Fneich à Eichhorst: "Vous avez adopté l’accusation qu’Israël a lancée contre le Hezbollah le jour de l’attentat, sans même attendre la décision de la justice bulgare".
L'Europe semble empêtrée dans ses contradictions après sa décision d'inscrire "l'aile militaire" du Hezbollah sur sa liste des organisations terroristes.
La chef de la Délégation de l'Union européenne (UE) à Beyrouth, Angelina Eichhorst, s'est livrée, jeudi, à un véritable marathon dans la banlieue sud, passant d'un responsable du Hezbollah à un autre, pour tenter de justifier la mesure européenne et réaffirmer sa volonté de poursuivre le "dialogue politique" avec le parti.
Elle a rencontré le responsable des Relations internationales, Ammar Moussaoui, puis le ministre du développement administratif, Mohammad Fneich, et devrait rencontrer, lundi, le ministre de l'Agriculture, Hussein Hajj Hassan.
Lors de sa rencontre avec Fneich, celui-ci lui a dit : "Vous avez devancé la justice bulgare et vous avez émis votre verdict et votre sanction. Comment voulez-vous, ensuite, que nous ayons confiance dans votre justice et celle de la Bulgarie ? Vous avez adopté l'accusation qu'Israël a lancée contre le Hezbollah le jour de l'attentat, sans même attendre la décision de la justice bulgare. Deuxièmement, vous condamnez la Résistance pour ce qu'elle a fait pour le Liban, là où vous avez échoué à faire quoi que ce soit. Vous avez fourni à Israël une couverture pour faire face à toute action qu'il jugera terroriste. Pendant la guerre de juillet 2006, Israël a commis tous ses massacres sous la bannière de la résolution 1559. Maintenant, il pourrait récidiver en prenant la décision européenne comme nouveau prétexte."
Et le ministre de poursuivre: "Nous sommes étonnés que l'Union européenne, qui dispose d'une présence dans notre tissu social, prenne une telle décision, à un moment où nous étions sur le point de tourner une page de notre mémoire pleine de préjudices commis par l'Occident; à un moment où nous avions fait preuve d'ouverture dans le but de trouver un terrain d'entente basé sur des intérêts communs. Avec cette décision, vous avez torpillé tout ce que nous tentions de construire ensemble et vous nous avez ramené en arrière, à l'image de l'Occident hostile et partial pour le compte d'Israël. Vous savez que le Liban traverse actuellement une crise et le processus de formation du gouvernement est bloqué à cause de certaines forces politiques libanaises qui veulent isoler le Hezbollah. A travers votre décision, vous avez versé des arguments à leur discours et vous avez contribué à entraver la formation du cabinet, ce qui menace la stabilité interne. Il vous est demandé de revenir sur cette décision et de réparer les dommages que vous avez provoqués aux intérêts des Libanais."
Pour sa part, l'envoyé spécial du ministre belge des Affaires étrangères pour les affaires syriennes, Marc Otte, avait commenté, jeudi, la décision européenne affirmant que "rien n'empêche de poursuivre nos relations avec les composantes politiques au Liban, y compris le Hezbollah".
Le diplomate avait également rencontré Moussaoui, avant de se réunir au ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour.