Dans cette guerre sont véhiculées deux rumeurs opposées.
Non le Zimbabwe ne s’apprête pas « à livrer de l’uranium à l’Iran » !
Et non le Mossad n’a pas « truqué les dernières élections au Zimbabwe pour faire gagner Mugabe » …
Je traitais précisément hier dans un éditorial de la valeur des infos diffusées par les médias de l’OTAN (1) à propos de la Syrie.
L’actualité me donne à nouveau, cette fois à propos du Zimbabwe, l’occasion de disséquer les mediamensonges des presstitutes au service de Washington.
Le président Mugabe vient de gagner les élections générales et présidentielles au Zimbawe par un K.O. technique (2) sans appel. Les observateurs de l’Union Africaine et de la SADC témoignent qu’il a gagné sans fraude dans des élections libres et ouvertes. Malgré les cris d’orfraie des ONG pro-occidentales et de leurs maîtres de Washington et Bruxelles.
L’Occident doit donc reprendre à toute vitesse la sale guerre contre le régime du président Mugabe. Il s’agit de reprendre la déstabilisation du pays, de délégitimer ses institutions et surtout de relancer la guerre économique via la reprise des sanctions contre Harare.
Moins de huit jours après la victoire de Mugabe, voilà donc la guerre médiatique contre lui qui reprend. En catastrophe par une salve de médiamensonges.
PREMIER MEDIAMENSONGE :
« HARARE S’APPRETE A LIVRER DE L’URANIUM A L’IRAN »
Le Zimbabwe n'a signé aucun contrat de vente d'uranium à l'Iran, a affirmé ce dimanche le ministre zimbabwéen des Mines, démentant une information du quotidien britannique The Times. "C'est de la fiction, le gouvernement iranien ou personne en Iran ne m'a jamais demandé de concession minière", a déclaré à l'AFP le ministre des Mines Obert Mpofu. "Ils n'ont jamais demandé de concession pour extraire de l'uranium ou d'autres minerais", a-t-il insisté.
Ajoutant sans discussion : "Le pays n'extrait pas d'uranium" !
"Si Chimanikire a parlé au reporter du Times d'un accord pour exporter de l'uranium en Iran, c'était peut-être un rêve", a-t-il ironisé.
Le Times citait en effet hier samedi le vice-ministre zimbabwéen des Mines sortant, Gift Chimanikire, selon lequel « le pays aurait signé un protocole d'accord avec l'Iran prévoyant la livraison de l'uranium nécessaire pour se doter d'un armement nucléaire ». Et l’AFP ajoutait : « L'accord aurait été signé l'an dernier, alors que les Etats-Unis et l'Union européenne ont imposé des sanctions à l'Iran, soupçonnant Téhéran de vouloir mettre au point une bombe atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil ».
On voit ici précisément ça que valent les infos des médias de l’OTAN : infos bidonnées, témoignage inventés de toutes pièces, médiamensonges assénés avec culot.
La motivation du faux : fournir prétexte à la reprise des sanctions contre Harare. Le Zimbabwe est en effet toujours sous le coup de sanctions internationales visant une dizaine de personnalités dont le président Robert Mugabe, qui a été réélu le 31 juillet pour un nouveau mandat de cinq ans. Mugabe a aussi publiquement soutenu le programme nucléaire – civil - iranien.
Gift Chimanikire - qui fait partie de l'opposition avec qui M. Mugabe cohabitait depuis quatre ans, tandis qu'Obert Mpofu appartient au camp présidentiel - a lui-même dû reconnaître que l'article du Times était biaisé, selon l'hebdomadaire gouvernemental Sunday Mail. "Aucune licence (d'exploitation minière) n'a été délivrée. Je n'ai jamais dit une chose aussi stupide. (...) Nous faisons des prospections et nous n'exploitons pas d'uranium au Zimbabwe", a-t-il déclaré, selon l'hebdomadaire dominical.
Le journaliste du Times "pensait vendre son journal en écrivant des mensonges, et c'est une histoire spéculative et dangereuse. Il a juste montré une mentalité typique visant à dire des choses négatives sur le Zimbabwe", a-t-il ajouté.
DEUXIEME MEDIAMENSONGE :
« LE MOSSAD DERRIERE LA REELECTION DE MUGABE »
Un deuxième médiamensonges court le net depuis 48h, et ce n’est pas un hasard. Une «société israélienne » aurait « organisé en sous-main le scrutin, connue en Afrique subsaharienne pour être proche du Mossad», via une « fraude électorale à grande échelle ».
Témoins de ces accusations … le candidat perdant – qui est celui des USA, de Londres, de l’UE, de l’OTAN … - Tsvangirai. Et une ONG, le Zimbabwe Election Support Network (ZESN), et Projects Nasini, un think tank sud-africain, tous deux proches de l’opposition et pro-occidentale.
Deux questions :
- Pourquoi les observateurs de l’UA font-ils des observations inverses ?
"Les élections, compte tenu des circonstances, se sont bien passées et il n'y a pas de raison de les annuler", dit Bernard Membe, chef de la mission d’observation de la SADC (la Communauté de développement d'Afrique australe). "Une élection dans l'ensemble libre, honnête et crédible", ajoute Olusegun Obasanjo (ex-président nigérian), chef de la mission d’observation de l’UA …
- Et pourquoi le Mossad aiderait-il à la victoire de Mugabe, bête noire de l’Occident, soutien de la Cause palestinienne, de Kadhafi (3) ou de Chavez ? Et grand ami de l’Iran précisément …
Car l’Iran, et le mediamensonge frappe Téhéran aussi par la bande, est aussi la victime de cette campagne.
On voit tout de suite le sérieux de ces accusations.
LE ROLE DES OFFICINES ISRAELIENNES ET AMERICAINES
Derrière ces fausses infos on retrouve le plus souvent des officines américaines ou israéliennes – comme DEBKA ou le MEMRI, proches de Tsahal -, machines à désinformer. Et on retrouve aussi, hélas, la légèreté de « journalistes » amateurs et de blogs « non mainstream », mal formés, prêts à tout pour un titre choc ou un éphémère « scoop » bidon. Et qui répercutent de telles insanités.
Le passé aurait pourtant dû les rendre plus prudents. Un exemple, lamentable, vient à l’esprit. En plein assaut de l’OTAN contre la Jamahiriya libyenne, en février-mars 2011, ces désinformateurs pathologiques avaient lancé un «scoop» : « Kadhafi avait engagé des mercenaires israéliens » (sic). Effet démobilisateur au plus grand profit de l’OTAN. C’était le temps où ces analystes foireux saluaient le «printemps arabe» et la «révolution des masses arabes» (resic), avant de retourner leurs vestes sous la pression de leur public. Derrière ce médiamensonge, déjà DEBKA … Et un Mossad qui armait discrètement le CNT à Benghazi et soutenait l’offensive médiatiquo-diplomatique du sioniste BHL.
L’information occidentale c’est l’empire du mensonge. Et pour contrer cette politique systématique du médiamensonge, il n’y a qu’une seule arme : la vérité. Même si elle est brutale, dérangeante ou (momentanément) impopulaire. « Seule la vérité est révolutionnaire » disait Lénine.
Contre le Système, ses médias aux ordres, ses presstitutes, son mur de l’argent et du silence contre ses ennemis, il faut une véritable information révolutionnaire !
Luc MICHEL