Une véritable campagne médiatique et diplomatique est menée par l’Arabie saoudite et Cie pour impliquer le pouvoir syrien.
L'armée syrienne a catégoriquement démenti avoir utilisé mercredi des armes chimiques dans la banlieue de Damas, comme le prétendent les responsables de l’insurrection en Syrie qui parlent de centaines de morts.
"Les allégations sur l'utilisation d'armes chimiques par l'armée arabe syrienne aujourd'hui dans des régions de la banlieue de Damas (...) sont nulles et non avenues et totalement infondées", a affirmé l'armée dans un communiqué lu par un officier à la télévision officielle.
"Ces allégations (colportées) par les groupes terroristes et les chaînes satellitaires les soutenant ne sont qu'une tentative désespérée de cacher leurs échecs sur le terrain et reflètent l'état d'hystérie et d'effondrement dans lequel se trouvent ces groupes", ajoute le communiqué.
"L'armée poursuivra sa mission nationale en faisant face au terrorisme partout sur le sol de la Syrie (...) pour protéger la patrie de ces groupes terroristes armés", ajoute le texte .
Le ministère syrien des Affaires étrangères a lui aussi démenti toute utilisation d'armes chimiques contre la population, estimant que les images qui ont été diffusées ont été fabriquées et font partie d'une campagne organisée.
Selon lui, l'accord conclu entre La Syrie et les enquêteurs de l'ONU "n'a apparemment pas satisfait les terroristes, ni les pays qui les soutiennent, lesquels ont fabriqué des allégations mensongères au sujet des forces armées en Syrie".
"Ces mensonges (...) ne sont qu'une tentative pour faire dévier la commission d'enquête de sa mission".
"La Syrie a annoncé à maintes reprises qu'elle ne ferait pas usage d'armes de destruction massive, si elle en possède, contre sa population", a ajouté le ministère des Affaires étrangères.
Riad veut une réunion du Conseil de sécurité
Sans tarder, Ryad est entré en jeu. Par la voix de son ministre des affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, elle a demandé une réunion immédiate du Conseil de sécurité de l'ONU.
Elle a également demandé aux ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, réunis à Bruxelles pour examiner la crise égyptienne, de faire de la "Syrie le sujet principal de leur rencontre".
"Nous avons été horrifiés, avec le reste du monde, par le massacre odieux commis dans des villes syriennes par des armes chimiques prohibées par la loi internationale et qui a fait des centaines de victimes innocentes parmi les civils, dont une majorité de femmes et d'enfants. Un crime commis de sang-froid et sous le regard du monde", a prétendu le prince Saoud.
Selon la coalition nationale de l’opposition et de la revolution syrienne, les forces gouvernementales ont eu recours, dans des attaques près de la capitale, à d'armes chimiques tuant plus des centaines , ce qu'a démenti l'armée syrienne.
"L'Arabie saoudite a mis en garde la communauté internationale, à plusieurs reprises, contre l'ampleur des massacres odieux commis par le régime syrien contre son propre peuple", a rappelé le chef de la diplomatie saoudienne.
"Elle estime que continuer à ignorer la crise syrienne conduirait à plus de drames", a-t-il averti.
"Il est temps pour le Conseil de sécurité d'assumer ses responsabilités et de dépasser les divergences entre ses membres pour regagner la confiance de la communauté internationale", a poursuivi le prince Saoud.
L'Arabie saoudite qui soutient l'insurrection en Syrie en armes, en argent et sur le plan médiatique estime que la communauté internationale ne fait pas assez pour précipiter la chute du régime du président Bachar al-Assad.
Sabra: la communauté internationale est complice
Cette même logique a été défendue par un responsable l'instance de l'insurrection soutenue par les occidentaux et les monarchies du Golfe, la Coalition Nationale de l'Opposition et de la Révolution Syrienne ( CNORS).
Son dirigeant Georges Sabra a saisi cette occasion pour fustiger la communauté internationale qui est d’après lui complice de ce qui se passe en Syrie.
"Celui qui nous tue et tue nos enfants, ce n'est pas seulement le régime. L'indécision américaine nous tue. Le silence de nos amis nous tue. L'abandon de la communauté internationale nous tue, l'indifférence des Arabes et des musulmans, l'hypocrisie du monde que nous croyions libre nous tue", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Istanbul, George Sabra.
Selon lui, « le régime syrien se moque de l'ONU et des grandes puissances quand il frappe près de Damas avec des armes chimiques alors que la commission d'enquête internationale se trouve à quelque pas" de là, a-t-il ajouté.
"Où est la communauté internationale. Où est son honneur?", a-t-il martelé, parlant de 1.300 morts dans l'attaque de mercredi.
"Tout discours sur la conférence de Genève 2 et les propositions politiques sont vains avec la poursuite de ces massacres. Ce qui s'est passé donne le coup de grâce à tous les efforts politiques pacifiques et rend absurde tout discours à ce sujet", a-t-il ajouté.
Sabra faisait référence à la conférence de paix internationale sur la Syrie dite de Genève 2, souhaitée par Moscou et Washington mais dont l'organisation traîne depuis des mois.
Des représentants de la Russie et des Etats-Unis doivent se retrouver une nouvelle fois la semaine prochaine à La Haye pour la préparer.
Cette attaque survient alors que des experts de l'ONU se trouvent en Syrie depuis dimanche pour enquêter, justement, sur des accusations d'attaques à l'arme chimique que se lancent les deux camps.
La France veut que l'ONU aille sur les lieux
Le président français François Hollande va "demander à l'ONU de se rendre sur les lieux de l'attaque" aux gaz neurotoxiques qui aurait été conduite par l'armée syrienne contre des banlieues rebelles de Damas, a annoncé mercredi la porte-parole du gouvernement.
Lors du Conseil des ministres, il a dit son intention de demander à l'ONU de se rendre sur les lieux de l'attaque", soulignant que "ces informations demandent évidemment à être vérifiées et confirmées", a déclaré Najat Vallaud-Belkacem devant la presse.
De son côté, le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères a souligné que "toute la lumière sur les allégations d'utilisation d'armes chimiques lors de ces attaques" doit être faite.
"La France condamne les attaques meurtrières attribuées au régime syrien mercredi 21 août dans la région de Damas et dont le bilan provisoire dépasserait cent morts. Les auteurs de ces actes intolérables devront en répondre", a déclaré Vincent Floreani.