Interrogation de 650 personnes sur les violences de lundi. Assistance de 3 milliards de dollars des Emirats à l’Egypte. L’Arabie annonce l’octroi d’une aide de 5 milliards de dollars à l’Egypte.
L'économiste Hazem al-Beblawi a été chargé mardi de diriger le gouvernement de transition en Egypte, six jours après la déposition par l'armée du président Mohamed Morsi, qui a déclenché des violences meurtrières à travers le pays.
Mohamed ElBaradei, devient pour sa part vice-président en charge des relations internationales, a annoncé le porte-parole de la présidence, Ahmed al-Muslimani.
Ces annonces sont survenues alors que les Frères musulmans enterraient mardi les dizaines de manifestants tués la veille lors d'un rassemblement de soutien à M. Morsi au Caire. Si les Frères ont appelé au "soulèvement" après ce "massacre", aucun incident n'a été rapporté pour le moment.
Le nouveau gouvernement a été annoncé dans l'après-midi, après plusieurs jours de négociations.
Le principal parti salafiste, al-Nour (soutenu par l’Arabie), qui a soutenu le coup d'Etat militaire, avait annoncé lundi son retrait de ces discussions après les violences du Caire qu'il avait lui aussi qualifié de "massacre".
Il s'était auparavant opposé à la nomination de M. ElBaradei et avait émis des réserves sur le choix d'un économiste de centre-gauche, Ziad Bahaa Eldin.
Les Frères rejettent la constitution
Entre-temps, le président par intérim, Adly Mansour, a émis dans la nuit de lundi à mardi une déclaration constitutionnelle prévoyant l'organisation d'élections législatives d'ici début 2014. Elle stipule également qu'une Constitution amendée sera soumise à référendum, avant l'annonce d'une élection présidentielle.
Les Frères musulmans ont rejeté cette déclaration: "Un décret constitutionnel par un homme nommé par des putschistes... ramène le pays à la case départ", a commenté un de leurs responsables, Essam al-Erian, sur son compte Facebook.
Tamarrod juge "dictatoriale" la Constitution provisoire
Le groupe Tamarrod, à l'origine de la contestation contre M. Morsi, a exprimé de son côté des réserves sur le nouveau cadre institutionnel et déclaré préparer avec des experts une série d'améliorations.
"Il est impossible de l'accepter car elle prépare une nouvelle dictature", a déclaré le groupe sur Twitter, en référence au cadre institutionnel provisoire qui doit mener à des élections législatives d'ici début 2014.
Selon Tamarrod, mouvement issu de la société civile qui avait été à l'origine de manifestations anti-Morsi géantes du 30 juin, ce canevas accorde trop de pouvoirs au président par intérim et constitue "un revers pour la révolution".
Le groupe a en conséquence fait part de son intention de présenter ses propres amendements à la Constitution.
Funérailles sous haute tension
Dans le même temps, des funérailles des victimes de lundi au Caire étaient prévues à travers le pays, dans un climat d'extrême tension prévalant depuis la destitution par l'armée le 3 juillet de M. Morsi, trois jours après des manifestations monstres d'opposition.
Les violences survenues lundi matin lors d'une manifestation pro-Morsi devant le siège de la Garde républicaine au Caire ont fait au moins 51 morts et 435 blessés, selon les services d'urgences.
Les Frères musulmans ont publié une liste de ses 42 partisans tués, tandis que la police et l'armée ont fait état de trois morts dans leurs rangs.
M. Mansour a ordonné l'ouverture d'une enquête.
Selon les Frères musulmans, des soldats et des policiers ont ouvert le feu sans raison contre les manifestants. Leur bras politique, le parti de la liberté et de la justice (PLJ), a appelé au "soulèvement" et mis en garde contre "l'apparition d'une nouvelle Syrie".
L'armée a pour sa part déclaré avoir répliqué après une attaque de "terroristes armés" contre le siège de la Garde républicaine.
Interrogation de 650 personnes
Mardi, une source judiciaire a indiqué que quelque 650 personnes soupçonnées d'avoir voulu entrer de force dans le bâtiment de la Garde républicaine étaient interrogées.
"Cela n'était pas une manifestation pacifique", les partisans de M. Morsi ont utilisé "des mitraillettes et des pistolets", a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr Abdelatty.
Dès lundi, les autorités ont décidé de fermer le siège du PLJ au Caire en raison de la découverte "de liquides inflammables, de couteaux et d'armes", selon un haut responsable de sécurité.
Les capitales mondiales ont manifesté leur vive inquiétude après les dernières effusions de sang, alors qu'en moins d'une semaine les heurts à travers le pays ont fait une centaine de morts.
Assistance de 3 milliards de dollars des Emirats à l'Egypte
Cependant l’ennemi juré des Frères, les Emirats arabes unis, qui ont accueilli favorablement la mise à l'écart du président Morsi, ont annoncé mardi une assistance de trois milliards de dollars aux nouvelles autorités du Caire.
Cette assistance prendra la forme d'un don d'un milliard de dollars et d'un dépôt, sans intérêt de deux milliards de dollars à la Banque centrale égyptienne, a précisé l'agence officielle Wam.
L'annonce de cette assistance a été faite par le conseiller à la sécurité nationale des Emirats, cheikh Hazaa ben Zayed Al-Nahyane, à l'issue d'une rencontre au Caire avec le président par intérim Adly Mansour, selon l'agence.
Le responsable émirati s'est rendu au Caire à la tête d'une importante délégation comprenant le ministre des Affaires étrangères, cheikh Abdallah ben Zayed Al-Nahyane, la ministre du Développement et de la coopération internationale, Loubna al-Qassimi, le ministre d'Etat aux Finances, Abid Tayer et de celui de l'Energie, Souheil Mazroui.
Cheikh Hazaa a renouvelé à l'occasion les félicitations des dirigeants des Emirats à M. Mansour, en affirmant la solidité des relations entre les deux pays et sa conviction qu'elles allaient se développer, selon l'agence.
Le Qatar, principal soutien des Frères musulmans, a été le principal pourvoyeur de fonds de l'administration Morsi.
Ce riche pays gazier avait annoncé le 10 avril 2013 son intention d'acheter des obligations égyptiennes pour trois milliards de dollars qui allaient s'ajouter à une assistance financière de 5 milliards de dollars.
L'Arabie saoudite annonce l'octroi d'une aide de 5 milliards de dollars à l'Egypte
L'Arabie saoudite a annoncé mardi l'octroi d'une aide de 5 milliards de dollars à l'Egypte pour soutenir l'économie de ce pays, six jours après la destitution de Morsi.
Selon l'agence officielle Spa, l'aide, décidée par le roi Abdallah, consiste en un dépôt, sans intérêt, de deux milliards de dollars à la Banque centrale d'Egypte, un don d'un milliard de dollars et l'équivalent de deux milliards en produits pétroliers et gaziers.
Cette annonce porte à 8 milliards de dollars l'ensemble des aides annoncées
mardi par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis à l'Egypte.
Le ministre saoudien des Finances, Ibrahim al-Assaf, cité par l'agence Spa,
a précisé que l'aide de Ryad était destinée à "soutenir l'économie de l'Egypte
face aux défis que rencontre ce pays".
L'Arabie saoudite a favorablement accueilli la destitution la semaine
dernière de M. Morsi et le roi Abdallah a été le premier chef d'Etat étranger à
féliciter le président par intérim Adly Mansour quelques heures après sa
nomination.