Des milliards de dollars sont dépensés en Afghanistan pour les femmes.
Le Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a dénoncé lundi le niveau toujours élevé des violences infligées aux femmes en Afghanistan et a demandé aux autorités de mettre fin à l'impunité des coupables.
Dans un rapport sur la situation des femmes dans ce pays, le Comité fait part de sa "profonde préoccupation face au niveau élevé de violence faite aux femmes", malgré certaines avancées du point de vue légal, et cite en particulier la violence domestique, les viols, la lacération et la lapidation.
Le rapport dénonce les mariages forcés, et le fait que certaines femmes victimes de violences se voient obligées à s'auto-immoler, tandis que d'autres sont condamnées pour avoir tenté de fuir leur foyer.
"L'Afghanistan présente (...) un concentré de violences qui sont pour la plupart liées à des systèmes patriarcaux, ancestraux et qui sont d'autant plus exacerbées qu'elles interviennent dans des zones qui ne sont pas forcément sous le contrôle direct de l'Etat", a expliqué la présidente du Comité, Nicole Ameline, en conférence de presse.
Le rapport déplore l'impunité dont jouissent les coupables et le fait que certains proches empêchent les victimes de porter plainte.
Il critique aussi la très faible représentation des femmes sur le plan politique, en particulier au sein du Haut conseil de paix (HCP), une instance créée par le président afghan Hamid Karzaï pour tenter de négocier avec les insurgés alors que le retrait de la force internationale de l'Otan en Afghanistan (Isaf) est prévu pour fin 2014.
"Nous restons inquiets sur l'Afghanistan parce que nous sommes dans un moment décisif", a souligné Mme Ameline.
"Si nous ne réussissons pas à préserver les droits des femmes après avoir consacré tant d'énergie, tant de moyens, tant de soutien sous toutes les formes dans ce pays, ce serait un échec pour la communauté internationale", a ajouté la Française.
Elle a lancé un appel à la communauté internationale pour créer un mécanisme de suivi en Afghanistan pour aider les autorités à consolider et développer le socle légal protégeant les droits des femmes.
"C'est un devoir pour la communauté internationale", a insisté Mme Ameline. Elle a indiqué par ailleurs avoir rencontré des représentants des autorités afghanes lors de l'élaboration du rapport et a indiqué qu'à cette occasion "le gouvernement, par ses représentants, a pris des engagements précisant que la question des droits des femmes n'était pas négociable".
Malgré des milliards de dollars dépensés par la communauté internationale depuis la chute des talibans en 2001, la cause des femmes a peu évolué dans les provinces afghanes, très fortement marquées par le poids de la coutume.