27-11-2024 11:46 AM Jerusalem Timing

Obama prêt à une relation a minima avec Poutine

Obama prêt à une relation a minima avec Poutine

L’administration Obama fait ainsi savoir aux dirigeants de Moscou que "s’ils accordent l’asile à Snowden (...) ce sera tout simplement la goutte qui fera déborder le vase".\

  
En laissant planer le doute sur la venue de Barack Obama à Moscou, Washington fait savoir au pouvoir russe qu'il se satisfera, faute de mieux, d'une relation a minima avec Vladimir Poutine, estiment des experts américains.
  

En pleine passe difficile dans les relations russo-américaines, sur fond de conflit en Syrie, de critiques virulentes après la condamnation d'un opposant russe de premier plan et de la demande d'asile du fugitif Edward Snowden, l'administration Obama a entretenu l'ambiguïté cette semaine sur le volet moscovite de la visite en Russie du président, en septembre.
  
Le sommet du G20 est en effet prévu de longue date les 5 et 6 septembre à Saint-Pétersbourg. A la mi-juin, les autorités russes et américaines ont annoncé un sommet entre MM. Obama et Poutine les 3 et 4 septembre. Il s'agirait seulement de la seconde visite de M. Obama à Moscou depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2009, et de la première depuis que M. Poutine a repris les rênes du pouvoir en mai 2012.
  
Si la Maison Blanche a ignoré vendredi les appels de deux sénateurs américains de premier plan à exiger du G20 qu'il retire l'organisation de son sommet à la Russie en cas de feu vert à la demande d'asile de M. Snowden, inculpé pour espionnage après avoir révélé des opérations gouvernementales massives de surveillance électronique, elle laisse planer le doute sur le passage de M. Obama à Moscou.
  
"Je peux dire que le président a l'intention de se rendre en Russie pour le sommet du G20. Je n'ai rien à ajouter à ce que nous avons dit dans le passé sur ce voyage", a déclaré mercredi le porte-parole de la présidence, Jay Carney, une position dont la Maison Blanche n'a pas dévié, même quand le New York Times a évoqué jeudi une possible annulation du déplacement moscovite au motif des tensions nées de l'affaire Snowden.
  
Pour Andrew Kuchins, expert ès Russie au centre de réflexion CSIS de Washington, l'administration Obama fait ainsi savoir aux dirigeants de Moscou que "s'ils accordent l'asile à Snowden (...) ce sera tout simplement la goutte qui fera déborder le vase".
  

Ambiance glaciale et crispée
  
Mais pour son collègue de l'institut Brookings, Steven Pifer, l'affaire Snowden pèse finalement peu à côté des nombreux autres dossiers qui empoisonnent les relations entre les deux anciens adversaires de la Guerre froide, et sur lesquels Moscou semble peu réactif.
  
"Le président (Obama) voudrait en faire plus sur le contrôle des armes", comme l'a montré son appel en juin à Berlin à une réduction supplémentaire des arsenaux nucléaires, remarque M. Pifer, spécialiste des armements et des affaires est-européennes. "Il voudrait trouver une solution sur la défense antimissile (...) et doper la coopération économique", énumère cet ancien ambassadeur en Ukraine.
  
C'est sur ces questions que l'administration décidera ou non d'aller à Moscou, selon M. Pifer, et M. Kuchins le rejoint sur ce point, le raisonnement du président étant selon lui que "je ne vais pas perdre mon temps et les ressources de mon administration dans une relation qui ne se révèle pas ructueuse".
  
Contrastant avec la détente qui avait présidé aux relations entre M. Obama et le dauphin de M. Poutine, Dmitri Medvedev, les rencontres bilatérales du président américain avec l'actuel maître du Kremlin se sont distinguées par leur ambiance glaciale et crispée, que ce soit au G20 de Los Cabos (Mexique) en 2012 ou au G8 de Lough Erne (Irlande du Nord) en juin. M. Poutine avait carrément snobé le G8 de Camp David en mai 2012.
  
Si le sommet de Moscou n'a pas lieu, les ponts ne seront pas coupés, d'autant plus qu'une rencontre bilatérale entre MM. Obama et Poutine restera possible en marge du G20 et permettra de sauver la face, souligne M. Pifer. Il note aussi que les chefs de la diplomatie des deux pays, John Kerry et Sergueï Lavrov, entretiennent des relations "convenables", garantes de la poursuite d'un dialogue de haut niveau.
  
Si M. Obama décide de ne pas aller à Moscou, toutefois, "les Russes ne seront pas contents. Poutine aime montrer qu'il joue dans la cour des grands.

Et si le président américain décide que cela ne sert pas à grand-chose de passer une journée et demie avec vous, cela fait passer un message qui sera mal reçu", prédit M. Pifer.
  
"Est-ce que cela sera suffisant pour inciter les Russes à prendre des mesures assurant que le sommet (de Moscou) aura lieu, cela reste à voir", conclut-il.