Le fait de dire que les armes ont été découvertes dans les maisons des trois Libanais arrêtés n’est pas vrai.
Les interrogatoires menés avec un groupe de Libanais
depuis mai dernier au Nigéria et le début du procès de certains d’entre
eux accusés de « terrorisme »
et de soutien à une « branche armée d’une organisation terroriste »
ont montré une forte implication israélienne dans cette affaire. A commencer
par la transmission de renseignements
aux autorités nigériennes, passant par l’autorisation au Mossad d’enquêter
directement avec les détenus, arrivant aux pressions exercées pour empêcher
toute communication avec le gouvernement libanais et orienter l’enquête vers un résultat connu à l’avance.
Cette affaire a largement affecté des milliers de
Libanais travaillant en Afrique depuis de longues décennies, dont certains
occupent d’importants postes et sont devenus un pilier essentiel pour
l’économie de plusieurs pays africains, mais aussi pour l’économie de leur pays
d’origine à travers les virements bancaires périodiques destinés à leurs familles.
Les Libanais d’Afrique dans le collimateur du Mossad
Une source libanaise éminente vivant dans une capitale
africaine a dit au quotidien assafir que le lobby israélien surveille depuis de
longues années les Libanais présents en Afrique, soulignant que les Israéliens
tentent de s’infiltrer dans les secteurs
sécuritaires clés de certains pays africains et mènent des provocations
régulières contre les Libanais qui sont parvenus à constituer une force
économique non négligeable dans ces pays.
Parallèlement à la campagne dirigée par un cadre
politique, sécuritaire et juridique israélien pour sommer l’Europe à inscrire
le Hezbollah sur sa liste terroriste, des équipes israéliennes se sont
mobilisées dans plus d’un pays africain, comme l’a démontré le déroulement de
l’enquête avec les Libanais arrêtés au Nigéria, et accusés d’appartenir au
Hezbollah.
Découverte d’un dépôt d’armes, l’alibi de l’arrestation des Libanais
L’alibi de l’arrestation des Libanais fut la découverte
d’une cache d’armes qui s’est avérée ensuite qu’elle date des années 90 !
Sachant que les autorités nigériennes ont accusés cinq
Libanais dont Mostapha Fawwaz (49 ans), Abdallah Tahini (48 ans) et Talal Ahmad
Reda (51 ans), de nationalité nigérienne, d’appartenir à la branche armée du Hezbollah,
« une organisation terroriste internationale et pour cette raison vous
avez commis un crime pour lequel vous méritez la sanction », comme le
souligne le texte de l’acte d’accusation.
Le Mossad participe à l’enquête
Selon les avocats de la défense s’exprimant à assafir à
Abuja, une équipe du Mossad a enquêté avec Fawwaz et Tahini pendant quinze
jours de suite. Ils ont été empêchés de dormir et ont été torturés et menacés
de viol plusieurs fois. Les enquêtes avec Mostapha et Talal se sont concentrées
sur leur lien présumé avec le Hezbollah. Ils ont démenti cette accusation. Le
Mossad a ensuite demandé aux deux Libanais de dessiner la carte de la maison
d’Abdel Hassan Taher (beau-frère de Mostapha) dans la ville de Kano et du
supermarché qu’il y possède. Il s’est avéré que le Mossad tentait d’établir un
lien entre Mostapha et Talal avec le dépôt d’armes retrouvé dans le sous-sol de
la maison de Taher à Kano.
Plainte sioniste derrière l’arrestation d’Abdallah
Des sources de la défense ont expliqué qu’Abdallah a été
arrêté avant son arrivée au point de douanes à Kano. Il transportait 60000
dollars et il comptait déclarer sa possession de ladite somme aux douanes. Son
arrestation ne revêt d’aucune dimension sécuritaire sauf que le responsable de
l’arrestation est une source israélienne.
Implication d’un responsable gouvernemental nigérian
De mêmes sources on n’écarte pas l’implication d’une
personnalité politique au gouvernement nigérian, qui a voulu mettre la main sur
un terrain acheté par Mostapha Fawwaz et son frère, et sur lequel ils ont
construit deux grands commerces mais qui sont actuellement fermés. Le bureau du
procureur général a prétendu avoir découvert dans ces commerces des matières
qui peuvent être utilisées dans la fabrication de charges explosives, alors que
la réalité sur le terrain n’a rien à voir avec de telles allégations.
Contacts avec les autorités libanaises
Le conseiller de la sécurité nationale nigérienne le
colonel Mohammd Sambo Dassoki avait visité Beyrouth en juin dernier, et
rencontré le président libanais Michel Souleimane et le directeur général de la
sureté générale le lieutenant Abbas Ibrahim. Il a été question des modalités de
protéger les Libanais en Afrique après les opérations d’enlèvement qui se sont
multipliés dernièrement, et de l’arrestation d’un groupe de Libanais sous le
prétexte de son appartenance au Hezbollah.
Sachant que Tel Aviv a ensuite fait pression sur Abuja
pour la sommer d’annuler en juillet dernier une visite prévue d’un conseiller
de Dassoki au Liban.
Tentative d’assassinat de l’ambassadeur saoudien et
mensonges médiatiques
Par ailleurs, les sources de la défense ont indiqué que
les propos rapportés sur l’ambassadeur saoudien au Nigéria lors de la séance du
procès des Libanais vendredi dernier sont survenus dans un contexte différent
de ce qui a été dit dans les médias libanais et internationaux.
En effet, Talal Reda a dit devant les juges au tribunal
qu’Abdel Hassan Taher lui a indiqué que « quelqu’un surveillait
l’ambassade saoudienne à Abuja ». L’un des juges lui demanda
alors : « Pourquoi ? ». Abdel Hassan répondit :
« Peut-être qu’ils surveillaient les déplacements de l’ambassadeur
saoudien pour une quelconque fin ». Tels étaient les propos rapportés par
Talal devant le tribunal, ajoutant ne pas avoir cru à ce qu’a dit Abdel Hassan.
Toujours selon des sources de la défense, les propos sur
une tentative d’assassinat de l’ambassadeur saoudien sont exagérés et ne
reflètent point le déroulement du procès retransmis par les médias.
De plus, le fait de dire que les armes ont été
découvertes dans les maisons des trois Libanais arrêtés n’est pas vrai parce
que ceux-ci vivaient à Abuja alors que les armes ont été retrouvées à
Kano !
Action politique et juridique libanaise
D’après assafir, l’affaire des détenus libanais suscite
l’intérêt de la présidence libanaise alors que la sureté générale est au
courant du déroulement des procès. Par ailleurs, certains partis politiques ont
chargé des avocats pour rejoindre le groupe d’avocats nigérians pour mettre les
choses sur les rails, au moment où les Israéliens ne s’ingèrent ouvertement dans
le déroulement de l’enquête judiciaire.
source: assafir