Il est "trop tôt" pour dire quelle direction l’Egypte va prendre, selon Kerry. Trois nouveaux policiers tués dans le nord du Sinaï.
Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans en Egypte, a indiqué jeudi avoir vivement critiqué la position européenne depuis le renversement de Mohamed Morsi, lors d'une rencontre avec sa chef de la diplomatie Catherine Ashton la veille.
Lors de cet entretien, au Caire, la délégation du PLJ a "exprimé sa surprise et sa condamnation de la position officielle de l'Union européenne (UE), qui n'a pas jusqu'à présent condamné le coup d'Etat militaire déniant le droit du peuple égyptien à choisir son président, son Parlement et sa Constitution", est-il indiqué dans un communiqué.
"La délégation a souligné qu'elle attendait de l'UE qu'elle se tienne avec fermeté au côté de la population égyptienne", ajoute le texte.
Parmi les interlocuteurs de Mme Ashton figuraient l'ancien Premier ministre de M. Morsi, Hicham Qandil, et deux ministres de l'ex-gouvernement membres des Frères musulmans, Amr Darrag (Coopération internationale) et Mohammed Bechr (Développement local).
Mercredi, lors de sa visite au Caire, Catherine Ashton a insisté sur la volonté de l'UE de "voir l'Egypte aller rapidement de l'avant vers un avenir démocratique".
Mme Ashton, a également rencontré le président intérimaire Adly Mansour, le Premier ministre Hazem Beblawi et le puissant chef de l'armée et ministre de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi, ainsi que d'autres membres du gouvernement.
Elle a regretté de n'avoir pu rencontrer M. Morsi, se prononçant pour sa libération, à l'image des Etats-Unis et de l'Allemagne.
Il est "trop tôt" pour dire quelle direction l'Egypte va prendre
Pour sa part, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a affirmé mercredi qu'il était "trop tôt" pour dire quelle direction l'Egypte allait prendre, après la destitution du président Mohamed Morsi et la formation d'un gouvernement de transition.
"L'ordre, de façon très claire, doit être restauré, la stabilité doit être restaurée, les droits doivent être protégés (...) et le pays doit être capable de reprendre le cours normal des choses", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Amman avec son homologue jordanien Nasser Jawdeh.
Kerry a refusé de dire si les Etats-Unis estimaient que le renversement de M. Morsi par l'armée le 3 juillet, après des manifestations monstres réclamant son départ, constituait un coup d'Etat militaire.
En effet, la loi américaine interdit toute aide militaire ou économique à un pays dont le gouvernement a été "déposé par un coup d'Etat militaire".
"C'est clairement une situation extrêmement complexe et difficile. Nous devons prendre le temps nécessaire, en raison de la complexité de la situation, pour évaluer ce qui s'est passé, examiner toutes nos obligations au regard de la loi, et rendre cela cohérent avec nos objectifs politiques", a déclaré Kerry mercredi.
"Je ne vais pas rendre un jugement hâtif sur cette question. Je vais attendre que nos juristes aient travaillé" sur ce dossier, a-t-il dit.
Mais, a-t-il souligné, avant l'éviction de M. Morsi, il y a eu "une situation extraordinaire en Egypte, c'était une question de vie et de mort, avec un potentiel de guerre civile et d'énorme violence". Et, a-t-il ajouté, "nous avons un processus constitutionnel qui avance très rapidement".
Tous ces faits doivent être examinés "au regard de la loi", a-t-il souligné.
Trois policiers tués dans le nord du Sinaï
Sur le terrain, trois policiers égyptiens ont été tués dans la nuit de mercredi à jeudi dans le nord de la péninsule du Sinaï dans des attaques séparées menées par des inconnus armés, a-t-on appris de sources médicales et auprès des services de sécurité.
La situation est tendue dans la péninsule du Sinaï, où les attaques contre la police et l'armée mais aussi des civils se sont intensifiées depuis le renversement du président Mohamed Morsi, le 3 juillet, à la suite de manifestations massives réclamant son départ.
Mardi soir, six soldats et deux civils ont été blessés dans une attaque au lance-roquettes par des inconnus dans la ville de Rafah, frontalière de l'enclave palestinienne de Gaza.
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