24-11-2024 08:26 PM Jerusalem Timing

Egypte: un ministre échappe à un attentat

Egypte: un ministre échappe à un attentat

Il met en garde contre "une vague de terrorisme"


 
Le ministre égyptien de l'Intérieur a échappé jeudi à un attentat au Caire, le premier du genre depuis plusieurs années.
   Le ministre Mohammed Ibrahim a aussitôt mis en garde contre "une vague de terrorisme" en Egypte, alors que le pays est pris dans un engrenage de violences meurtrières depuis la destitution de Morsi par l'armée le 3 juillet et que cet attentat fait planer le spectre d'un retour aux années 1990 marquées par des attaques sanglantes.


   Les autorités installées par l'armée, qui ont restauré l'état d'urgence et imposé un couvre-feu nocturne le 14 août, ont promis d'agir d'"une main de fer" contre quiconque menacerait "la sécurité nationale" et affirmé qu'elles ne permettraient pas un retour du "terrorisme des années 1980 et 1990".


   L'attaque, qui pourrait être un attentat suicide selon l'Intérieur, a visé vers 08H30 GMT le convoi d'Ibrahim, près de son domicile dans le faubourg de Nasr City. Deux heures après l'explosion, il a dénoncé à la télévision d'Etat une "lâche tentative" d'assassinat, jugeant "prévisible" une telle escalade.
   "J'avais prévenu avec la dispersion (des rassemblements pro-Morsi au Caire) qu'il y aurait une vague de terrorisme", a-t-il déclaré. Il avait récemment affirmé avoir reçu des menaces de mort.


   L'armée et le gouvernement assurent mener une "bataille contre le terrorisme" depuis les violences qui ont suivi la destitution et l'arrestation de Morsi. Le cabinet a assuré que cet "acte criminel" ne l'"empêcherait pas" de poursuivre ce combat "avec force et détermination et de frapper d'une main de fer quiconque menace la sécurité nationale".


   Les islamistes condamnent


Aussitôt, l'Alliance contre le coup d'Etat, coalition islamiste chapeautée par les Frères musulmans, la confrérie de Morsi, a condamné l'attentat "quels qu'en soient les auteurs" et réaffirmé son "approche pacifique". La Gamaa al-Islamiya, responsable de plusieurs attentats dans les années 1990, a également pris ses distances, dénonçant cet attentat et se prononçant contre le "terrorisme".


Le lendemain, le ministère d'Ibrahim avait autorisé les forces de l'ordre à ouvrir le feu sur les manifestants hostiles.
   Plus d'un millier de personnes ont péri durant ces violences, en grande majorité des partisans de l'ex-chef de l'Etat, et plus de 2.000 membres des Frères musulmans, la confrérie de Morsi --toujours détenu au secret et qui doit être jugé--, ont été arrêtés, y compris leur Guide suprême Mohammed Badie.
   Les islamistes appellent régulièrement à de nouvelles mobilisations, insistant sur leur caractère "pacifique", mais pour les experts, une frange islamiste pourrait se radicaliser et verser dans le terrorisme après le coup de force des militaires.


   "Il y a une répression sécuritaire et la crise est encore récente", note Issandr El Amrani, responsable de l'Afrique du Nord au sein d'International Crisis Group. "Il est évident que certains islamistes ont le sentiment qu'il n'y a aucune négociation possible avec le régime et il y a eu des appels publics à la violence".


Jeudi encore, un policier et un officier ont été tués dans le Sinaï et sur la route reliant Le Caire à Ismaïliya, sur le canal de Suez, selon des sources au sein des services de sécurité.


   Dix officiers de police ont été blessés dans l'attentat visant le ministre de l'Intérieur, selon des responsables des services de sécurité. Un haut responsable du ministère a affirmé à l'AFP que l'un des policiers avait perdu une jambe dans l'explosion.
 La police a par ailleurs bouclé les accès au ministère en centre-ville, une mesure de prévention, a indiqué l'agence officielle Mena.