"La réalité de l’aile militaire du Hezbollah est très différente de ce que s’imaginent les ministres européens des Affaires étrangères".
La décision de l’Union européenne d’inscrire l’aile militaire du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes est sortit de Bruxelles pour toucher les habitants des villages du Liban-Sud frontaliers avec la Palestine.
La population n’a pas compris la distinction faite par les Européens, censés être éduqués, entre le Hezbollah et sa branche militaire. Comment ont-il fait cette séparation et selon quels critères? Ce qu’ils ont compris, c’est que toute personne qui a eu une activité militaire, ou soutient un acte militaire du Hezbollah, est visée par cette décision. Ce qui signifie qu’ils sont tous visés.
Hussein Khalil, de Majdel Silm, va plus loin. «Que signifie nous considérer tous comme des terroristes? N’est-ce pas un appel à nous combattre et à nous tuer? s’interroge-t-il.
Quel est le rôle des soldats de la Finul dans ce contexte? Les ministres européens ne savent-ils pas que la plupart des fils du Liban-Sud participent aux guerres contre Israël et que les femmes de Aïta el-Chaab ont contribué à porter et transporter les armes aux combattants du Hezbollah?»
Ainsi, la réalité de l’aile militaire du Hezbollah est très différente de ce que s’imaginent les ministres européens des Affaires étrangères ou des partis politiques qui lui sont hostiles.
Cette réalité est même difficile à préciser pour les fils du Sud, et plus particulièrement pour les habitants des villages du Sud du Litani, qui se considèrent aujourd’hui les plus concernés par l’aile résistante, comme ils se plaisent à l’appeler.
Dans cette région frontalière, il n’y a aucune différence entre «un civil et un militaire, entre un membre du Hezbollah qui porte les armes en secret sur les champs de bataille et un cultivateur qui plante du tabac pour subvenir aux besoins de ses enfants, sous le regard de l’ennemi posté sur les collines surplombant la région», ajoute-t-il.
Mohammad, qui est instituteur dans une école de Bint-Jbeil, se souvient comment des dizaines de ses élèves ont pris les armes, en juillet 2006, et comment 13 d’entre eux sont tombés en martyrs, le plus âgé ne dépassant pas la vingtaine.
«Je ne savais pas que ces étudiants étaient de tenaces combattants. Rien ne le montrait. Ils étaient des civils et aucun n’a jamais porté son uniforme devant les habitants», dit-il avant d’ajouter: «Nous entendons parler de quelque chose que l’on appelle le dispositif de la résistance mais nous n’en connaissons pas les membres. Chacun de nous peut en faire partie. Rien ici n’a une connotation militaire. Nous le savons uniquement après le martyre.»
Al Akhbar + Mediarama