Les indices véhiculés par les dirigeants occidentaux pour accuser Damas d’avoir recouru à l’arme chimique ne convainquent pas les experts en la matière : l’avis de Brook Tigner.
Brooks Tigner, analyste au prestigieux magazine militaire américain Jane’s a démonté la version véhiculée par les responsables occidentaux pour aller en guerre contre la Syrie, selon lesquels les rebelles syriens n’ont pas les moyens d’utiliser le gaz sarin.
« Le fait de dire tout simplement que les rebelles ne peuvent pas obtenir d’arme chimique n'est qu'un fau prétexte. Le gaz sarin par exemple est très facile à fabriquer, à déplacer et à faire entrer dans un pays. Pour l’utiliser dans une attaque, pas besoin d’appareils militaires grands, compliqués et sophistiqués, comme le prétendent les Etats-Unis qui accusent seulement l’armée syrienne d’avoir les moyens de l’utiliser. En réalité on peut le monter sur des systèmes d’armement relativement petits ou l’utiliser via un déclencheur », a expliqué pour le correspondant du journal libanais Assafir cet expert belge qui est aussi analyste politique en chef de Security Europe, un bulletin d’informations spécialisé.
Selon lui, il y a plusieurs moyens de jeter des bombes chimiques sur les banlieues de Damas quand bien même les occidentaux ont apporté la preuve qu’elles ont été lancées via des missiles de l’armée syrienne.
Il pense que les Occidentaux se trouvent sur un terrain beaucoup trop mou pour pouvoir lancer une action militaire contre la Syrie.
A noter que le secrétaire d’Etat américain John Kerry a fondé sa rhétorique pour accuser le pouvoir en Syrie d’avoir utilisé l’arme chimique en disant que les rebelles n’ont pas d’armes chimiques et n’ont pas les moyens de les avoir ou de les utiliser.
S’interrogeant sur les indices, l’expert belge estime que le chainon qui lie l’évènement (l’attaque chimique) à l’auteur du crime n’a pas été prouvé, ou n’a pas encore été présenté au public.
Dès lors Tigner soupçonne une situation similaire à celle de l’Irak, en allusion au mensonge lancé par l’Administration Bush sur la présence d’armes de destruction massive dans ce pays, et qui a été pris comme prétexte pour envahir ce pays. Sachant que le chef de l’équipe des experts onusiens Hans Blix avait, bien avant le déclenchement de la guerre, affirmé à plusieurs reprises n’avoir rien trouvé durant ces multiples inspections.
« La mémoire historique est encore très susceptible. Ils (les Etats-Unis et leurs alliés) devraient écarter l’idée que c’est une arnaque », a signifié Tigner.
France : pas de trace chimique sur les échantillons
Ce mercredi, le journal Assafir a aussi révélé que les analyses de laboratoires effectuées en France sur les premiers échantillons obtenus de la Ghouta ont été négatifs, dans le sens qu’ils n’ont montré aucune trace de gaz sarin.
« Les analyses présentées au chef des blocs parlementaires par les chefs de renseignements français, aucune allusion à des échantillons entre les mains des services de renseignements sur lesquels on peut se baser pour attester le recours au gaz sarin », a écrit le correspondant du journal en France, Mohammad Ballout.
Selon ce dernier, les services de renseignements français avaient suivi de près le travail de l’équipe des Nations Unies dans les régions de la Ghouta orientale et occidentale, dont Maadamiyya, Douma, Arbine, et Kfar-Batna. Via des militants de l’insurrection ou les renseignements jordaniens, ils ont obtenu les mêmes échantillons recueillis par l’Onu.
« On n’a pas trouvé de trace chimique dans les échantillons obtenus, on n’a trouvé aucune trace de gaz sarin », a révélé une source syrienne proche de la coalition nationale syrienne à Paris. Une nouvelle demande a été faite aux Français pour répéter les analyses.
En échange, les services de renseignements français ont demandé d’envoyer en France des personnes ayant inhalé des produits chimiques le 21 aout dernier. Des membres de 5 familles de Moedamiyya et de Douma devraient arriver à Paris d’un moment.