L’Argentine au diapason de l’Amérique latine contre une intervention en Syrie.
La Russie a salué vendredi le rejet par le Parlement britannique d'une intervention militaire en Syrie et estimé qu'une telle éventualité porterait un "coup sérieux" à l'ordre mondial basé sur le rôle central des Nations unies.
"De telles actions, outrepassant le Conseil de sécurité de l'ONU, si elles ont lieu bien sûr, porteraient gravement atteinte au système basé sur le rôle central des Nations Unies et un sérieux coup (...) à l'ordre mondial", a déclaré à des journalistes le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov.
Il a salué le rejet jeudi soir par le Parlement britannique de toute intervention militaire en Syrie, observant que "cela reflétait l'opinion de la majorité des Britanniques et des Européens".
"Il me semble que les gens commencent à comprendre à quel point de tels scénarios sont dangereux", a ajouté M. Ouchakov.
Le refus de la Grande-Bretagne d'intervenir en Syrie ne change cependant rien à la position de la France qui souhaite une action "proportionnée et ferme" contre la Syrie, a déclaré vendredi le président François Hollande dans un entretien au journal Le Monde.
Moscou opposée à toute résolution permettant l’usage de la force
Pour sa part, le vice-ministre russe des Affaires étrangères a déclaré ce vendredi que la Russie est opposée à toute résolution au Conseil de sécurité qui permettrait l'usage de la force contre la Syrie.
"La Russie est contre toute résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, prévoyant la possibilité d'user de la force", a déclaré Guennadi Gatilov, cité par l'agence officielle Itar-Tass.
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU se sont brièvement rencontrés jeudi, à la demande de la Russie, farouche alliée de Damas, sans rapprocher leurs points de vue.
L'Argentine contre une intervention en Syrie
L'Argentine, qui préside actuellement le Conseil de sécurité des Nations unies, a rejeté l'idée d'une action militaire internationale en Syrie, rejoignant ainsi les rangs de la majorité de ses pairs latino-américains opposés à une intervention.
"Les conditions pour une solution militaire étrangère ne sont pas réunies car, malgré le temps qui s'écoule et les centaines de milliers de victimes, on n'a pas pu mettre en pratique les mécanismes prévus par le droit international", dit dans un communiqué le ministère argentin des Affaires étrangères, qui ajoute qu'une opération militaire "ne ferait qu'aggraver la situation".
"On ne peut pas continuer à introduire des armes dans la zone du conflit et ensuite regretter qu'il y ait des morts", a estimé le ministère argentin des Affaires étrangères, jugeant par ailleurs "inexcusable" la possible utilisation d'armes chimiques dans la banlieue de Damas.
Buenos Aires propose au contraire "une intervention humanitaire sans objectifs, ni moyens militaires et avec un mandat" de l'Onu.
Cette opposition de Buenos Aires vient s'ajouter aux réprobations plus ou moins fermes déjà formulées ces derniers jours par Cuba, le Venezuela, le Brésil, la Bolivie, l'Uruguay, le Nicaragua et l'Equateur, tous dirigés par des gouvernements de gauche.
Unique voix discordante pour l'instant en Amérique latine, la Colombie, un des alliés des Etats-Unis, s'est contentée jeudi de "demander" au Conseil de sécurité de l'ONU de "tenter de parvenir à un accord" sur une intervention.
Une éventualité qui semble toutefois peu envisageable étant donné l'opposition de Pékin et de Moscou à toute frappe contre la Syrie.