Depuis la fin du mois de Ramadan, le Liban est le théatre d’un déferlement d’évènements sécuritaires.
Entre la Békaa et Beyrouth, le dossier de la sécurité est revenu sur le devant de la scène, reléguant au second plan les questions politiques relatives à la formation du nouveau gouvernement.
La tension est remontée dimanche entre les clans de la Békaa, à la suite d’une embuscade tendue par le clan des Jaafar et celui des Amhaz de Laboué contre un convoi transportant des notables de Ersal. Selon les observateurs, cette attaque constitue une riposte au quadruple meurtre, le 16 juin, de quatre jeunes gens, dont deux membres de la famille Jaafar, par des habitants de Ersal et des rebelles syriens.
L'embuscade d'hier a fait un mort et trois blessés, dont le président du conseil municipal de Ersal, Ali Houjeiri, qui se trouvait à bord d’une voiture blindée. Il a été légèrement blessé à la tête.
Le convoi a été attaqué par des hommes armés qui circulaient à bord de quatre voitures. Mohammad Hassan Houjeiri a été tué sur-le-champ. Trois autres personnes ont été blessées. Deux ressortissants syriens qui accompagnaient le convoi ont été enlevés.
Ali Hjeiri a indiqué avoir reçu des appels téléphoniques du Premier ministre démissionnaire, Najib Mikati, et de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, ce qui est assez surprenant dans la mesure où il fait l'objet d'un mandat d'arrêt pour son rôle présumé dans l'assassinat du capitaine Raymond Bachaalany et du caporal Mohammad Zahraman, en février, à Ersal.
L’armée a fait circuler des patrouilles sur la route de Laboué et à l’entrée de Ersal, pour prévenir toutes représailles.
Cet incident intervient 48 heures après le rapt, à Beyrouth, de deux pilotes turcs. Quatre individus armés circulant à bord de deux voitures ont enlevé le pilote Murat Aktumer et son co-pilote Murat Agca de la Turkish Airlines, qui se trouvaient dans un bus se rendant de l'aéroport de Beyrouth vers un hôtel en ville.
A la suite du rapt, Ankara a décidé de retirer, début septembre, son contingent de 250 hommes, déployé au Sud-Liban au sein de la Finul. Seules les unités opérant dans le cadre de la force navale internationale seront maintenues. La Turquie avait appelé ses ressortissants à quitter le Liban.
Les hommes armés ont enlevé les deux pilotes afin qu'Ankara contraigne les rebelles syriens à relâcher neuf libanais qu'ils détiennent depuis mai 2012. Un groupuscule se faisant appeler "Les pèlerins de l'imam Rida" avait revendiqué l'enlèvement, demandent aux autorités turques la libération des pèlerins contre celle des pilotes.
Un proche des pèlerins libanais, Mohammad Saleh, a été arrêté dimanche après interception d'appels qui prouveraient ses liens avec les ravisseurs des deux pilotes turcs.
Le Mouvement Amal et le Hezbollah sont intervenus auprès des familles des otages, les appelant à la retenue et à la patience. Effectivement, cheikh Abbas Zogheib, chargé par le Conseil supérieur chiite de suivre l'affaire des otages en Syrie, devait assurer que les proches des pèlerins n'auront pas recours à l'escalade pour donner du temps aux efforts déployés pour résoudre l'affaire
Le 19 juillet, les autorités syriennes avaient libéré 43 femmes, dans le cadre des tractations du directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim. Les noms de ces femmes figuraient sur une liste qui avait été remise par la Turquie aux autorités libanaises et le Liban attendait en échange de cette démarche la libération des neuf pèlerins.
Mais d'après une source gouvernementale libanaise, alors que l'accord prévoyait que tous les captifs libanais seraient libérés, pour la fête du Fitr qui marque la fin du mois du ramadan, les ravisseurs sont revenus sur leurs engagements, ne comptant libérer que deux otages libanais contre 134 femmes relâchées par le régime de Damas.
Médiarama