Les auteurs de certaines agressions sont proches de l’ancien directeur général des Forces de sécurité intérieure, Achraf Rifi, proche du courant du Futur.
Des renforts ont été acheminés ces dernières heures par les miliciens sur les fronts traditionnels entre Bab el-Tebbané et Jabal Mohsen, à Tripoli, ce qui laisse présager un embrasement général. Il y a quelques jours, les travaux d’édification de barricades avaient repris et les bétonneuses travaillent d’arrache-pied pour construire des fortifications en béton armé.
Depuis le début de la semaine, la tension est sensiblement montée après la multiplication d'incidents sécuritaires. Alors que des commerçants du souk des bijoutiers des familles Hassoun et Namel se réunissaient lundi soir pour régler un différend, quatre hommes armés ont surgi, lancé une grenade et dirigé un feu nourri, blessant plusieurs personnes. En quelques minutes, les dédales des souks se sont vidés.
Selon des informations sécuritaires, les assaillants n’ont rien à voir avec le conflit qui opposait les deux familles. Ils avaient déjà essayé, dimanche dernier, de provoquer un incident pour saboter un iftar organisé par des associations de la société civile, sur la place Abdel Hamid Karamé. Le quotidien Al Akhbar rapporte que les agresseurs, qualifiés de "cinquième colonne" par les familles Hassoun et Namel, seraient proches de l’ancien directeur général des Forces de sécurité intérieure, Achraf Rifi.
Hier à l’aube, des inconnus ont ouvert le feu en direction des restaurants Amro et Daï, à Abi Samra, sous prétexte que les assaillants du souk des bijoutiers étaient des habitués des lieux. Lors de cet incident, le cheikh Khaled Barakat a été blessé d’une balle à l’épaule lorsque des hommes armés ont ouvert le feu en direction de sa voiture alors qu’il rentrait de la prière de l’aube en compagnie de son épouse. En réaction, des inconnus ont incendié, dans le souk du savon, une échoppe appartenant à un homme de la famille Hassoun, ce qui a provoqué une forte tension dans la ville. Encore une fois, les souk se sont vidés.
En réaction à ces incidents, le Premier ministre démissionnaire, Najib Mikati, originaire de Tripoli, a déclaré que la ville était prise en otage par des groupes armés qui sèment le chaos et terrorisent les habitants. Dar el-Fatwa à Tripoli a également dénoncé «le chaos sécuritaire dont les quartiers de la ville et ses souks sont le théâtre». Dans un communiqué conjoint, des dignitaires religieux et des représentants de la société civile ont stigmatisé l’agression contre cheikh Barakat, relevant que cette attaque est «la conséquence de l’anarchie qui sévit dans les rues et les quartiers de Tripoli».
Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a affirmé que l’armée et les forces de sécurité allaient empêcher toute atteinte à la sécurité à Tripoli. «Les habitants de Tripoli craignent une reprise des violences, mais l’armée et les forces de sécurité travaillent à empêcher tout incident», a déclaré M. Charbel, avant une réunion du Conseil central de sécurité. «La situation à Tripoli est stable mais non rassurante pour plusieurs raisons. La situation économique y est mauvaise, la ville est déserte après 16h00 à cause de la présence d’hommes armés», a-t-il ajouté. Le ministre Charbel a appelé les responsables politiques à soutenir l’armée dans sa mission et appelé les forces de sécurité à "frapper d’une main de fer" ceux qui tentent de porter atteinte à la sécurité.
Médiarama