aux religieux d’être particulièrement attentifs à ce danger et d’œuvrer pour communiquer entre eux et mettre au point une stratégie unitaire qui met l’accent sur l’unité entre les Musulmans »

Cheikh Hilali : Un Hezbollah sunnite

Cheikh AlHilaliParmi les intervenants de cette rencontre figurait l’ex-mufti d’Australie cheikh Tajeddine Al-Hilali. Il s’en est pris à ce qu’il a qualifié être la « sédition aveugle causée par certains religieux ».

«  L’Islam est beaucoup plus important que de déclarer la guerre contre les visiteurs des tombes, et de se permettre d’être entretenu par les gens des palais», a-t-il averti, mettant en garde contre le fait d’agir au service des intérêts politiques des rois et princes.

« Les jeunes piégés ne doivent pas se mettre au service des autres. Au contraire, iles devraient œuvrer pour former l’armée de la Palestine et rassembler toutes les potentialités pour libérer Jérusalem..."

"Il faut former un Hezbollah résistant sunnite pour la libération de la Palestine », a-t-il recommandé.

Cheikh Taskhiri : l’apostasie contraire à la liberté

Cheikh TaskhiriQuant  au célèbre religieux iranien connu pour avoir dirigé pendant des décennies l’organisme de rapprochement entre les écoles islamiques, cheikh Mohammad-Ali AlTaskhiri, il a prononcé son allocution au nom de la République islamique d’Iran. Mettant en exergue la nécessité d’éviter de créer « des sociétés dictatoriales » et d’éduquer les jeunes sur une prise de conscience de l’unité en même temps que la foi.

«  la notion de l’Unité est l’inverse de celle de la répudiation (takfir) . Cette dernière est de même contraire à l’esprit de la liberté, celle de la jurisprudence entre autre, et à la notion de la tolérance et de l’amour ».

Il a particulièrement pris à part tous ceux qui incitent les jeunes à se rendre en Syrie, sous prétexte d’y accomplir le jihad, et estimé qu’ils sont leur partenaire dans les tueries et les destructions qui y sont perpétrés.

Le président de l’organisme de décret sunnite en Irak cheikh Mehdi Ben-Ahmad AlSoumaydi a également eu son mot dire, dans lequel il a mis sur le même pied  le takfir (apostasie) et destruction dans le sens et étymologiquement dans le mot».

Cheikh Kassem : les takfiris, une image sauvage 

Quant au vice-secrétaire général du Hezbollah cheikh Naïm Kassem, il s’est interrogé dans son allocution avec sarcasme sur la partie qui a mandaté ces takfiris (abjurateurs) pour être les maitres de la nation, et s’immiscer dans les thèmes de divergences sur les Ordres Divins.

«  Qui donc les a chargés de juger les gens et de décider qui d’entre eux entrera au paradis et celui qui ira en enfer », s’est-il questionné.

Selon lui, l’image de ces takfiris n’est pas du tout en harmonie avec celle de l’Islam. «  cette image sauvage qui voudrait imposer par la force une certaine interprétation de l’islam, et voudrait tuer tous ceux qui s’en démarquent, elle est tout à fait étrangère à l’Islam », a-t-il indiqué, rappelant qu’il existe en Islam des règles à observer même pendant le guerre : «  on ne doit jamais éliminer un blessé, ni traquer ceux qui fuient la bataille, par signe d’honneur. Oui des moudjahidines de nos temps ont bel et bien illustré ces règles, et donné un exemple édifiant qui reflètent les prescriptions de notre religion ».

Cheikh Kassem taxe le takfirisme de projet absurde sans perspective, qui ne fait que diffuser de la haine autour de lui, et qui constitue une déviance éducative inadmissible dans nos pays.

«  Au lieu d’affronter les ennemis de la nation, ces takfiris tuent la nation, pour faciliter à ses ennemis de la contrôler », a-t-il dit accusant ces takfiris de se plier à volonté de puissances internationales sournoises, qui voudraient éliminer le rôle résistant de la Syrie.

«  Tout le monde sait que ce qui se passe en Syrie est une destruction méthodique supervisée par des parties internationales, régionales et locales en même temps, dans le but est de priver les générations de leur avenir et de les asservir au profit d’Israël »  
 «  La sédition confessionnelle et l’abjuration sont les deux faces d’une même monnaie. Elle fait partie du projet américano-israélien », a-t-il conclu.

Son éminence estime que la situation au Liban est aussi victime de ces tentations d’y faire sévir la sédition pour laquelle certains travaillent nuit et jours.

Cheikh Kassem: Oui, le Hezbollah est le problème

« Nous avons entendu dire hier le vice-secrétaire d’Etat américain William Burns que  c’est le Hezbollah qui est le problème, et sans tarder les vassaux des USA se sont mis à répéter derrière lui. Oui c’est très vraie : le Hezbollah est le problème pour Israël, pour les USA et pour le takfiris, cette troïka de la corruption dans le monde »

Cheikh Kassem a demandé : « constatez donc la grande différence entre l’image affichée par nos combattants et celle exposée par les takfiris ? Celle des résistants s’apparente à la libération, la dignité, l’unité, et  l’harmonie, à la foi unifiée, et la position consolidée face aux défis.... Alors que celle des takfiris est collée aux tueries, à la laideur et aux destructions, et à la généralisation de la dévastation, sans oublier celle de s’être mis au service d’Israël et des Etats-Unis ».

Et de poursuivre : «  franchement parlant, depuis 10, 20, ou 30 ans, je n’ai jamais entendu parler d’une discussion sunnite-chiite dans le monde et qui ait causé des divergences. Les seules divergences qui nous voyons sont celles liées à la position à prendre sur la résistance et Israël. Ainsi, à la lumière de cette divergence, il y a des sunnites et des chiites qui adoptent les mêmes positions hostiles à Israël, et d’autres sunnites et chiites aussi qui soutiennent le projet adverse. Le conflit est politique par excellence et non religieux.

S’adressant à ce courant takfiri, cheikh Kassem leur dit: «  en tout cas, nous voyons votre échec jour après jour. Nous percevons votre dépression, nous savons que vous ne faites que sévir sur terre, en raison de votre amertume... Si vous voulez rencontrer le prophète, comme vous pensez le faire en commettant vos tueries contre la nation, nous pouvons vous aider à le faire en dirigeant votre lutte contre Israël, pour y tomber en martyre, et obtenir de la sorte la dignité de la vie ici-bas et celle de l’au-delà, au lieu de ne récolter que la malédiction sur Terre et au Ciel ».

Cheikh Kassem: les takfiris, partie du projet américano-sioniste

Et cheikh Kassem de conclure : «  ostensiblement, la sédition confessionnelle et celle takfirie ne sont que les deux faces d’une seule monnaie, elles sont une partie intégrante du projet américano-sioniste. Les USA et Israël vivent de nos jours sur la zizanie, après la fermeture des toutes les portes en face d’eux ».

Il a toutefois déclaré d’un ton rassurant : «  Mais tant qu’ils (les takfiris) affrontent les Hommes de Dieu, lesquels sont sur le qui-vive et ne quittent jamais le terrain de bataille, et respectent la Volonté de Dieu, chaque fois qu’ils pointeront  vers nos poitrine les flêches de leur sédition, nous ajusterons la boussole vers le vrai ennemi, pour le dévoiler et les dévoiler en même temps, et pour réaliser une nouvelle victoire, Inchallah ».

Cheikh Hassoune : les mêmes divergences depuis les tous débuts

Cheikh Badreddine HassouneParmi les discours importants qui ont aussi été prononcés en ce premier jour de la conférence, a été celui du mufti syrien cheikh Ahmad Badreddine Hassoune. Lequel lui aussi a perdu l’un de ses fils, tué au début de la crise syrienne par les miliciens de l’insurrection en Syrie.

S’appuyant sur l’histoire des Musulmans, il a tenu à remarquer que les conquêtes ont cessé lorsque les zizanies ont commencé à sévir,  surtout après l’assassinat des premiers califes.
« C’est à ce moment-là que le califat s’est mué en monarchie, et qu’il s’est plié au service de la politique », résume-t-il.

Sur l’histoire moderne, il retient comment les puissances internationales ont tout fait pour faire perdre aux Arabes la guerre contre Israël de 1973, en disloquant leurs unité.

Il reprend la même perception pour la guerre irako-iranienne, déclenchée par l’Irak après la victoire de la révolution islamique en Iran, sur l’instigation de ces puissance, dans le même but, diviser les Musulmans entre eux.

« Et maintenant, ils complotent contre la Syrie parce qu’elle est la protectrice de la Résistance en Palestine et au Liban et la guerre qui lui est menée vise avant tout son armée » poursuit-il.

Cheikh Hassoune s’est engagé à révéler un jour l’identité de ceux qui avaient demandé au président syrien Bachar Al Assad de renoncer à la résistance en échange de la cessation des hostilités. Avant de conclure : «  c’est toujours la Palestine qui est la cible de toutes les zizanies et séditions soulevées »

Cheikh Katmato : les perdants: l’Islam et la Palestine

Justement, s’agissant de la Palestine, c’est le religieux palestinien, cheikh Abdallah Katmato qui a été chargé de parler au nom de ses homologues. Lui aussi est tout à fait d’accord que l’abjuration qui se fait de nos jours est d’ordre politique et non religieux, ni de jurisprudence.

Assurant que le seul perdant réel dans cette bataille illusoire et fabriquée ne sera autre que l’Islam et la Palestine, il a appelées à ne pas se contenter de solutions incomplètes car elles ne feront que stimuler encore plus les divisions. Avant de conclure : «  l’unité de la nation nous permettra de prier à AlQuds, avec Sayed Ali Khamenei et cheikh Ahmad Hassoune et tous les autres vrais moudjahidines ».