Affrontements entre pro et anti Morsi: trois morts au Caire et deux soldats tués au Sinaï.
Le chef des Frères musulmans a assuré vendredi que les partisans du président déchu Mohamed Morsi resteraient mobilisés dans la rue par "millions" pour exiger son retour au pouvoir, défiant ouvertement l'armée qui l'a évincé.
Des dizaines de milliers de manifestants pro-Morsi sont descendus dans la rue pour un "vendredi du refus" du "coup d'Etat militaire" et "l'Etat policier", tandis que sur l'emblématique place Tahrir, des milliers d'anti-Morsi étaient rassemblés vendredi soir, de nombreux manifestants agitant des drapeaux égyptiens.
"Nous resterons dans les rues par millions jusqu'à ce que nous portions en triomphe notre président élu", a lancé Le plus haut responsable des Frères musulmans, Mohamed Badie, apparaissant devant un rassemblement de pro-Morsi au Caire alors que les services de sécurité avaient annoncé son arrestation.
"Le coup d'Etat militaire n'est pas valide", a-t-il insisté, un slogan repris par une foule d'islamistes.
"Je dis à notre grande armée (...): ne tire pas sur ton peuple", a-t-il poursuivi. Peu auparavant, trois manifestants pro-Morsi ont été tués, selon le ministère de la Santé, lors d'échange de tirs avec l'armée devant la Garde républicaine.
"Nous avons déjà vécu sous un régime militaire et nous ne l'accepterons pas une nouvelle fois", a-t-il prévenu, faisant référence à l'intérim controversé assuré par l'armée entre la chute de Hosni Moubarak en février 2011 et l'élection de M. Morsi en juin 2012.
Pendant son discours, des hélicoptères militaires survolaient la foule à basse altitude.
En fin d'aprés midi, la tension est montée d'un cran!
Au Caire, au moins trois personnes ont été tuées dans des échanges de tirs entre partisans du président déchu et soldats devant la Garde républicaine.
Partis d'une mosquée de Nasr City, un faubourg du Caire, des milliers de manifestants islamistes ont scandé "Mohamed Morsi est notre président" et "Traîtres!" devant la Garde républicaine située non loin du palais présidentiel.
Le cortège passait ainsi à proximité de la place Tahrir où étaient rassemblés des milliers de manifestants hostiles au président déchu renversé mercredi soir par l'armée, faisant craindre de nouveaux affrontements.
Les islamistes ont lancé un "vendredi du refus" du "coup d'Etat militaire" et de "l'Etat policier" qui a arrêté de nombreux dirigeants des Frères musulmans, la confrérie dont est issu M. Morsi, lui-même toujours détenu par l'armée.
Ils ont ensuite essayé d'accrocher sur les barbelés entourant le bâtiment une photo de l'ex-chef d'Etat, toujours détenu par l'armée, bravant à deux reprises les avertissements des soldats, avant que les tirs n'éclatent.
A l'heure où a été rédigé ce rapport des milliers de partisans de Morsi, se dirigeaient vers le bâtiment de la télévision d'Etat, selon des médias locaux.
Le camp adverse a réagi en appelant à des manifestations massives pour "défendre la révolution du 30 juin", allusion à la journée ayant vu les plus importantes manifestations contre le président déchu.
Violences au Sinaï
Parallèlement, de nouvelles violences ont éclaté dans la péninsule du Sinaï (nord), où deux policiers et un soldat ont été tués dans des attaques de militants islamistes.
Les deux policiers ont été tués par des hommes armés , peu après la mort plus tôt dans la journée d'un soldat dans cette région instable, frontalière avec Gaza et l'entité sioniste, a-t-on appris auprès des services de sécurité.
Des hommes armés circulant à moto ont tiré sur les policiers en faction devant un bâtiment officiel dans la ville de El-Arich, tuant deux d'entre-eux, avant de prendre la fuite.
Vendredi au premières heures de la matinée un soldat égyptien a été tué dans des attaques simultanées de militants islamistes qui ont tiré à la roquette et à la mitrailleuse sur des postes de police et militaire de cette région, selon une source médicale.
Deux soldats ont également été blessés dans l'attaque d'un point de contrôle de l'armée à al-Gura, dans le nord de la péninsule.
Un poste de police et un bâtiment des renseignements militaires dans la ville de Rafah, frontalière avec la bande de Gaza, ont par ailleurs été attaqués à la roquette, ont ajouté des sources de sécurité.
Plusieurs islamistes ont publiquement menacé de commettre des violences en représailles à l'éviction du pouvoir du président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, mercredi après des manifestations massives contre lui et un ultimatum de l'armée, qui le garde en détention. Ces attaques n'ont toutefois pas été revendiquées.
Les autorités égyptiennes ont fermé dans la journée le point de passage de Rafah, en raison de ces attaques.
"La partie égyptienne nous a informés officiellement que le point de passage de Rafah était fermé jusqu'à nouvel ordre en raison de la situation du côté égyptien de Rafah et à Cheikh Zouaid", une autre ville du Sinaï, a indiqué le ministère de l'Intérieur du gouvernement du Hamas, au pouvoir à Gaza, dans un communiqué.
Des sources de sécurité égyptiennes ont affirmé que le terminal avait été fermé pour une période indéterminée.