Une guerre contre les Frères Musulmans et l’Iran. Aux armes favorites : l’or et et le confessionnalisme
Du Liban jusqu'en Egypte, en passant par la Tunisie et un peu loin le Maroc, sans oublier le Yémen, et l'Irak, set le renforcement des opposants syriens par des moyens financiers et plus dangereux encore, militaires, il est clair que les monarchies pétrolières arabes, à leur tête l'Arabie Saoudite, ont lancé une offensive globale et directe contre les révolutions et les manifestations qui rêvent d’un avenir meilleur, dans le but de les confiner et d’apprivoiser leur ambitions pour un changement radical.
Dans chacun ces fronts, l'ennemi diffère l’un de l’autre.
Au Liban, il s’agit de l'Iran et de ses alliés, surtout le Hezbollah libanais et son autre allié , qu'il peine à renverser, c'est-à-dire l'Etat syrien.
Et puis il y a aussi les Frères musulmans en Egypte, et là où il s’approche des cercles de décisions dans n’importe quel pays arabe, en l’occurrence la Tunisie. Qu’il soit dirigeant ou partenaire.
Quant au Liban, il se trouve en première ligne de front. Le Hezbollah est particulièrement visé, ouvertement, surtout après l'opération de Qousseir qui a renforcé de plus en plus son alliance avec le pouvoir syrien. A tel point qu’il a participé à sa guerre, celle-là même que les Saoudiens et les autres Golfiques considèrent communautaire, voire même confessionnelle.
Alors qu'en Egypte, l’assaut contre la révolution, la deuxième en deux ans et demi, a utilisé l’or pour faire face aux Frères Musulmans, et ce avec la bénédiction des Etats-Unis, au Liban, l’attaque a recours à l'arme du confessionnalisme et des allégations de faire face à « l’invasion iranienne », perçue comme étant plus menaçante que l’occupation israélienne.
Ce qui élargit le champ d’action plus loin que la Syrie pour atteindre l'Irak, le Bahreïn et au Yémen.
Ce n’est un secret pour personne que c'est l'Arabie Saoudite qui torpille la formation d'un nouveau gouvernement au Liban sauf si ses conditions sont remplies, dont serrer l'étau autour du Hezbollah afin de le contraindre à se retirer de son plein gré du gouvernement.
Ils (les saoudiens) le disent ouvertement : il faut invalider l’équation, qui depuis l’accord de Doha, fait partie de la déclaration de chaque gouvernement en fonction, celle de l'armée, le peuple et la résistance, et qui consolide la participation du Hezbollah au pouvoir.
Cette participation est non seulement motivée par la popularité de ce parti qui est l’un des plus grands partis politiques dans le monde arabe. Mais en raison de son rôle efficace dans la libération des territoires occupés par Israël et ainsi que par sa victoire dans la guerre de 2006.
C’est donc la guerre, qui se permet tous les moyens.
- Premièrement, en soutenant financièrement et militairement, les opposants syriens et en les unissant sous la bannière d'Ahmad Jarba ( un homme aux liens de parenté étroites avec les grandes tribus proches de la dynastie saoudienne ....).
- Deuxièmement, en mobilisant toutes les forces opposées ou hostiles à l'armement du Hezbollah, et en les incitant à refuser tout dialogue avec lui avec pour prétexte sa participation en Syrie, « par engagement avec l'Iran de protéger le pouvoir syrien »...
- le plus dangereux c'est que ces monarchies arabes s’emploient pour apprivoiser les révolutions qui ont éclaté ces trois dernières années, et imposé le changement en Tunisie après avoir renversé Zein el Abidine permettant aux Frères Musulmans d’accéder au pouvoir, alors qu’en Egypte , les Frères Musulmans ont accédé au pouvoir par inadvertance de la révolution.
L'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis sont devenus très généreux et ont fourni des milliards de dollars au nouveau gouvernement égyptien, depuis que l’armée a pris position en faveur des manifestations qui réclamaient la chute des FM, le 30 juin dernier. Leur comportement est manifestement opportuniste et vise à confiner la nouvelle tentative de la révolution en Egypte, en profitant de la détérioration de la situation économique ...
Il est tout à fait évident que le coup d'état qui a détrôné au Qatar Cheik Hamad Ben Khalifa et destitué son Premier ministre, s’est produit avec le franc consentement de l'Arabie Saoudite, lequel s’est manifesté lorsque le roi Abdallah a rencontré le nouveau émir à Riad trois jours auparavant.
Il en est de même pour la visite qui s’en est suivie du nouveau ministre des affaires étrangères qatari qui a été perçue comme étant un geste d’obéissance de l’émirat de l’or blanc à l’Arabie, ainsi que pour la décision du nouveau Emir du Qatar de désavouer Cheikh Qardaoui, qui s’est longtemps comporté comme étant le guide politique du pouvoir à Doha.
Oui c’est une guerre qui utilise l’or pour acheter la révolution et ses manifestations en Egypte, au motif de vouloir traquer les Frères Musulmans, d’empêcher leur retour au pouvoir et de soutenir le nouveau pouvoir , avec le partenariat de l’administration américaine et de l’union européenne...
C’est une guerre ouverte, dont l’un de ses scènes est le Liban. Mais c’est aussi une guerre au temps ouvert. car se trompe surement celui qui croit deviner à la hâte son dénouement ....
Talal Salmane (Rédacteur en chef du journal Assafir)
Traduit par notre site