Le ministère de l’Intérieur a fait état de la mort de 43 policiers.
La dispersion sanglante des camps de manifestants au Caire réclamant le retour du président déchu Mohamed Morsi et les violences à travers l'Egypte ont fait mercredi au moins 525 morts et 3572 blessés en grande majorité des civils, selon un nouveau bilan officiel jeudi. Le ministère de l'Intérieur a fait état de la mort de 43 policiers. Il s'agit de la journée la plus meurtrière de l'histoire récente de l'Egypte.
Les Frères musulmans, eux, évoquent 2.200 morts et plus de 10.000 blessés.
Entre-tempsm les Egyptiens commençaient jeudi à revenir timidement dans les rues. Aucun incident n'a été signalé dans la nuit et le trafic reprenait doucement dans la matinée --bien loin toutefois de l'agitation habituelle de la mégalopole égyptienne--, mais les Frères musulmans, l'influente confrérie dont est issu le président déchu Mohamed Morsi, ont appelé à maintenir la mobilisation, faisant craindre une nouvelle flambée de violences.
Les autorités intérimaires, installées par les militaires après la destitution et l'arrestation de l'ex-chef de l'Etat le 3 juillet, ont prévenu qu'elles ne toléreraient aucun nouveau sit-in ou nouvelles violences, après avoir salué "la très grande retenue" de la police.
Preuve de leur détermination, des images aériennes ont montré le village de tentes des pro-Morsi sur la place Rabaa al-Adawiya en feu, une scène impressionnante et totalement inédite dans la capitale égyptienne.
Jeudi matin, la mosquée Rabaa, épicentre de la contestation et QG des derniers dirigeants des Frères musulmans n'ayant pas encore été arrêtés par les autorités, avait en grande partie brûlé.
L'intervention des forces de l'ordre a toutefois suscité l'indignation à travers le monde, la communauté internationale, qui avait tenté une médiation pour éviter ce bain de sang, condamnant un "massacre" et un recours "lamentable" à la force.
Dans le pays, où les Egyptiens étaient descendus en masse dans les rues fin juillet pour "donner mandat" à la toute-puissante armée afin d'en finir avec le "terrorisme" en référence aux milliers de manifestants pro-Morsi qui occupaient deux places du Caire depuis un mois et demi, plusieurs figures d'importance se sont toutefois désolidarisées de l'opération meurtrière.
Le vice-président Mohamed ElBaradei, prix Nobel de la paix qui avait apporté sa caution au coup de force des militaires, a démissionné, disant refuser "d'assumer les conséquences de décisions avec lesquelles il n'était pas d'accord".
Avant lui, l'imam d'Al-Azhar, plus haute autorité de l'islam sunnite, avait condamné les violences expliquant n'avoir pas eu connaissance des méthodes que les forces de l'ordre comptaient employer.
La presse, largement acquise à l'armée, saluait cependant, à l'image du quotidien gouvernemental Al-Akhbar, "La fin du cauchemar Frères musulmans", le journal indépendant Al-Chourouq évoquant la "dernière bataille des Frères", aux côtés de photos montrant des manifestants armés.
Avant la journée de mercredi, les violences entre pro et anti-Morsi et entre pro-Morsi et forces de l'ordre avaient déjà fait plus de 250 morts depuis le début fin juin de la contestation anti-Morsi qui a conduit à sa destitution.
Au lendemain de la dispersion, les autorités ont par ailleurs annoncé fermer le point de passage vers Gaza pour une durée indéterminée.