Alors que le puissant syndicat UGTT réclame le départ du gouvernement.
Le parti tunisien Ettakatol, formation laïque de centre-gauche alliée aux islamistes au pouvoir, a réclamé mardi la formation d'un gouvernement d'union nationale après la mort de huit militaires dans une zone où Al-Qaïda est actif.
"L'unité nationale est une obligation pour tous les Tunisiens de tous les bords politiques. Nous appelons tous les partis et organisations à assumer leurs responsabilités devant les Tunisiens et à former un gouvernement d'union nationale", a indiqué Ettakatol dans un communiqué.
Le parti dirigé par le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC) Mustapha Ben Jaafar n'a cependant fixé aucun ultimatum à Ennahda, le parti islamiste à la tête du gouvernement, et n'a pas évoqué son éventuel retrait du cabinet actuel.
Lundi après-midi, le Premier ministre Ali Larayedh a exclu dans un discours très ferme de dissoudre son gouvernement ainsi que l'ANC, les revendications phares d'une coalition hétéroclite de partis d'opposition.
Ettakatol a expliqué sa position par la mort de huit militaires lundi dans une embuscade au mont Chaambi dans l'Ouest du pays, près de l'Algérie, où un groupe armé lié à Al-Qaïda est actif.
Le puissant syndicat UGTT réclame le départ du gouvernement
Pour sa part, le puissant syndicat tunisien UGTT a décidé lors d'une longue réunion dans la nuit de lundi à mardi de réclamer le départ du gouvernement dirigé par les islamistes après l'assassinat de Brahmi, selon son secrétaire-général adjoint.
La centrale syndicale n'a cependant pas fixé d'ultimatum et n'a pas appelé à la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC).
"L'UGTT appelle à la dissolution du gouvernement et à la composition d'un gouvernement de compétence formé par une personnalité consensuelle", a déclaré à l'antenne de la radio Mosaïque FM, le secrétaire-général adjoint du syndicat, Sami Tahri.
Il a aussi indiqué que l'UGTT, forte de quelque 500.000 membres, était favorable à ce que l'ANC vote sur le projet de Constitution, dont l'élaboration est à la peine depuis des mois. Le syndicat réclame cependant une évaluation indépendante du texte.
Le syndicat a adopté une position bien plus nuancée qu'une large partie de l'opposition qui comptait sur la puissante centrale syndicale pour obtenir la dissolution de l'ANC et du gouvernement.
Le Premier ministre Ali Larayedh du parti islamiste Ennahda a rejeté lundi les appels à la démission de son cabinet, tout en proposant des élections le 17 décembre.
Pour qu'un tel scrutin puisse avoir lieu, la Constitution et un code électoral doivent être adoptés, alors qu'une multitude de calendriers électoraux n'ont pas été respectés.
Tunisie: le local du parti Ennahda saccagé à Kasserine
La Tunisie est plongée dans une nouvelle crise politique depuis jeudi suite à l'assassinat d'un député d'opposition, Mohamed Brahmi, un crime, le deuxième du genre depuis le début de l'année, prêté à la mouvance salafiste jihadiste.
Par ailleurs, un local à Kasserine (ouest) du parti Ennahda, au pouvoir en Tunisie, a été saccagé dans la nuit de lundi à mardi par des manifestants après la mort de huit militaires dans la région, a constaté un journaliste de l'AFP.
Un appel à un vaste rassemblement dans la ville à partir de 20H00 GMT (21H00 locales) a été lancé par plusieurs formations politiques après que les huit soldats ont été sauvagement tués au mont Chaambi, zone où un groupe lié à Al-Qaïda est pourchassé sans succès depuis décembre.
Le président Moncef Marzouki serait attendu à Kasserine dans la journée pour une cérémonie à la mémoire des militaires tués, selon une source sécuritaire sur place et des médias tunisiens. La présidence n'a fait aucune annonce officielle cependant.