Pour les Israéliens, le contrôle de la Syrie par ces groupes extrémistes est préférable au fait de voir se perpétuer le régime du président Assad.
Laissons de côté toutes les accusations non suffisamment documentées sur les relations franches entre d'un côté, Al-Qaïda et ses émanations et de l'autre côté tous les ennemis de la Syrie, à partir des Etats-Unis et de l'Europe et à finir par la Turquie, l'entité sioniste et la plupart des Etats arabes.
Laissons de côté également l'usage qu'ont fait les Etats-Unis des extrémistes dans la guerre contre l'Union soviétique en Afghanistan. Et admettons momentanément les allégations selon lesquelles les extrémistes se seraient retournés contre les Etats-Unis et leurs alliés arabes et non arabes, et auraient perpétré ce qu'ils ont perpétré en matière d'attentats aux Etats-Unis, en Europe, en Afrique et ailleurs, en tant qu'expressions de ce retournement qui a fait d'eux-après avoir été des «moudjahidines» au sein du camp étasunien contre l'ennemi commun, l'Union soviétique athée- des malfrats inscrits sur les fameuses listes du terrorisme.
Et ne nous arrêtons pas aussi devant le relâchement, surtout en Arabie Saoudite, de milliers de prisonniers appartenant à des organisations terroristes et leur envoi en Syrie pour y établir la démocratie... Et réduisons-nous à quelques faits péremptoires parmi ceux engendrés par l'événement syrien.
Parmi ces faits, on trouve cette thèse tant et tant ressassée par les ennemis du régime syrien et disant que l'entité sioniste préfère que ce régime reste en place si l'alternative serait l'accès au pouvoir de l'opposition armée. Cette thèse a en effet acquis beaucoup de force du fait qu'elle est relayée également par nombreux responsables et analystes israéliens.
A titre d'exemple, le Times britannique a publié dans son numéro du 18 mai dernier une déclaration où l'un des plus hauts responsables aux services de renseignement israéliens affirmait que «la Syrie affaiblie mais stable sous le président Bachar al-Assad est préférable pour Israël et la région à la prise de contrôle par les rebelles islamistes». Et d'ajouter : «Vaut mieux un diable que nous connaissons plutôt qu'une multitude de démons inconnus, si la Syrie tombe dans le chaos, et les extrémistes de tout le monde arabe s'implanter là».
Plusieurs médias arabes ont saisi ces déclarations au vol afin de les faire propager à grande échelle pour leur capacité d'affecter l'opinion publique. Car il est évident que toute personne honnête, parmi le Arabes et le Musulmans qui se construisent des convictions sans s'appuyer sur une bonne connaissance de la nature du problème, ne peut que prendre position contre le régime syrien et pour les groupes terroristes, rien que parce qu'il entend les Israéliens se prononcer pour le régime syrien et s'inquiéter franchement de la prise du pouvoir par les extrémistes.
Cette thèse a certes joué un rôle important dans le renforcement de l'hostilité envers le régime syrien et contribué à pousser beaucoup de monde à prendre les armes et à rejoindre les groupes armés qui combattent le régime sur le sol syrien. D'innombrables faits ont montré que beaucoup de combattants non syriens qu'on envoie vers la Syrie pensent qu'ils se battent en Palestine contre l'ennemi israélien.
Il est donc clair que cette thèse s'inscrit dans le cadre du mensonge, de la supercherie et de l'intoxication médiatique auxquels les forces hégémoniques ont recours pour faire passer leurs plans diaboliques. Cela a été mis en évidence ces derniers jours par les prises de positions israéliennes en ce qui concerne les frappes que les Etats-Unis disent vouloir assener à la Syrie.
Mais au moment où le président Obama réaffirmait sa détermination à lancer des frappes limitées contre la Syrie, les autres ennemis de la Syrie, et les Israéliens en premier lieu, élevaient le plafond de leurs exigences et suggéraient la poursuite des frappes jusqu'à la chute du régime syrien.
Il parait que seuls les Israéliens se sont arrêtés devant la nature du régime qui succéderait à celui du président Assad après sa chute éventuelle, pour conclure que les groupes extrémistes sont les plus disposés à mettre la main sur le pouvoir en Syrie.
Pourtant, ils n'ont pas exprimé leur habituelle inquiétude face à une telle évolution possible. Ils y ont plutôt trouvé une «bonne chose» pour «Israël» en soulignant que les frappes étasuniennes devraient empêcher le régime syrien de l'emporter sur les groupes armés. Car, disaient-ils, le contrôle de la Syrie par ces groupes -même s'ils sont extrémistes- est préférable pour «Israël» au fait de voir se perpétuer le régime du président Assad.
On sait que ces groupes et en particulier «Jabhat an-Nosra», inscrite par les Etats-Unis sur la liste des entités terroristes, sont des prolongements d'Al-Qaeda inscrite, elle aussi, sur les listes étasuniennes et non étasuniennes du terrorisme.
Pourtant, le Général Martin Dempsey, le Chef d'état-major des armées des États-Unis, s'est dit satisfait vis-à-vis de ce qu'il a appelé «coopération momentanée entre l'opposition syrienne modérée et les extrémistes dans la mesure où ils servent un but commun qu'est le renversement du régime du président Assad». Mais il n'a pas dit que les Etats-Unis participent, avec Al-Qaeda, à l'action visant à atteindre cet objectif.
Il n'a pas dit non plus que beaucoup de ces égarés qui pensent qu'ils sont en guerre contre les Etats-Unis et «Israël» ne font que rendre des services aux Etats-Unis et à «Israël».
Akil Ch. Hussein
Source : French.alahednews