22-11-2024 10:38 PM Jerusalem Timing

Espagne: le conducteur du train, arrêté, bientôt devant la justice

Espagne: le conducteur du train, arrêté, bientôt devant la justice

L’enquête semble s’orienter vers une insuffisance du système de sécurité combinée à une vitesse excessive.

Le conducteur du train dont le déraillement à Saint-Jacques de Compostelle a fait 78 morts mercredi, a été placé en garde à vue "pour imprudence", soupçonné d'avoir roulé trop vite dans un virage dangereux, avant d'être entendu par un juge.

La ville de pèlerinage mondialement célèbre, dans le nord-ouest de l'Espagne, s'apprêtait à rendre hommage aux victimes de la tragédie, lors d'une cérémonie prévue lundi soir dans la cathédrale. Déjà, depuis jeudi, fleurs et bougies déposées par des fidèles anonymes parsèment les abords de l'église.

  L'enquête pendant ce temps semble s'orienter vers une insuffisance du système de sécurité combinée à une vitesse excessive.

 Le conducteur, un homme expérimenté de 52 ans, dont la photo, l'air hébété, le visage ensanglanté après l'accident, faisait le tour des médias, ne semble pas avoir réussi à freiner à temps, alors que le train, selon le quotidien El Pais, était lancé à 190 kilomètres heure sur un tronçon où la vitesse était limitée à 80 km/h.

Vendredi, le conducteur, blessé dans l'accident, a refusé de répondre aux questions des enquêteurs qui voulaient l'entendre à l'hôpital. "Il sera présenté à un juge le plus tôt possible", a indiqué une porte-parole de la police.

Il "a freiné trop tard", titrait El Pais. Le train "roulait à grande vitesse sur un tronçon sans sécurité pour la grande vitesse", résumait El Mundo.

La police de Galice a annoncé vendredi que le conducteur, légèrement blessé et hospitalisé, avait été interpellé la veille au soir et placé en garde à vue pour "imprudence" et pour "des délits liés à l'accident".

Elle a ajouté avoir en sa possession les boîtes noires du train, qui doivent être remises à la justice.
   L'accident s'est produit mercredi à 20H42 (18H42 GMT) au moment où le train reliant Madrid à la ville galicienne de El Ferrol abordait un virage très serré, appelé A Grandeira, à environ quatre kilomètres de la gare de Saint-Jacques de Compostelle.

Le convoi, un train hybride, entre modèle classique et à grande vitesse, circulait sur une ligne à grande vitesse, mais sur un tronçon, en courbe et dans une zone urbaine, où la vitesse est réduite. A cet endroit, la voie n'est pas équipée d'un système de contrôle automatique de la vitesse.

"Les systèmes d'alerte de la voie ferrée ont sauté en repérant que Francisco José Garzon Amo, le conducteur du train Alvia, allait à 190 kilomètres/heure alors qu'il n'aurait pas dû dépasser les 80", écrivait El Pais, qui avait jeudi révélé des extraits d'une conversation par radio entre le conducteur et la gare, juste avant et après l'accident.

Une brève vidéo diffusée jeudi par un média internet a montré un train fou, surgissant à grande vitesse sur la voie à l'entrée de la courbe, puis sortant des rails et se couchant sur le côté.

(voir la vidéo de l'accident sur ce lien) http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/07/25/en-espagne-le-conducteur-du-train-place-en-detention_3453872_3214.html

 

"L'alarme, comme l'a reconnu le conducteur lui-même, s'est allumée sur le tableau de bord et il a essayé de freiner, sans pouvoir empêcher la tragédie", ajoute le journal.

"Je devais aller à 80 et je vais à 190", a lancé le conducteur, selon l'enregistrement de cette liaison radio rendu public par El Pais, au moment où il tentait désespérément d'arrêter le convoi. "J'ai déraillé, qu'est-ce que je peux faire ?", a-t-il déclaré, immédiatement après le drame.

 L'accident a fait au moins 78 morts. 75 corps ont été identifiés mais le bilan pourrait encore s'alourdir, des "restes humains" pouvant appartenir à trois personnes ayant aussi été retrouvés.

Cinq étrangers figurent jusqu'à présent parmi les tués, un Algérien, une Mexicaine, un Américain, un Brésilien et une Vénézuélienne. La mairie de Saint-Jacques a aussi fait état d'un Français tué, ajoutant que celui-ci n'avait pas été identifié.

 Sur les 178 blessés, 81 étaient toujours hospitalisés, dont 31 dans un état grave.
   Annonçant "travailler à l'organisation" des funérailles officielles, le gouvernement régional a souligné vendredi que "la priorité était de porter assistance aux blessés, aux familles et d'identifier les victimes".

 Vendredi, quelques familles, épuisées, attendaient toujours que les médecins légistes achèvent leur travail.
   "Les familles sont épuisées, dans la douleur et l'angoisse", a confié le maire, Angel Curras. "Il est certain que ce travail est compliqué, il y a des traumatismes multiples et des fractures".

 La localité où s'est déroulée la catastrophe, Angrois, a reçu vendredi la visite du prince héritier Felipe et de son épouse Letizia.
   Tout le hameau, aux portes de Saint-Jacques, vit au rythme des trains. Les ruelles débouchent sur les barrières surplombant les voies qui forment ici un virage.

 Lorsqu'ils ont entendu le "coup de tonnerre" de l'accident, beaucoup d'habitants se sont rués sur les lieux du drame, formant des chaînes humaines pour apporter de l'eau et des couvertures, brisant les vitres pour libérer les passagers.

 "Ce sont les voisins qui ont porté les premiers secours", a reconnu le chef de la police de Galice, Jaime Iglesias. Le prince a, lui, remercié les habitants pour leur "spectaculaire réaction".