26-11-2024 12:47 PM Jerusalem Timing

L’incursion de Labbouné donne raison au Hezbollah.

L’incursion de Labbouné donne raison au Hezbollah.

Le Hezbollah combat sur trois fronts, selon Sayed Hassan Nasrallah

En dépit de la situation actuelle particulièrement critique, le secrétaire général du Hezbollah –qui aura cette semaine deux apparitions télévisées– affiche une grande sérénité. Selon ses rares visiteurs –car sayyed Hassan Nasrallah en reçoit peu ces temps-ci pour se consacrer aux multiples dossiers politiques, médiatiques et militaires qu’il traite en personne–, le chef du Hezbollah estime que la formation qu’il dirige se bat actuellement sur trois fronts: sur la scène interne, en Syrie et contre Israël.

Ces trois fronts sont d’une égale importance à ses yeux, même si la scène qu’il préfère est celle où il affronte l’ennemi israélien. Le dernier incident de Labbouné (Labbouneh) (entre Naqoura et Aïta Chaab) –dont tous les secrets n’ont pas encore été livrés –a confirmé d’ailleurs ce que «le sayyed» n’a cessé de dire dans ses discours: à savoir que ceux qui croient qu’en créant des problèmes à la résistance sur la scène interne, ils réussiront à la détourner de son objectif principal qui est de lutter contre Israël, se trompent.

À travers cet incident, le Hezbollah a montré que sa volonté de rester en état d’alerte maximale est justifiée et que «l’aile» qui est consacrée à combattre Israël fonctionne indépendamment des autres.

D’ailleurs, selon certaines versions, l’incursion de la patrouille israélienne à l’intérieur du territoire libanais était une sorte de test pour justement vérifier si le Hezbollah est réellement en état d’alerte permanente ou bien si sa participation à la guerre en Syrie et les pressions exercées sur lui sur la scène interne l’ont contraint à relâcher sa vigilance. Cette violation flagrante par Israël des dispositions de la résolution 1701 et de la souveraineté libanaise montre que le Hezbollah a raison de maintenir ses priorités.

Toujours selon ses visiteurs, Nasrallah est convaincu qu’en dépit de l’immense appui international dont il bénéficie, Israël craint plus que jamais la résistance. Depuis la participation du Hezbollah aux combats en Syrie et en particulier à Qousseir, Israël aurait ainsi modifié tous ses plans de défense. La raison en est simple.

Jusqu’à présent, dans toutes les confrontations avec Israël – et elles sont suffisamment nombreuses –, le Hezbollah était sur la défensive et se battait sur son propre territoire dans un environnement qui lui est favorable. Mais en Syrie, et en particulier à Qousseir, il s’est transformé en attaquant, montrant de nouvelles capacités militaires qui inquiètent les Israéliens. Ceux-ci sont immédiatement revenus sur des allusions faites par Nasrallah dans ses discours sur la Galilée pour en déduire que le Hezbollah aurait des plans pour tenter de faire une incursion dans cette portion de territoire en cas de nouvelle confrontation. Ils auraient donc modifié leurs plans de défense sur cette base. Ce qui, pour le Hezbollah, est un signe positif.

Un autre signe positif, le Hamas qui cherche à se rapprocher de nouveau du Hezbollah. À l’heure où la tension entre sunnites et chiites ne cesse de monter dans la région, cette démarche recrée l’unité des mouvements de résistance sunnites et chiites.

Certes, le secrétaire général du Hezbollah ne minimise pas la campagne dirigée contre sa formation. Mais il considère que c’est le prix à payer. À ceux qui critiquent l’intervention en Syrie, le Hezbollah demande ce qui se serait passé si elle n’avait pas eu lieu: l’opposition syrienne aurait continué à bombarder le Hermel et ses environs, puis Baalbeck et ses environs, élargissant chaque fois un peu plus le périmètre de ses agressions, d’abord pour faire le lien entre Ersal et le nord du Liban assurant ainsi une large zone tampon à l’opposition syrienne, ensuite pour pousser la population chiite à se rebeller et à se lancer dans une riposte contre les opposants sunnites, plongeant ainsi le pays non seulement dans le prolongement de la guerre syrienne, mais aussi dans la discorde confessionnelle.

Scarlett Haddad, journaliste libanaise proche du 8-Mars

Source: L'Orient-Le-Jour