Les opposants syriens s’attendent à ce que l’Arabie Saoudite décuple ses aides militaires.
Le prince héritier saoudien Salmane ben Abdel Aziz a accueilli jeudi une délégation de la « coalition nationale syrienne » de l’opposition, présidée par Ahmad elJarba. Pendant plus d’une heure, les personnes réunies se sont contentées d’évoquer des généralités, selon un membre de la délégation s’exprimant au quotidien libanais assafir.
Les membres de la délégation n’ont pas eu tous le temps de s’adresser au prince héritier âgé et malade. Toutefois, le message adressé par Riyad à travers cette rencontre reste le plus fort.
En accueillant une « coalition » syrienne à ce niveau, une coalition qui a accumulé les défaites, l’Arabie Saoudite veut faire entendre qu’elle continue de miser sur elle quel que soit le prix à payer, et que cette coalition n’est plus un dossier sécuritaire dirigé par les renseignements saoudiens et leur chef Bandar ben Sultan.
Pour l’administration saoudienne, cette coalition de l’opposition constitue un allié politique principal dans la guerre contre le régime en Syrie.
Toutefois, le prince héritier s’est contenté d’accueillir les membres de ladite délégation et d’entendre leurs revendications sans y réagir, comme l’indique une source syrienne à assafir.
Après que Jarba a exposé un compte-rendu sur la situation humanitaire du peuple syrien, le prince saoudien s’est contenté de dire : « L’Arabie Saoudite n’a pas d’intérêts personnels en Syrie et tout ce qui nous importe c’est de voir ce pays stable et allié avec l’Arabie ».
Ce prince saoudien n’a même pas évoqué le nom du président Bachar elAssad, et n’a pas non plus critiqué le régime en Syrie. A la demande de multiplier les aides militaires et humanitaires saoudiennes à l’opposition, Salmane ben Abdel Aziz s’est contenté de dire : « Nous verrons », et a évité de parler de la conférence prévue de Genève.
D’après une source de la coalition syrienne de l’opposition, l’Arabie Saoudite, tout comme les autres pays qui soutiennent l’opposition syrienne à l’extérieur, ne possède pas une vision à long terme sur les stratégies à adopter pour confronter le régime syrien et freiner ses progrès à tous les plans.
A part la rencontre avec le prince héritier, la délégation syrienne abordera dans les prochains jours les dossiers de l’armement et des aides humanitaires avec les autres responsables saoudiens.
Les opposants syriens s’attendent à ce que Riyad décuple ses aides militaires, augmente le nombre des chambres d’opérations communes qui dirigent la distribution d’armes acheminées depuis la Turquie et la Jordanie vers les territoires syriens, et charge exclusivement l’armée syrienne libre des opérations d’armement.
Ces membres de la coalition réclament aussi des pressions supplémentaires sur les Jordaniens pour faciliter le passage d’armes au sud de la Syrie, et de convaincre les Turcs et les Jordaniens de mobiliser des milliers d’officiers et de soldats réfugiés dans les camps, en vue de « militariser l’armée syrienne libre » et de réduire l’influence des civils.
Les visiteurs syriens de l’Arabie Saoudite comptent rencontrer également Bandar ben Sultan pour coordonner les opérations d’armement, et les informer de la nature des pressions exercées sur la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne pour leur assurer que les armes saoudiennes ne parviendront qu’aux mains « sures » au nord de la Syrie.
Dans sa tournée européenne, Bandar a entre autre appelé les pays mentionnés à tenir à leurs promesses au sujet de l’armement de l’opposition.