La transition est compromise
Une semaine après le début de la révolte contre le pouvoir des Frères musulmans, marquée par des manifestations qui ont rassemblée des millions de personnes le 30 juin, l’Egypte est en train de sombrer dans la violence. Pendant ce temps, le processus de transition politique a du mal à démarrer.
Lundi à l’aube, de violents affrontements entre l’armée et les partisans des Frères musulmans, face au Quartier général de la Garde républicaine, ont fait une cinquantaine de morts et des dizaines de blessés dans les rangs des islamistes, un mort et de nombreux blessés du côté des militaires.
Une grande confusion entoure les circonstances de ces affrontements. L'armée égyptienne a expliqué que des «terroristes armés» avaient attaqué le siège de la Garde républicaine, ou serait détenu Mohammad Morsi, selon un communiqué cité par le quotidien officiel Al-Ahram.
«A l'aube, un groupe de terroristes armés a essayé d'envahir le bâtiment de la Garde républicaine, attaquant les soldats et la police, provoquant la mort d'un officier et blessant plusieurs conscrits, dont six sont dans un état critique», a assuré le texte de l’armée égyptienne.
Après ces affrontements, les Frères musulmans ont appelé, dans une déclaration, à un «soulèvement». Le parti de la justice et de la liberté (PLJ), vitrine politique des «Frères», a invité «le grand peuple d’Egypte au soulèvement contre ceux qui sont en train d'essayer de lui voler sa révolution avec des chars».
Le guide suprême des Frères musulmans, Mohammad Badie, a pour sa part accusé le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, d'entraîner le pays dans une guerre civile comparable à celle qui ravage la Syrie depuis plus de deux ans. Dans un communiqué diffusé sur Facebook, Badie dénonce le «terrible crime» commis près de la caserne de la Garde républicaine.
La décision des Frères musulmans de recourir à la violence semble se confirmer de jour en jour. L'agence officielle Mena, citant un haut responsable de l'armée, a rapporté que deux soldats égyptiens ont été «capturés» lundi par des partisans armés du président déchu. Les deux soldats, Samir Abdallah Ali et Azzam Hazem Ali, ont été embarqués dans une voiture et contraints de prononcer une déclaration en faveur de M. Morsi et hostile à l'armée dans des haut-parleurs. Ils ont ensuite réussi à échapper à leurs ravisseurs.
Par ailleurs, le siège des Frères musulmans a été fermé sur décision des autorités égyptiennes après la découverte d'armes lundi, selon un haut responsable de la sécurité. «La police a trouvé des liquides inflammables, des couteaux et des armes» dans les locaux du parti de la justice et de la liberté.
Le Mouvement «Tamarrod», à l’origine des manifestations monstres anti-Morsi, qui ont encore rassemblé, dimanche, des centaines de milliers de personnes, a appelé à la dissolution du parti des Frères musulmans.
Médiarama