24-11-2024 07:51 PM Jerusalem Timing

«Le Qatar sera tôt ou tard visé par la vague de réformes…»

«Le Qatar sera tôt ou tard visé par la vague de réformes…»

Selon le journaliste Georges Mabrunot, le Qatar n’est pas à l’écart des révoltes populaires..


Dans son dernier article intitulé «Le Qatar prend à contre-pied le printemps arabe» et publié dans le quotidien Le Figaro, Georges Malbrunot  estime que contrairement aux apparences, le Qatar n’est pas à l’écart des révoltes populaires !


« Et si le 16 mars, un début de manifestation annoncée sur Facebook n'a pas rassemblé la moindre âme rebelle dans les rues de Doha », écrit Malbrunot, il n’empêche que « le Qatar sera tôt ou tard visé par la vague de réformes que nous constatons chez nos voisins au Yémen ou à Bahreïn», prévient l'universitaire Mohammed al-Misser.

Or, selon l’auteur  la quête de changement est très particulière dans ce pays : elle est exprimée par quelques tribus écartées du partage de la rente ou instrumentalisées par le frère ennemi saoudien, qui réclament davantage de conservatisme et une pause dans la course effrénée au modernisme.

«Franchement, nous n'avions pas besoin d'organiser la Coupe du monde», critique à demi-mot Hassan al-Ansari, le rédacteur en chef de Qatar Tribune. La perspective de voir des milliers de hooligans débarquer sur la terre wahhabite une bouteille de bière à la main en heurte déjà plus d'un.

«Pourquoi dépenser 55 milliards de dollars pour des installations qui seront démontées au bout d'un mois?», renchérit un autre officiel. De nombreux Qatariens s'interrogent également sur la frénésie d'investissements à l'étranger.
«Pourquoi la Fondation du Qatar doit-elle dépenser 100 millions d'euros pour faire sa publicité sur les maillots du FC Barcelone?», se demande Mohsen Marzouk, à la tête d'un centre de recherches.

Créée par la très dynamique épouse de l'émir, cheikha Moza, la Fondation du Qatar est la cible de critiques des franges conservatrices de la société, notamment pour le rôle que le think-tank américain, Rand Corporation, a voulu y jouer.
«La Rand avait mis la haute main sur l'éducation, en hissant l'anglais au même plan que l'arabe et en reléguant la religion dans les programmes», ajoute Mohsen Marzouk. Comprenant le danger, l'émir a mis un terme à l'entrisme de la Rand. Et la cheikha a été priée de se faire plus discrète.

Toujours selon Georges Malbrunot,  les habitants n'ont rien à se mettre sous la dent quand ils regardent la chaîne qatarienne, muette sur l'actualité locale. Pourtant, «nous avons aussi des demandes politiques, affirme le professeur al-Misser. Les gens veulent un Parlement élu, et que les élections municipales promises aient bien lieu», ajoute-il. Pour l'instant, seul un Majlis al-Shoura existe, mais les membres de cette assemblée sont désignés par le pouvoir et ils n'ont qu'un rôle consultatif.

Et de poursuivre : « Pour ce pays en pointe dans le règlement des crises régionales (Liban, Yémen), le danger proviendrait plutôt des tensions, qui se font jour au sein de la famille dirigeante. Après une première alerte à l'été 2009, début mars, une pétition a circulé sur Internet, émanant de certains exclus du pouvoir et demandant une lutte accrue contre la corruption ».

Plus grave, un dimanche matin, des officiers de l'armée auraient tenté de se diriger vers le Palais de l'émir. «Ce n'était pas une tentative de coup d'État, mais il y a eu un petit quelque chose», nous confirme un homme d'affaires qui a ses entrées au Palais. «Il faut qu'ils se méfient, ajoute-t-il. Quand on a trop d'argent, cela suscite des appétits.»


Rappelons que  l'actuel émir a démis son père en 1996, un an avant que ce dernier ne cherche, en vain, à reconquérir le trône.