Sans fournir pour autant de garanties d’un arrêt de la colonisation ni de référence claire pour les négociations, selon les frontières de 1967
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a arraché vendredi après des discussions intensives un accord de principe sur la reprise de négociations de paix israélo-palestiniennes, au terme de son sixième voyage dans la région.
"J'ai le plaisir d'annoncer que nous sommes parvenus à un accord qui établit la base d'une reprise des négociations sur le statut final entre Palestiniens et Israéliens", a annoncé M. Kerry à Amman avant de repartir pour Washington.
"L'accord est en cours de finalisation, nous n'allons donc absolument par parler de ses éléments pour l'instant", a-t-il dit, précisant qu'il se réunirait avec le négociateur palestinien Saëb Erakat et la ministre israélienne de la Justice Tzipi Livni, en charge des négociations de paix, à Washington "pour entamer les pourparlers au cours de la semaine prochaine".
Il a rendu hommage au "leadership courageux" du président palestinien Mahmoud Abbas et du Premier ministre israélien Netanyahu. "Tous les deux ont choisi de faire des choix difficiles et joué un rôle clé", a assuré M. Kerry.
Il a conclu quatre jours d'intense activité diplomatique par une visite de dernière minute à Ramallah (Cisjordanie), après des discussions avec Saëb Erakat dans la capitale jordanienne vendredi matin, pour rencontrer le président Abbas, avec lequel il s'était déjà longuement entretenu mardi et mercredi à Amman.
Le secrétaire d'Etat avait auparavant passé quatre heures au téléphone en consultations avec les dirigeants israéliens et palestiniens, selon des sources diplomatiques américaines.
La présidence palestinienne a salué l'accord mais souligné qu'il restait des "détails à régler".
Lors des dernières rencontres entre MM. Kerry et Abbas, "des progrès ont été réalisés qui ont rendu possible un accord sur des principes permettant la reprise des négociations", a déclaré le porte-parole du président palestinien.
Du côté israélien, Mme Livni s'est félicitée que "quatre ans de marasme diplomatique touchent à leur fin".
Le Hamas, au pouvoir à Gaza, a en revanche rejeté "la reprise des négociations", un porte-parole du mouvement, Sami Abou Zouhri, réaffirmant que "M. Abbas n'a aucune légitimité pour négocier au nom du peuple palestinien sur des questions fondamentales".
Lignes de 1967
Dans la nuit de jeudi à vendredi, le président américain Barack Obama a appelé M. Netanyahu pour l'exhorter à travailler à une reprise des négociations "le plus tôt possible", selon la Maison Blanche, après le rejet par la partie palestinienne des paramètres proposés par M. Kerry.
M. Erakat était venu à Amman informer M. Kerry "de la position qui s'est dégagée hier (jeudi) soir de réunions de la direction palestinienne", avait déclaré un responsable palestinien sous le couvert de l'anonymat, citant "une référence claire aux frontières de 1967, l'arrêt de la colonisation et des éclaircissements sur la question de la libération des prisonniers".
Le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Zeev Elkin a rejeté vendredi ces revendications, affirmant que "préjuger des concessions auxquelles Israël est prêt avant même l'ouverture de négociations avec les Palestiniens ne sera jamais couronné de succès".
"Même ceux qui soutiennent une solution à deux Etats devraient admettre que la reconnaissance des frontières de 1967 a quelque chose de suicidaire", a-t-il dit, en référence aux lignes antérieures au début de l'occupation israélienne.
Arrivé mardi à Amman, M. Kerry s'est d'abord montré optimiste, repoussant même son départ initialement prévu jeudi.
Il a enregistré mercredi le soutien d'une délégation du comité de suivi arabe sur le processus de paix, jugeant que ses propositions créaient "un climat convenable pour relancer des négociations sérieuses, avec en particulier des éléments nouveaux sur le plan économique, politique et de la sécurité".
Mais les instances dirigeantes palestiniennes ont rejeté jeudi sa proposition de reprise des pourparlers prévoyant une "retenue" dans la colonisation israélienne, uniquement hors des grands blocs d'implantations et de Jérusalem-Est, au lieu du gel total qu'elles exigent.
"Kerry n'a pas fourni de garanties d'un arrêt de la colonisation ni de référence claire pour les négociations, selon les frontières de 1967", avait expliqué jeudi le député indépendant Moustapha Barghouthi.