Al Monitor vient de publier le premier document d’une série de documents intitulée "Analyse interne", rédigée par l’une des figures de proue des Frères.
Les Frères musulmans, bien empêtrés dans leurs contradictions, cherchent bien un bouc-émissaire pour expliquer leurs erreurs et ce bouc-émissaire est encore une fois l'Iran !!
Bien que la RII ait multiplié les signes de bonne volonté, de bonne foi et d'ouverture à l'adresse du Caire tout au long des mois où Morsi régnait l'Egypte, la confrérie persiste et signe: l'Iran est l'un des acteurs qui a provoqué le départ du président !
Certes les Frères musulmans ont du mal encore à se remettre du choc qu'ont été le coup d'état militaire et le départ forcé de leur président mais le choc semble désormais les pousser non pas à un examen auto critique mais à des délires insensés.
Al Monitor vient de publier le premier document d'une série de documents intitulée "Analyse interne". " Le texte mentionne l'Iran aux côtés d'Israël et des régimes du golfe persique comme l'un des architecte de la chute de Morsi"!! C'est Mohamad Ahmad Rached, l'une des figures de proue des Frères, un homme âgé de 75 ans qui a rédigé le texte. Il est d'origine irakienne et connu comme l'un des principaux théoriciens de la confrérie.
Les Frères lui accordent autant de respect qu'au cheikh Qaradawi, leur chef spirituel. Il occupe visiblement autant de place et de prestige que Badie, le guide suprême du mouvement.
Dans son document de 37 pages , divisé en trois volets, Rached identifie "les parties impliquées dans le coup d'état" avant de qualifier le coup de force d'épreuve historique qui "devra être surmonté" et qui " après tout n'est pas totalement nuisible à la confrérie .
" Le coup d'état anti Morsi a été de loin l'un des pires coups d'état modernes. Cependant il peut marquer l'émergence de l'Oumma sous un drapeau uni, sous le leadership d'un guide sage et avisé ".
C'est après ces phrases que Rached commence à régler ses comptes à "chacun des Etats putschistes" : D'abord les Etats Unis, longtemps alliés des Frères musulmans à qui ces derniers continuent d'envoyer des SOS, des doléances, des appels d'aide et de soutien !! Rached accuse les américains de vouloir stopper l'extension de l’islamisme, d'avoir poussé l'armée égyptienne à faire face aux Frères musulmans.
« Israël » dont le président avait été qualifié de "cher ami" par Morsi est placé au même rang tout comme les régimes arabes du golfe Persique surtout l'Arabie saoudite et les émirats, "principaux soutiens financiers des anti Morsi"?
Mais le texte réserve aussi une bonne place à l'Iran et prétend que la "RII a été aussi l'une des mains qui ont tiré dans l'ombre les ficelles des putschistes".
Rached accuse l'Iran d'avoir incité " les chiites égyptiens contre Morsi à qui il reprochait son opposition à Assad ".
L'Iran aurait provoqué la chute de Morsi parce que ce dernier " empêchait l'influence iranienne en Egypte!
"L'Iran avait proposé une aide de 30 milliards de dollars à Morsi en échange d'un contrôle totale des lieux de cultes chiites en Egypte (!!), dans le but de faire du prosélytisme pro chiite. Les iraniens avaient également proposé de faire venir en Egypte quelques 5 millions de pèlerins et de touristes iraniens et arabes et redoubler ainsi le chiffre d'affaire dans le secteur du tourisme en Egypte ? Or Morsi n'a pas accepté cette proposition et donc l'Iran a décidé de faire un coup d'état de le renverser (!!)".
Pour le Frère Rached qui a rédigé ce document, le fait de réunir l'Iran, l'Arabie Saoudite, les USA et Israël sous la même bannière ne pose aucun problème mais tout lecteur avisé se sent évidemment gêné par cette argumentation enfantine qui ne tient compte ni des réalités stratégiques ni du rôle de Morsi lui même dans son renversement.
Les accusations avancées par le Frère Rached ressemblent d'ailleurs étrangement à celles formulées par les salafistes égyptiens pendant la présidence Morsi, accusation que Morsi lui même avait rejetée avec force.
Le ministre du tourisme de Morsi pourrait apporter quelques lumières sur cette partie du texte consacré aux liens touristiques irano égyptiens: profondément secouée par trois ans de protestations, le tourisme égyptien était à l'époque du président déchu en quête de clients.
C’est le ministre en question qui a lui même formulé le souhait de voir les touristes iraniens venir en Egypte. Morsi a fait une terrible erreur en se fiant aux Américains. Il a agi aveuglément dans le dossier syrien et a enfoncé un dernier clou dans son cercueil en optant pour le confessionnalisme, et en appuyant le massacre par les salafistes de quatre dignitaires chiites...
A partir de là, accuser l'Iran d'avoir provoqué la chute du premier et dernier président des Frères musulman est un pas qu'aucun esprit éclairé n’ose franchir sous peine d’être taxé d’aveuglement.
IRIB