Tous deux disent à leurs visiteurs que l’axe de la Résistance est en train de l’emporter!
Israël surveille de très près tous les mouvements syriens et iraniens, ainsi de ceux du Hezbollah, surtout ceux liés au transport d’armements sophistiqués de Téhéran, à la Résistance, en passant par Damas. D’autant plus qu’il n’a pu en détruire qu’une très minime partie, et qu’il est toujours incapable de détecter les dépôts de la majeure partie d’entre eux, et leurs voies d’acheminement.
Assad et Nasrallah dans le collimateur
Depuis, grâce aux forces de l’Otan, le régime sioniste poursuit ses opérations de surveillance à l’aide d’appareils super sophistiquées.
Ces deux dernières années, ces opérations visent particulièrement les déplacements du président syrien Bachar el-Assad et ceux du secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah.
Des informations sécuritaires révèlent que non seulement les armes qui préoccupent Israël sont d’ores et déjà entre les mains du Hezbollah. Mais d’autres armes bien plus importantes le seraient aussi, et pourraient infliger de lourdes pertes à Israël, s’il ose une aventure militaire.
Hezbollah de la défensive à l'offensive
Dans les milieux de décision syriens à Damas, on entend souvent dire : « nous allons riposter avec virulence à Israël s’il nous agresse de nouveau. Nous n’avons plus rien à perdre après que la guerre a détruit beaucoup chez nous, et que l’activité économique a été interrompue. Quant à lui (Israël) , il ne supportera pas des missiles s’abbatent chez lui et que ses activités dans plusieurs régions soient détruites, ni la destruction ciblée de son infrastructure ».
Sayed Nasrallah est parfaitement conscient qu’il est dans la ligne de mire d’Israël. Il l’est depuis qu’il a réalisé plus d’une victoire contre son armée. Son apparition devant ses partisans n’a rien « d’une aventure », surtout qu’il sait très bien que si Israël dépasse les bornes la prochaine fois, la terre s’enflammera sous ses pieds.
Ce n’est certes pas par hasard qu’il a dit depuis un laps de temps que la résistance pénètrera en Palestine, et qu’il a réitéré depuis deux jours la volonté de déraciner Israël.
Pourquoi la spécificité chiite
Ce n’est pas par pur hasard non plus que Sayed Nasrallah a mis en exergue la spécificité chiite, au risque que cela puisse gêner certains de ses partisans, habitués au fait qu’il est le maitre arabe, et non pas chiite seulement. Mais ses déclarations recouvrent une importance primordiale du point de vue de l’analyse commune irano-syro-Hezbollah.
Son éminence a tenu ses propos alors que les Américains se promènent dans la région pour faire passer un deal étrange entre les Palestiniens et les israéliens.
Il n’y a rien de mal qu’ils aient torpillé le rôle européen en Egypte pour y dépêcher leurs émissaires et profiter de la crise actuelle qui a entre autre détruit les tunnels de Gaza et assiégé le Hamas. Ils étaient conscients que ce dernier était sur le point de perdre son poids militaire et financier qui lui était fourni par l’Iran, la Syrie et le Hezbollah. Mais ils ont été surpris de voir Téhéran rouvrir ses portes devant certains de ses dirigeants, par souci de préserver la résistance.
Rien sans la Résistance
En se focalisant sur la Palestine, Sayed Nasrallah a voulu dans son discours prononcé lors de la journée mondiale d’al-Quds assurer qu’aucun règlement ne peut passer sans les chiites, c’est-à-dire sans l’axe de la Résistance.
Ces propos insinuaient qu’en dépit de toutes tentatives d’amplification et d’exaspération des tensions confessionnelles entre Chiites et Sunnites, rien ne changera la direction de la boussole fixée sur la Palestine. Sayed Nasrallah s’adressait aux Américains et à leur base avancée dans la région, Israël. Il suffit de voir comment Israël a été bouleversé de voir Sayed Nasrallah devant ses partisans et comment les medias israéliens ont rivalisé entre eux pour rapporter l'évènement, pour en déduire l’ampleur de l’inquiétude.
C’est dans ce climat que Sayed Nasrallah a fait son apparition devant son peuple dans un jour hautement symbolique, en l’occurrence la journée mondiale d’AlQuds. L’idée de cette commémoration est iranienne par excellence. Elle avait été lancée par l’imam Khomeiny. Il fallait coûte que coûte aller au-delà des sectarismes étroits, des zizanies ambulantes et des chicaneries locales, pour retourner en Palestine. Il s’agissait aussi d’un message, envoyé de très haut certes, au président libanais Michel Sleïmane qui venait d’ouvrir le feu sur la Résistance à un moment de grande confrontation entre les deux axes.
Et Assad aussi
Justement, c’est parce que cette confrontation en est à son apogée, tout comme les sont les « prises de pouls » auxquelles s’adonnent Américains et Russes, que Bachar el-Assad devait lui aussi faire son apparition, dans une zone sensible et dangereuse, qui ne fut autre que Darayya. Celle-ci a longtemps été le théâtre de combats d’une extrême violence et le foyer d’un danger très menaçant ainsi que le point de lancement du bombardement de différentes régions importantes de Damas.
Pendant longtemps, cette zone a été impénétrable, à l’instar de Khalidiyyé. Or l’armée syrienne est parvenue à contrôler les deux zones et poursuit son avancée.
Le message de messages
On ne peut assurer que le fait de se rendre à Darayya ait été sûr à cent pour cent. Mais il fallait faire passer un message porteur de messages innombrables, le jour de la fête de l’armée syrienne.
L’un d’entre eux signifie du point de vue des autorités syriennes, que l’option militaire se poursuit et qu’elle réalise des exploits.
L’autre estime que tout compromis, à Genève ou ailleurs, devrait être pris en considération, quoique les officiels Syriens sont parfaitement conscients qu’il n’est pour bientôt, que l’avenir est tributaire des opérations militaires de qualité et que la victoire évoquée par Assad sera réalisée par l’armée.
L’un des messages refuse toute participation des Frères Musulmans à une solution politique.
Darayya est certes bien sensible à ces égards.
Sur les plans régional et international, le message affirme aussi bien à l’Otan et à Israël, que le ciblage d’Assad est impossible, compte tenu du soutien du Hezbollah et de l’Iran, mais aussi grâce au bouclier diplomatique, militaire et politique que lui procure la Russie.
Et Rouhani de même
À cette concordance entre les deux apparitions de Nasrallah et d’Assad s’ajoutent les propos du président iranien cheikh Hassan Rouhanni concernant la région et la Syrie, des propos qui veillent à préserver l’équilibre entre la rigueur de la position politique et militaire de son pays d’une part et la volonté d’ouverture de l’autre.
Ce qui permet de comprendre l'emballement israélien qui s’est manifesté dans les propos de Benjamin Netanyahou contre l’Iran et Rouhani. D’autant plus que la position de ce dernier en faveur du dialogue a rapidement été suivie d’une réponse américaine, ce qui permet de croire qu’il se passe quelque chose sur le chemin entre les deux antagonistes, même à un rythme très lent.
Cela ouvre également la porte à de nombreuses possibilités. Dans des moments pareils, il est difficile d’imaginer une aventure israélienne ou atlantiste contre Assad ou Nasrallah, même si Israël n'est pas du genre à favoriser des compromis et les règlements dans la région.
L'axe de la Résistance l'emporte
Ce qui explique peut-être la certitude de Nasrallah et d’Assad que leur axe avec l'Iran et la Russie en passant par la Chine a commencé à gagner. Tous deux l’ont dit dernièrement à leurs visiteurs.
Entre temps, le chef des services des renseignements saoudiens et de la sécurité nationale le prince Bandar bin Sultan se rendait à Moscou au moment même ou se multipliaient des déclarations politiques de l'opposition syrienne critiquant l'Occident parce qu’il ne répond pas à ses demandes.
Cependant, la prudence est de mise aussi bien chez Assad que chez Nasrallah et leurs alliés, de crainte que ce qui reste de l'été ne porte, plus que jamais peut-être, des risques militaires considérables.
Par Sami Kleib
Traduit par notre site du journal AsSafir