Appuyé par son gouvernement et les médias alliés au régime, Erdogan a dénoncé des complots qui ont dépassé parfois les limites de l’imagination.
Il est hors de question, pour le régime turc, que le
peuple turc descende dans les rues pour protester contre les politiques du
gouvernement de Recep Tayib Erdogan. Pour cette raison, Erdogan et les autres responsables
du parti au pouvoir ont immédiatement lié les dernières manifestations à « un
complot global tramé contre la Turquie et son Premier ministre ! ». C’est
ainsi que depuis le début du mouvement de protestation il y a un mois et demi,
Erdogan est devenu « le sultan des complots » à force de s’imaginer
des ennemis fictifs qui cherchent à renverser son régime.
Appuyé par son gouvernement et les médias alliés au
régime, Erdogan a dénoncé des complots qui ont dépassé parfois les limites de l’imagination.
Et pour couronner les efforts de l’un des promoteurs de ces complots, Erdogan a
nommé dernièrement le journaliste Yigit Bulut comme l’un de ses principaux
conseillers. Bulut est le rédacteur en chef de la chaine de télévision turque
TV24 et un ancien présentateur. Il a acquis une grande réputation au début du
mouvement des protestations. En effet, Bulut est le premier promoteur de la
théorie du « lobby des taux d’intérêts » et d’autres idées qui ont diabolisé les
manifestations anti-Erdogan.
“Nous devons arrêter le lobby des taux d’intérêts parce que ceux-ci ne veulent pas une Turquie développée
et prospère », avait dit le Premier ministre turc dès son arrivée à l’aéroport
au début des manifestations à Istanbul. Erdogan a reparlé de ce lobby présumé
dans des séances parlementaires et dans plusieurs discours suivants, accusant
les manifestants d’exécuter ses ordres !
Les médias proches du régime
ont pris à leur charge d’expliquer la nature du lobby précité, ses dirigeants
et ses dangers sur la Turquie. Il s’agit d’un lobby « dirigé par des investisseurs
juifs avec l’implication des deux organisations Opus Dei et Illuminati et la contribution
des médias qui leur sont affiliés. Ce lobby cherche à détruire l’économie
turque en manipulant le marché des intérêts monétaires ».
Des analystes turcs ont qualifié
cette théorie d’ «hérésie » parce que tout y est illogique, tant sur
le rôle commun de ces trois organisations qui ne peuvent s’accorder entre elles,
que sur la dépendance de l’économie turque (notamment le marché des intérêts bancaires)
d’investisseurs étrangers. Comment peuvent-ils alors comploter pour frapper
leurs propres intérêts ? ».
Le premier complot dirigé par
des organisations religieuses, secrètes et juives, vise donc une Turquie prospère
économiquement selon Erdogan, ses partisans et ses médias.
Quant au deuxième complot
présumé, il vise personnellement le Premier ministre Erdogan. Une fois encore,
Bulut a annoncé lors d’une intervention télévisée que « certaines parties
travaillant dans des centres répartis à travers le monde tentent de tuer le
président Erdogan à distance, par la méthode de télékinésie », qui est la capacité
de changer les choses à distance par la force de l’esprit et de la
concentration.
Bulut fut aussi l’inventeur d’un
complot précédent qui accuse « la compagnie aérienne allemande Lufthansa
de financer les manifestations dans le parc Gezi pour saboter le projet d’Erdogan
de construire un aéroport plus grand que celui de Frankfort » !
Ce nouveau conseiller
présidentiel est allé jusqu’à prétendre que les Allemands « détiennent 65%
des médias turcs », et que par la suite ils contribuent à toute la
campagne de désinformation qui a accompagné les incidents à Gezi. Ce chiffre s’est
avéré plus tard trop exagéré.
Par ailleurs, le régime et les
médias turcs partisans ont accusé les grandes chaines de télévision
internationales à l’instar de la CNN, BBC et l’agence de presse Reuters de
financer les protestations pour servir les objectifs d’un complot plus
dangereux encore.
Dans ce cadre, une interview
falsifiée avec la journaliste réputée à la CNN, Christiane Amanpour, a été
publiée par le journal turc Takfim, dans laquelle on rapporte faussement les
propos de ladite journaliste selon lesquels « la CNN a couvert les événements
à Istanbul dans le but de déstabiliser le pays et de frapper son économie ».
A la fin de l’article, le journal a indiqué que l’interview était falsifiée et que
sa publication vise à se venger de la CNN pour sa couverture des incidents au
parc Gezi. Erdogan avait lui aussi accusé les médias occidentaux d’exagérer
dans leur couverture des événements.
Ce Premier ministre qui gouverne la plus
grande prison pour les journalistes au monde, avait accusé également Twitter de
participer au grand complot tramé contre la Turquie.
source: assafir, traduit par le site alManar