24-11-2024 11:29 PM Jerusalem Timing

Ce qui a été dit lors de la rencontre Sissi-Burns

Ce qui a été dit lors de la rencontre Sissi-Burns

"parler de l’aide militaire américaine ne préoccupe pas l’armée en Egypte, mais menace la la relation entre les deux pays, et a des effets négatifs sur le bénéficiaire"

 «L'Amérique est préoccupé par la situation en Egypte» ! C’est à travers ce titre que le vice-secrétaire d'Etat américain, William Burns a tenté de justifier la tension qui prévaut entre  le Pentagone et la Maison Blanche, et la taille des pressions subies par les Etats-Unis  afin de maintenir ses intérêts dans la région, surtout que  l’Egypte représente le poids stratégique dont dépendent les Etats-Unis.

Burns, qui pensait pouvoir tenir face au  ministre insaisissable de la Défense Abdel Fattah al-Sisi, est chargé de la négociation indirecte sur le sort du président isolé Mohamed Morsi et de ses collaborateurs, sans le sort des consultants des Frères musulmans : il a demandé au ministre de la défense  sa non-poursuite  pénale afin que Morsi puisse participer à la vie politique de nouveau.

Selon le quotidien libanais al-Akhbar , le responsable américain était d’une grande prudence  dans les mots utilisés  lors de sa rencontre  avec Al-Sisi : il a pris soin de ne pas décrire ce qui s'est passé en Egypte comme un coup d'Etat militaire, mais en même temps il a évité de reconnaître que ce qui est arrivé le 30 Juin était une révolution populaire, selon des sources égyptiennes.

Il a insisté sur le fait que « le sort de l'Egypte et sa stabilité est la principale une préoccupation du Pentagone », soulignant que « les Etats-Unis craignent une escalade des événements et condamnent les  violences qui secouent le pays, sachant qu’elles risquent de provoquer de graves conséquences dans les deux pays voisins ».

Le responsable américain a indiqué  que « le danger réel  apparaîtra lorsque la péninsule du Sinaï échappera au contrôle de l'armée égyptienne, qu'il estime  comme « essentiel dans l'équation politique ».

Le  commandant en chef de l’armée égyptienne a interrompu  le responsable américain  et a affirmé que «la doctrine de l'armée égyptienne n'est pas celle d’un coup d'Etat, et que les forces armées sont intervenues pour protéger  la volonté du peuple, qui est descendu à la rue pour dénoncer  les politiques qui ne correspondent ni à sa culture ni à sa philosophie des Lumières». 

Il a ajouté que  «le commandement général de l'institution militaire a envoyé beaucoup de messages à la Présidentielle égyptienne l’exhortant  de s'engager sérieusement dans la vie politique et d'arrêter l'exclusion politique ».  Il a assuré que « la position de l'armée est claire à l’égard du pouvoir, ils (les militaires) ne cherchent pas sous aucune forme et sous aucun prétexte la  main mise sur le pouvoir ».

Toujours selon les sources d’al-Akhbar, al-Sisi a assuré que l’armée égyptienne est   : «en mesure de protéger le Sinaï et les zones environnantes et nous ne sommes pas des partisans du pouvoir. Notre principale préoccupation est de maintenir la sécurité de l'Egypte et la sécurité nationale, et nous n'avons pas jamais soutenu une faction au détriment d’une autre, nous appelons toujours au dialogue, nous l’avons fait en Février 2012 pour empêcher le glissement du   pays vers la guerre civile ».

A ce moment Burns  a demandé le chef militaire égyptien du sort du président Morsi déchu  et de son équipe consultative, al-Sisi a répondu : «les procédures appliquées sur  Dr Mohamed Morsi et ses conseillers sont de simples  mesures de précaution, conformément à la loi égyptienne. Les  militaires ne peuvent pas s’ingérer », ajoutant  que « le président isolé est bien traité et qu’il n’est pas  soumis à une pression quelconque ou abus ».

Burnes demande à nouveau : « Allez-vous appliqué  des mesures extraordinaires envers  les Frères musulmans et leurs responsables ? »
Al-Sisi a répondu: «Il n'y aura pas de mesures arbitraires contre une faction politique quelconque malgré son comportement irrationnelle, il n’est guère question d’appliquer des mesures extraordinaires contre les politiciens ou les gens, tous auront le droit de s’engager dans la vie politique selon les principes qui garantissent la protection de la sécurité nationale de l'Egypte ».

Le général al-Sisi a profité de l'occasion pour exprimer sa colère et son mécontentement à cause des contacts effectués par les responsables des Frères musulmans avec des  pays européens et  avec les Etats-Unis pour transformer la relation entre l'Egypte et les pays étrangers. Il a expliqué que « ses contacts avec le secrétaire à la Défense Chuck Hagel ont servi à révéler la réalité des  événements, et donc  il n'est pas nécessaire à ce que le ministre des Affaires étrangères en rajoute puisque tout a été dit entre lui Hagel».


Il a insisté auprès de son hôte  américain sur  la nécessité à ce que « les Etats-Unis comprennent l’évolution des événements en  Egypte et la révolution du peuple et évitent de s’ingérer dans les affaires internes de l'Egypte ».

Et quand Burns a évoqué la question délicate de l’aide américaine en prétendant que  «l’administration américaine n’établit aucun  lien entre ce qui s'est passé en Egypte et 'aide», al-Sisi l’interrompt: «parler de l'aide militaire américaine ne préoccupe pas  l'armée en Egypte, mais  menace la la relation entre les deux pays, et a des effets négatifs sur le bénéficiaire ».