Quand les chrétiens d’Orient forment un seul front face à la folie meutrière des Etats-Unis et de la France..
Le père Adolfo Nicolas, supérieur général des jésuites, a fustigé les frappes envisagées par les Etats-Unis et la France, jugeant qu'elles risquent de conduire l'humanité à "faire marche arrière vers la barbarie".
"Ce qui me soucie le plus est que précisément ce pays (les Etats-Unis) que j'admire sincèrement, soit proche de commettre une grande erreur", a affirmé le supérieur général sur le site de la Curie jésuite à Rome, sortant de sa discrétion habituelle.
"Et je pourrais dire quelque chose de semblable à propos de la France", a ajouté le chef de la puissante Compagnie de Jésus (dont fait partie le pape François).
"Un pays qui a été un véritable guide pour l'esprit et l'intelligence, qui a contribué de grande manière à la civilisation et la culture, est maintenant tenté de conduire l'humanité à faire marche arrière vers la barbarie, et cela en contradiction ouverte avec tout ce qu'il a représenté durant bien des générations", écrit-il.
"Que ce soit ces deux pays qui s'unissent aujourd'hui pour une aventure aussi horrible est l'un des éléments de la colère éprouvée en bien des pays du monde", insiste le jésuite espagnol.
Ce dernier "avoue ne pas comprendre qui a donné l'autorisation aux Etats-Unis ou à la France d'agir contre un pays d'une manière qui, sans nul doute, ajoutera aux souffrances".
"Les interventions violentes comme celles qui se préparent ne sont justifiables que comme des moyens ultimes utilisés d'une manière telle qu'ils n'atteignent que les seuls coupables. Dans le cas d'un pays, cela est totalement impossible, et c'est pourquoi ce recours à la force m'est totalement inacceptable", ajoute-t-il, évoquant même "un abus de pouvoir".
"Nous jésuites appuyons l'action du Saint-Père à 100%", a-t-il déclaré, en soutien au pape François, qui a appelé à une journée mondiale de prière et de jeûne samedi.
Selon lui, "les Etats-Unis doivent cesser d'agir et de réagir comme s'ils étaient le grand frère d'un quartier qui s'appellerait le monde".
De son côté, le vicaire patriarcal maronite, Mgr Samir Mazloum, a affirmé que le patriarcat «refusel’utilisation de la force pour régler les différends entre les Etats», en allusion aux menaces defrappes occidentales contre la Syrie. «Nous n’avons pas encore oublié ce qui s’est passé enIrak et la comédie préparée par l’Occident pour attaquer ce pays, a-t-il dit. Les grandespuissances ont pris pour prétexte des informations sur des armes de destructions massives(ADM) en Irak et ont menti à l’opinion publique mondiale pour justifier la guerre, et il estapparu plus tard que ces ADM n’existaient pas».
Et l’évêque maronite de poursuivre: «Noussommes opposés aux politiques des grandes puissances qui ne s’intéressent à personne lorsque leurs intérêts sont en jeu. Nous avons tous vu le nombre de morts tombés en Irak. Qui leur demande des comptes pour toutes ces victimes et pour les destructions qu’elles ontoccasionnées?»
Mgr Mazloum a exprimé ses craintes de voir se reproduire en Syrie ce qui s’estpassé en Irak.
«Nous ne croyons pas aux arguments avancés pour convaincre le monde du bien-fondé d’une frappe contre la Syrie. Nous ne défendons pas le régime syrien maisl’homme syrien et nous-mêmes. L’expérience nous a appris que si le problème commence enSyrie, il ne restera pas limité à ce pays. Il nous affectera chez nous.»
Le prélat maronite a déclaré que «toute l’Eglise est opposée à la frappe contre la Syrie, avec à sa tête le pape François, qui a appelé à la paix dans ce pays».
Par ailleurs, près de 450.000 chrétiens syriens sont réfugiés ou déplacés, a affirmé à AmmanGrégoire III Laham, le patriarche de l'église catholique melkite, mettant en garde contre desfrappes étrangères qui «augmenteraient les souffrances» de cette communauté en Syrie.
«Environ 450.000 chrétiens syriens ont quitté leurs maisons dans de nombreuses villes syriennes vers d'autres endroits à l'intérieur et à l'extérieur du pays pour fuir la violence»depuis mi-mars 2011 --début du soulèvement en Syrie qui a ensuite évolué vers une guerre civile-- , a déclaré Grégoire III Laham, le patriarche d'Antioche et de tout l'Orient,d'Alexandrie et de Jérusalem.
«Les frappes prévues contre la Syrie augmenteraient les souffrances des chrétiens et conduiraient à la destruction de la Syrie, de ses chrétiens, de sesmusulmans et personne ne serait épargné», a ajouté le patriarche Grégoire III Laham enmarge d'une conférence sur les défis rencontrés par les minorités chrétiennes dans les paysarabes.
«Le plus grand danger pour nous tous est la division du monde arabo-musulman et l'expansion des mouvements takfiris (sunnites extrémistes, ndlr) qui n'accordent pas de placeà une pensée différente de la leur», a-t-il encore averti.
De son côté, l'archevêque Mar Swerios Malki Murad, vicaire patriarcal de l'église orthodoxe syriaque à Jérusalem et en Jordanie a confirmé l'opposition des participants de la conférenceà des frappes étrangères.
«Peu importe le temps nécessaire, le dialogue est préférable aux guerres et aux déplacements de populations», a-t-il détaillé, à l'unisson du pape François qui a appelé à jeûner et prier samedi contre toute solution armée en Syrie.
Les responsables religieux participants à la conférence ont par ailleurs réclamé la libération des évêques Yohanna Ibrahim et Boulos Yaziji enlevés dans la région d'Alep en avril.