Le projet, que les spécialistes nomment le «FilterNet», se veut une alternative libre d’influence étrangère sur ses utilisateurs.
Le ministère de l'Information et la Communication iranien a lancé «Mail.post.ir»,un nouveau service de messagerie destinée exclusivement aux citoyens du pays et contrôlé par les autorités. Cette nouvelle interface vient compléter le dispositif Internet développé par l'Iran depuis dix ans: un réseau interne entièrement contrôlé par les autorités et indépendent de la toile mondiale.
Gmail, Yahoo mail, ou encore Outlook, deviendront-ils un jour obsolètes en Iran ? C'est ce que souhaite en tout cas le ministre de l'Information et la Communication, Mohammed Hassan Nami, avec la création d'une boîte mail indépendante du réseau global, du World Wide Web, pour que les citoyens puissent communiquer «en toute sécurité».
Une nouvelle adresse mail sera donc attribuée à tous les Iraniens. Afin d'obtenir son adresse, les citoyens ou les personnes morales devront fournir certains renseignements comme le numéro des cartes d'identité, l'adresse postale, etc. Ce sont les services postaux qui vont se charger de la gestion de l'eMail national.
Les autorités iraniennes indiquent que les communications électroniques entre les pouvoirs publics et les usagers se feront prochainement sur ce système. Elles incitent déjà les internautes iraniens à ne plus utiliser pour leur correspondance Gmail, Yahoo Mail ou autre, sans toutefois préciser si leurs accès seront bridés avec l'arrivée de la future messagerie officielle. Le gouvernement estime que quelque 100 millions d'utilisateurs pourraient utiliser le nouveau service mail, qui sera proposé en persan, en anglais, en français et en arabe. Techniquement, chaque compte bénéficie d'une capacité de 50 Mo, pouvant être étendue à 2 Go.
Internet remplacé par un intranet «propre»
Entièrement gratuit, ce service s'inscrit dans la continuité d'un projet développé par l'Iran depuis dix ans. Le régime du pays accuse régulièrement Internet, et les réseaux sociaux en particulier, d'être des instruments de propagande à la solde des puissances occidentales. Il a donc mis en place un «Web propre» qui prend la forme d'un réseau interne, fait par et pour les Iraniens, et complètement indépendant de la toile mondiale.
Le projet, que les spécialistes nomment le «FilterNet», se veut une alternative libre d'influence étrangère sur ses utilisateurs. En effet, l'Iran compte environ 42 millions d'internautes, soit 52% de sa population.
Les motivations de l'Iran ?
Tout d'abord, il y a une question de fierté. En effet, ennemi juré des États-Unis, l'Iran reçoit une certaine pression de la part des fournisseurs US comme Google et Yahoo. Actuellement, pour accéder à certains contenus, les Iraniens ont recours à un Virtual Private Network, pratique déclarée illégale. En ayant son propre service, le pays pourra exercer un meilleur contrôle sur les communications de sa population et être moins vulnérable à l'espionnage.