24-11-2024 07:50 PM Jerusalem Timing

Irak: 500 prisonniers s’évadent, les violences s’intensifient

Irak: 500 prisonniers s’évadent, les violences s’intensifient

41 personnes ont été tués

Au moins 500 prisonniers se sont évadés d'Abou Ghraib et d'une autre prison irakienne à la faveur d'une nuit de combats ayant fait plus de 40 morts dans un contexte d'augmentation incessante des violences en Irak.
  
Près de 500 prisonniers "terroristes" se sont évadés de la prison d'Abou Ghraib, tristement célèbre en raison des sévices commis par des Américains contre des détenus irakiens en 2004, a déclaré à l'AFP Hakim al-Zamili, un membre de la commission de la Sécurité et de la Défense au Parlement.
  
Chouan Taha, un député kurde membre de cette même commission, a estimé pour sa part, qu'"entre 500 et 1.000 détenus" s'étaient évadés après l'attaque d'Abou Ghraib et de la prison de Taji au nord de Bagdad. Les combats ont duré près de 10 heures et causé la mort de 41 personnes, selon des sources médicales et sécuritaires.
  
Par le passé, le principal groupe de la branche irakienne d'Al-Qaïda avait appelé à "libérer des prisonniers musulmans partout où ils se trouvent et à pourchasser les juges, les procureurs et leurs gardes du corps, pour les éliminer".
   Des groupes armés ont augmenté le tempo de leurs attaques, et près de 600 personnes ont été tuées depuis début juillet, selon un bilan établi par l'AFP, chiffre en passe d'établir un nouveau record mensuel, inégalé depuis 2008.
  
L'Irak connaît depuis le début de l'année un regain de violences que le gouvernement semble incapable de juguler. Ces trois derniers jours uniquement, plus de 140 personnes ont été tuées.
  
Les attentats, visant tour à tour mosquées, magasins, prisons, barrages et convois militaires, se sont multipliés depuis le début du ramadan. Le président du Parlement, le sunnite Oussama al-Noujaifi, estiment qu'ils ont pour objectif "de diviser le peuple et déclencher un conflit confessionnel entre Irakiens".
  
Le représentant spécial de l'ONU en Irak, Martin Kobler, qui vient d'achever son mandat, a lancé un cri d'alarme semblable la semaine dernière, estimant que des extrémistes profitent de la paralysie politique en Irak et du conflit en Syrie voisine pour tenter de déstabiliser le gouvernement de Bagdad.
  
"Les chiffres ne sont pas bons"
  
Son adjoint, responsable du suivi des droits de l'Homme dans le pays, Francesco Motta, a estimé pour sa part que les violences risquaient de précipiter un retour aux pires jours du conflit confessionnel qui avait embrasé l'Irak en 2006-2007.
 "Je ne dirais pas que nous sommes déjà dans une guerre civile, mais les chiffres ne sont pas bons", a-t-il déclaré à l'AFP.
  
Ces derniers jour ont été particulièrement meurtriers: vingt fidèles ont trouvé la mort vendredi dans un attentat suicide contre une mosquée de la province de Diyala. Le lendemain, les explosions de dix voitures piégées ont tué plus de 60 personnes après la rupture du jeûne dans des rues commerçantes de Bagdad.
  
Et lundi matin, un kamikaze au volant d'une voiture piégée a tué une douzaine de personnes en s'élançant contre un convoi militaire à Mossoul, dans le nord du pays.
  
Les observateurs estiment que les insurgés tentent à nouveau de capitaliser sur le mécontentement croissant de la minorité sunnite, au pouvoir sous Saddam Hussein, qui estime faire l'objet de discriminations de la part du gouvernement à majorité chiite.
  
Les sunnites ont notamment lancé une campagne de manifestations il y a sept mois pour demander le retrait d'une loi sur le terrorisme qui permet de détenir des suspects pour une durée quasi-illimitée, et dont ils estiment faire les frais.
  
Après des heurts, le gouvernement irakien a fait libérer plusieurs milliers de détenus pour tenter de calmer le jeu.
Et dimanche, le vice-Premier ministre Saleh al-Mutlak a annoncé la reprise des travaux d'une commission chargée notamment de préparer une loi d'amnistie qui pourrait être très prochainement soumise au Parlement. Mais les députés restent divisés quant à savoir qui amnistier.
  
Le même jour, Moqtada al-Sadr, chef du mouvement chiite sadriste, a dénoncé le manque d'efficacité du gouvernement dans la lutte contre le terrorisme, estimant que "dans n'importe quel autre pays, le peuple se serait déjà révolté et aurait forcé le gouvernement à démissionner".