"Qoussair est plus vaste que le Chouf et Aley réunis".
Ces dernières semaines, il a été plusieurs fois répété que la mise en oeuvre de l’agenda du directeur des services de renseignements saoudiens, Bandar Ben Sultan, est coûteuse.
Il a été dit que l’exécution des ordres du prince équivaut à une entrée, financée, au club de la destruction du Liban.
La razzia des périphéries de Lattaquié, planifiée par Bandar pour montrer qu’il avait encore dans sa besace des surprises lui permettant de reprendre l’initiative militaire contre le régime syrien, a donné des résultats contraire. La base sociale sunnite, pour laquelle il prétend combattre, à été la plus touchée par cette offensive.
Ces dernières heures, les catastrophes qui ont ponctué la biographie de Bandar sont revenues en force dans la mémoire libanaise, à travers les contacts entrepris par de hauts responsables du 8-Mars avec plusieurs personnalités politiques. Ils leur ont conseillé de ne pas s’engager dans l’aventure de Bandar, qui a confié à Tammam Salam la mission de former un gouvernement de fait accompli.
Un tel gouvernement nécessite deux types de signatures. La signature constitutionnelle est apposée par le président de la République Michel Sleiman, et la signature politique par le député Walid Joumblatt.
Au sein du 8-Mars, l’impression est que Sleiman signerait le décret d’un tel cabinet. Mais concernant l’attitude de Joumblatt, il règne une confusion, même si l’on a tendance à croire que le chef du Parti socialiste progressiste fera preuve de «sagesse».
M. Joumblatt a reçu un certain nombre de messages lui conseillant de ne pas s’embarquer dans l’agenda de Bandar quelles que soient les récompenses qu’il promet. Ces messages se basent sur le principe que le conflit actuel est indivisible.
Les critères doivent être clairs lors de la prise des décisions, car «Qoussair est plus grands que le Chouf et Aley réunis et ses sentiers politiques sont plus escarpés et plus dangereux».
Il est à noter que les messages vont dans plusieurs directions. L’incursion israélienne et la riposte de la Résistance inaugure un nouveau type de message brûlants, en parallèle aux préparatifs saoudiens à la bataille d’Alep, et aux préparatifs de l’axe de la résistance à y faire face sur le terrain et sur le champ régional.
La réponse au rôle indirect de la Turquie dans l’affaire des otages d’Aazaz fait également partie des messages brûlants.
Mais en dépit des «conseils sérieux» délivrés par ces messages, l’ambassadeur des Etats-Unis, Maura Conelly, a déclaré, devant des amis Libanais, que la décision de la formation du gouvernement a été prise et que la fumée blanche va bientôt sortir du palais de Beiteddine.
Ceci dit, il n’y a pas de garanties que le Parlement ouvrira ses portes pour accorder la confiance à un tel cabinet, partant du principe que toute séance d’où serait absente un des composantes essentielles du pays n’est pas conforme au pacte national. C’est exactement le même argument que celui qui a été invoqué par le 14-Mars ces derniers temps.
Dans ce cas, Tammam Salam s’installerait au Grand sérail, car il est peu probable que Najib Mikati oserait s’opposer à la volonté saoudienne, mais les ministres, eux, ne pourront pas occuper leurs ministères. Le Liban sera alors face à deux gouvernement: le premier constitutionnel mais ne jouissant pas de la confiance du Parlement, le second politique.
Al Akhbar + Mediarama