Des milliers de combattants armés se déplacent librement dans les rues d’Ersal et ses montagnes.
Suite à l’éclatement de la crise en
Syrie, le village libanais d’Ersal (nord-est) est devenu « la capitale du
terrorisme ». Des centaines, voire des milliers d’hommes armés, ont trouvé
refuge dans cette localité frontalière, soit pour se faire soigner de leurs
blessures infligées lors des combats en Syrie, soit pour se procurer d’armes acheminées vers le Liban.
Des groupes de mercenaires, ayant une longue expérience dans la
contrebande, sont devenus les partisans de la « révolution syrienne ».
Ils ont poussé leurs longues barbes et travaillent sous le commandement d’un
jeune prétendant être un cheikh, dans les rangs de la brigade des martyrs de
Bab Amro.
Des milliers de combattants armés se
déplacent librement dans les rues d’Ersal et ses montagnes. Ils attaquent ses
habitants, imposent des taxes, enlèvent des habitants en échange de rançons, et
commettent des actes illégaux tels que les vols. Quant à leur fameux slogan,
ils prennent pour alibi « l’oppression des sunnites ». Sous ce
slogan, ils rassemblent les armes pour « combattre le président syrien
Bachar el-Assad et le Hezbollah ».
Ces hommes armés, dont la plupart
sont des Libanais et des Syriens, se déploient dans les zones frontalières
entre le Liban et la Syrie. Ils contrôlent les passages illégaux. Dans cette
région, ils établissent leur Etat, se déplacent dans des voitures tout terrain,
la plupart d’entre elles sont volées, équipées de vitres teintées et frappées
du slogan « la brigade des martyrs de Bab Amro ». Ils brandissent les
drapeaux de l’armée syrienne libre. Voilà comment ceux-ci se distinguent des
autres brigades armées qui agissent dans la région. Ils suivent un modèle hollywoodien,
ils portent un treillis militaire uni, et placent deux revolvers aux talons. Leur
fusil de prédilection est le M4 américain très cher. Ils portent des lunettes
solaires, s’identifiant au héros cinématographique Rambo, mais selon une
version salafiste ! Ces groupes sont considérés comme les plus violents et
les plus armés parmi les autres groupes.
Tout le monde à Ersal a entendu
parler du cheikh Raëd el-Jouri (25 ans). Celui-ci n’était qu’un petit
contrebandier avant l’éclatement de la crise syrienne. Ensuite, il est devenu « cheikh
Raëd ». D’un contrebandier et d’un bandit, il est devenu un « révolutionnaire »,
comme tant d’autres. Il est entré à Bab Amro et y a combattu avant qu’elle ne
tombe dans les mains de l’armée syrienne. Il s’est ensuite déplacé à Qousseir à
la tête d’un groupe armé, mais il n’y est pas resté pour longtemps. Les habitants
l’ont chassé de la ville à cause de ses agissements. Le meurtre lui est quelque
chose de facile, toute comme les exécutions aléatoires. Il est ensuite parti pour
le village syrien de Qarra, proche des monts de Qalamoun. Là-bas il a annoncé
la naissance de la brigade des martyrs de Bab Amro. Aujourd’hui, Cheikh Raëd
réside dans la région frontalière entre le Liban et la Syrie. Rien ne se
passe sans son feu vert, ou sans qu’il ne touche son prix.
Il a renforcé ses relations avec les
groupes extrémistes basés dans les monts de Qalamoun. Il entretient de
relations étroites avec l’émir du front al-Nosra dans la zone, le Saoudien
Aboul Hoda el-Jazrawi, et son adjoint koweitien connu pour « Karrar ».
Il leur a donné armes et argent pour les satisfaire et obtenir une couverture légale.
La plupart des combattants qui sont sous son commandement sont des Libanais
originaires d’Ersal. Ils étaient des contrebandiers et sont devenus des
révolutionnaires, des commerçants d’armes et des gens riches. Ils sont
impliqués dans des dizaines de vols et de meurtres sous le prétexte du « jihad
en Syrie ». Le groupe d’al-Jouri pratique les enlèvements des journalistes
étrangers. Le dernier enlèvement date du 29 avril dernier.
De plus, al-Jouri et son groupe s’active
dans le domaine du transfert des explosifs. Sur ce point, une forte explosion a
retenti dans les monts d’Ersal il y a deux mois. On a attribué l’explosion à l’explosion
d’un camion-citerne transportant du mazout.
Selon le quotidien libanais
al-Akhbar, le camion en question était rempli d’explosifs. Il a explosé par
erreur et tué plus de dix hommes armés du groupe d’al-Jouri. Ce dernier reconnait ouvertement sa
responsabilité de la mort de quatre jeunes (deux de la famille Jaafar, un jeune
de la famille Amhaz et le quatrième de la famille turque Oglu) à Qadi Rafek à
Ersal le 16 juin dernier sous prétexte d’appartenir à « une brigade de
reconnaissance appartenant au Hezbollah ».
De plus, la plupart des suspects
dans l’explosion de Bir el-Abed survenue le 9 juillet dernier, dans les tirs de
roquettes et le meurtre de soldats libanais sur un barrage à la Békaa, cités dans
le communiqué du ministre de la défense agissent sous le commandement d’al-Jouri.
Ils travaillent chez lui comme des sicaires. Ils n’agissent pas sous le motif
de la religion et de la fatwa religieuse. Ce qui compte pour eux c’est l’argent.
Quant à Ahmad Homayed, accusé de
participer au meurtre des soldats de l’armée et dans la préparation de charges
explosives. Les renseignements confirment qu’il est le cousin de Khaled
Homayed, tué par le département des renseignements de l’armée à Ersal en
février dernier. Les mêmes sources assurent qu’il se trouve actuellement entre
le village de Qarra et les monts de Qalamoun syriens, soulignant que « les
hommes armés déployés dans ces monts se préparent à une bataille prochaine avec
l’armée syrienne et le Hezbollah. Ils passent leur temps dans la préparation
des embuscades et des charges explosives à Qalamoun et Yabroud. Ceux-ci possèdent
des roquettes sophistiquées, et préparent une attaque militaire pour reprendre
le village frontalier de Joussieh après avoir échoué à deux reprises auparavant ».
source: al-Akhbar