The Independent a obtenu toute une série d’emails effrayants provenant du Bahreïn révélant l’intimidation et l’emprisonnement de médecins qui ont traité des manifestants pro-démocratie agonisant ou blessés.
Des emails désespérés parlent de « génocide » alors que des médecins ayant soigné des manifestants blessés sont raflés emprisonnés on les fait disparaître, que la poétesse Ayat al Ghermezi a succombé après avoir été violée plusieurs fois et la liste des crimes des Al Khalifa s’allonge de jour en jour dans le silence assourdissant de l'Occident.
The Independent (quotidien britannique ndlt) a obtenu toute une série d’emails effrayants provenant du Bahreïn révélant l’intimidation et l’emprisonnement de médecins qui ont traité des manifestants pro démocratie agonisant ou blessés.
Au moins 32 médecins dont des chirurgiens des médecins généralistes des pédiatres et des obstétriciens ont été arrêtés et détenus par la police du Bahreïn ce dernier mois au cours d’une campagne d’intimidation qui viole directement la Convention de Genève garantissant les soins médicaux aux personnes blessées lors d’un conflit. Des médecins partout dans le monde se sont dits choqués et ont exprimé leur indignation.
Une femme médecin spécialiste en soins intensifs a été arrêtée après avoir été photographiée pleurant au dessus du corps sans vie d’un manifestant. Un autre a été arrêté en salle d’opération alors qu’il opérait un patient.
On a fait disparaître un grand nombre de ces médecins âgés de 33 à 65 ans, détenus sans pouvoir communiquer avec l’extérieur ou bien dans des endroits inconnus. Leurs familles ne savent pas où ils sont.
Des infirmières, du personnel médical et des ambulanciers ont également été détenus.
Des emails échangés entre un chirurgien de Bahreïn et un collègue britannique vus par The Independent décrivent les menaces encourues par le personnel médical alors qu’ils se battent pour soigner les victimes de la violence. Ils fournissent un aperçu de la terreur et du harcèlement dont souffrent les médecins et le personnel médical.
Les forces gouvernementales du Bahreïn aidés par des troupes saoudiennes ont violemment réprimé les manifestants depuis le début de la révolte le 15 Février - et la brutalité de leur répression s’étend maintenant à ceux qui soignent les blessés.
L’auteur des emails un chirurgien expérimenté du Complexe Médical de Salmaniya le principal hôpital civil du Bahreïn a été emmené pour être interrogé aux QG du ministère de l’intérieur dans Manama. Il n’est jamais réapparu. Aucune raison n’a été fournie pour son arrestation aucune nouvelle de son état n’a été fournie non plus.
Dans une série d’emails, où il dit espérer attirer l’attention sur la souffrance que lui et ses collègues endurent le chirurgien décrit des scènes terrifiantes à l’hôpital Salmaniya où le personnel est de plus en plus nombreux à être menacé et détenu parce qu’ils soignent des manifestants pro démocratie blessés.
« Des comités d’interrogation m’ont questionné sur notre rôle dans les soins prodigués aux blessés qui sont maintenant considérés comme des criminels pour avoir manifester contre le gouvernement » a-t-il dit juste avant d’être arrêté.
«Nous avons dit que nous sommes ici pour soigner les patients et n’avons rien à voir avec la politique ». « J’ai un mauvais sentiment sur ce qui se passe au Bahreïn. Tant de nos collègues chirurgiens et médecins sont arrêtés lors de raids avant l’aube et disparaissent. »
Le 17 février au début des manifestations il a écrit « cela a été une longue journée en salle d’opération avec un grand nombre de patients blessés l’équivalent d’un massacre. La situation reste volatile et j’espère qu’il n’y aura plus de mort. »
Mi-Mars la situation s’était rapidement dégradée :
« Actuellement je suis à l’hôpital exténué et débordé par le nombre de jeunes touchés mortellement c’est un génocide de notre peuple et nos médecins et infirmières à l’hôpital sont devenus des cibles des milices pro gouvernementales parce qu’ils soignent des patients tant de médecins et d’infirmières ont été physiquement attaqués simplement pour avoir soigné des blessés. Des ambulances sont détruites ou visées par les militaires.
« Je dois partir maintenant car la loi martiale a été imposée il y a de cela quelques heures. Je suis reconnaissant pour ce que m’a enseigné (nom caché) cela me permet d’aider et de sauver un grand nombre ces dernières jours ».
Puis il y a eu un long silence avant qu’il n’écrive à nouveau :
« 3 semaines d’enfer. L’armée a pris le contrôle de l’hôpital Salmaniya, des médecins, infirmières, le personnel paramédical et les patients sont traités comme des suspects par les soldats et les policiers. Certains de nos collègues sont interrogés quotidiennement et détenus. » Il a ajouté : « très intimidés et effrayés ».
Le collègue britannique de ce chirurgien a dit hier : « mon ami est un chirurgien très gentil qui travaille dur et complètement apolitique. Il a été emmené pour interrogatoire et depuis on ne l’a plus revu. »
« Lui et ses collègues ont vécu des moments horribles. Des médecins expérimentés ont soigné quiconque arrivait. Sa détention est stupéfiante. Les médecins sont supposés soigner les patients peu importe qui ils sont et ne pas être emprisonnés car ils prennent soin de supposés dissidents. »
Le président du Collège Royal de Chirurgiens d’Angleterre a dit : « ces informations concernant le personnel médical harassé lors de l’agitation en cours au Bahreïn dont des chirurgiens formés en GB, sont profondément inquiétantes.
La protection et les soins des personnes blessées lors d’un conflit est un devoir de base garanti par la Convention de Genève et tout médecin ou institution médicale doit être libre de le
remplir. »
Jeremy Laurance éditeur rubrique santé 21/04/2011
Article en anglais
Planetenonviolence.org