Lorsque le souterrain triomphe de la mort venue du ciel.. Lorsque sous le nez- des Israéliens, surgit la surprise des surprises... Lorsque la seconde est d’or... et la doctrine israélienne entraine avec elle la doctrine américaine
Durant la guerre 2006, connue depuis pour avoir été la guerre des surprises par excellence, la surprise la plus édifiante a sans doute la capacité de la résistance à amortir la force de feu de l’armée de l’air israélienne, pendant longtemps source de supériorité et de fierté israéliennes.
Durant les 33 jours de guerre, la stratégie de la terre brûlée que les bombardements intensifs devaient en principe réaliser n’a nullement affecté ni la force de frappe de la résistance basée une force balistique qui n’a pas connu de répit, ni la marge d’action et de déplacement des combattants de la résistance.
Ces derniers étaient presqu’invisibles. A peine les militaires israéliens les captaient-ils qu’ils disparaissaient, après avoir sorti, installé et actionné les lance-missiles dirigées vers les colonies israéliennes en Palestine occupée.
Se croyant à l’abri, les soldats israéliens ont souvent été pris de court par les combattants du Hezbollah qui leur sortaient à l’improviste et s’abattaient sur eux.
Le sous-sol pour vaincre la mort du ciel...à la cuillère ?
Or le secret derrière tout cela, et qui n’en est plus un depuis, réside dans les réseaux de tunnels confectionnés par les résistants. L’un d’entre eux se trouve à 200 mètres seulement des postes frontières israéliens.
Ce qui laisse penser que les résistants l’ont édifié sous le nez des soldats israéliens!
« Un véritable miracle d’autant plus dans cette région s’activait l’un des dispositifs israéliens les plus perfectionnés du monde, sans compter qu’il se situait à quelques kilomètres du quartier général des forces onusiennes à Nakoura », rapporte le sociologue américano-palestinien Dr. Seif Daana, qui enseigne l’université Wisconsin, dans un article publié dans le quotidien libanais arabophone Al-Akhbar. Faisant l’écho du témoignage de l’un des observateurs de l’ONU qui s’est rendu à la frontière libano-palestinienne au lendemain du cessez-le-feu. Celui-ci a dit avoir suffoqué lorsqu’il a vu un réseau de tunnels aussi grand qu’un stade de football, fortifié d’un mur de ciment d’un mètre d’épaisseur.
« C’est comme si le Hezbollah avait transporté le ciment à la cuillère », a pertinemment commenté le fonctionnaire onusien.
Sous le nez des israéliens : la surprise des surprises.
Une autre surprise aussi, non moins importante, en a découlé : durant les 33 jours de bombardements sans répit, aucun de ces tunnels n’a été détruit.
Les combattants n’ont jamais été contraints de les évacuer, durant la guerre.
« C’est comme si l’armée israélienne ne pouvait imaginer que des réseaux similaires pouvaient être édifiés si près de la frontière, si ce n’est pour dire qu’elle ne pouvait envisager des réseaux aussi complexes, édifiés avec tant de secret, sous leur nez, et qui de surcroit sont fortifiés et camouflés avec efficacité pour devenir la surprise de toutes les surprises ». La remarque a été exprimée par Daniel Helmer, officier de l’armée américaine, dans son étude intitulée « ce n’est pas tout à fait une contre-insurrection- Une mise en garde des forces américaines basée sur l’opération israélienne de changement de direction ».
(( Daniel Helmer. Not Quite Counterinsurgency: A Cautionary Tale for US Forces Based on Israel’s Operation Change of Direction. The Australian Army Journal. V 5, No. 2, Winter 2008))
Un joyau d’ingénierie
Il s’agit d’un exploit de taille, surtout lorsqu’on sait que ces tunnels renfermait d’immenses dépôts de missiles de courte et de moyenne portée, sans oublier les roquettes antichars.
Selon l’expert militaire américain Matt Matthew dans son livre « Nous avons été pris au dépourvu », le système mis au point par le Hezbollah, contenant les réseaux de tunnels et les dépôts d’armements et de munitions, en plus l’entrainement des combattants, de l’appareil de commandement et de contrôle et de l’unité de communication et du signal corp, et autre constitue un véritable « joyau d’ingénierie ».
(( Matt Mathew. “We were Caught Unprepared: The 2006 Hezbollah-Israeli War.” U.S. Army Combined Arms Center: Combat Studies Institute Press. Occasional Paper 26.))
Capacités balistiques : lorsque la seconde est d’or
S’agissant des missiles, le Hezbollah a formé un ensemble d’unités ayant pour mission de préserver la force de frappe et de faire face à la stratégie militaire israélienne basée en grande partie sur l’armée de l’air. C’est ainsi qu’au sud du Litani, des unités « balistiques » dotées d’énormes quantités de Katioucha 122 mm ont été disséminées sur de larges étendues dans le but de saper la supériorité aérienne israélienne.
En même temps, le Hezbollah a développé un système aussi simple qu’efficace qui permet à 3 groupes complémentaires de lancer des roquettes en 28 secondes seulement : l’un d’entre eux surveille l’espace aérien pour s’assurer qu’il n’y a pas d’avion israélien, un deuxième installe les lance-roquettes et se retire à grande vitesse, et le dernier charge les projectiles pour le lancement, généralement à travers une commande à distance ou un appareil de minuterie.
Il y avait également des unités balistiques disséminées au sud et au nord du Litani, et qui disposaient de missiles de moyenne portée. (Des Fajrs et des Katiouchas perfectionnés).
Et pour ne pas être étouffés à Beyrouth et dans le Litani, le Hezbollah a créé une unité des missiles de longue portée lançables à partir de plates-formes mobiles, installées sur des camions (à l’instar des Zalzal 2, et des missiles 610 mm et autres). L’information est détaillée dans l’ouvrage de Mathew.
Les performances de la résistance comptent un autre exploit de la même nature du précédent, qui a porté un coup fatidique à la doctrine militaire israélienne.
En effet, les commandant de la résistance avaient calculé que les israéliens avaient besoin de 90 minutes au moins après le déclenchement du missile de détecter le point de son lancement, et de dépêcher l’aviation pour le détruire. Au fil des années d’entrainement, ces unités sont parvenues à mener l’opération de diffusion, d’installation et de lancement des missiles , puis de se retirer et de cacher les plates-formes mobiles, le tout en 60 secondes ! Ils l’ont fait avec le missile Khaybar 1, le 28 juillet, qui s’est écrasé sur Afoulah.
Et la doctrine américaine avec
C’est ainsi que la doctrine militaire israélienne a été vaincue , quand bien même elle était basée en principe sur le recours intensif à l’armement aérien, et à une force de feu immense, à l’instar de celle mise en exécution par les Américains dans la guerre du Golfe, et face à laquelle les Arabes ont toujours été totalement impuissants.
Sachant que l’ennemi sioniste avait utilisé cette tactique dans la guerre de 1993. « Il a apparemment échoué de prendre conscience que le Hezbollah l’a bien assimilé et a mis au point des plans pour l’affronter et la torpiller comme il l’a fait dans l’offensive « Raisins de la colère » en 1996 en instaurant l’équation qui prend pour cible l’entité entière et non seulement les militaires".
Le constat revient à Amir Kulik, dans son ouvrage « Hezbollah face à Israël », publié en 2006 par la maison d’Edition de l’Institut de la sécurité nationale .
(( Amir Kulick. “Hizbollah vs. the IDF: The Operational Dimension”, Strategic Assessment, November 2006, Vol. 9, No. 3)
A SUIVRE