Poutine a souligné que la Russie continuera à aider la Syrie en cas de frappe et la France a assuré qu’elle attendrait le rapport des inspecteurs de l’ONU avant de frapper la Syrie.
Barack Obama et Vladimir Poutine ont finalement parlé en tête à tête de la crise en Syrie vendredi à Saint-Pétersbourg, mais ont campé sur les antagonismes qui ont coupé le G20 en deux et provoquent une tension diplomatique croissante.
Le G20 sort scindé en deux camps de ces deux jours de sommet électriques, où la guerre civile syrienne a complètement dominé les habituels sujets économiques.
Onze pays menés par les Etats-Unis ont réclamé dans un communiqué commun une "réponse internationale forte" contre Damas, qui est "clairement" responsable de l'utilisation d'armes chimiques contre sa population.
L'Allemagne est le seul pays européen membre du G20 à ne pas avoir signé cet appel.
Le président français François Hollande a assuré qu'il attendrait le rapport des inspecteurs de l'ONU sur l'attaque chimique du 21 août en Syrie avant de frapper le régime de Damas, et ne viserait que des cibles militaires.
"Oui, nous allons attendre le rapport des inspecteurs comme nous allons attendre le vote du Congrès" américain, qui doit débattre du sujet à partir du 9 septembre, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg (Russie).
Le secrétaire général de l'ONU Ban ki-Moon "sans donner de date" entend qu'il soit publié "assez rapidement", a affirmé M. Hollande.
"Ca peut être aussi un élément d'appréciation pour élargir la coalition qui devra se former", a-t-il espéré.
"Nous ferions en sorte, pour la France, de ne viser que des cibles militaires pour éviter qu'il (Bachar al-Assad, ndlr) puisse laisser penser qu'il y aurait des victimes civiles", a encore dit M. Hollande.
Barack Obama, qui dit que le monde "ne peut pas rester les bras ballants", était venu sur les terres natales de Vladimir Poutine, principal soutien de Damas, pour rallier le maximum de soutiens à son projet d'attaque. Cette option militaire n'est pas clairement évoquée dans l'appel, mais les signataires jugent quand même que "le monde ne peut pas attendre indéfiniment".
Les pays non signataires se retrouvent de facto ralliés à la Russie, le principal verrou qui bloque le Conseil de sécurité à l'Onu, et qui n'est officiellement pas convaincu de la culpabilité de Damas.
"Constructive oui mais.."
Barack Obama et Vladimir Poutine se sont vus en tête à tête vendredi, au lendemain du dîner officiel du G20 qui avait dressé le constat du blocage.
Le président russe Vladimir Poutine a annoncé son entretien d'aujourd'hui avec son homologue américain Barack Obama s'était déroulé dans une atmosphère bienveillante, mais que chacun était resté sur ses positions.
"C'était un entretien très étoffé, constructif et bienveillant (…).Chacun est resté sur ses positions. Quoi qu'il en soit, c'était un dialogue. Nous nous entendons l'un l'autre. Nous comprenons les arguments. Je ne suis pas d'accord avec ses arguments. Il n'accepte pas les miens. Mais nous nous écoutons et essayons d'analyser", a déclaré le chef de l'Etat à l'issue du sommet du G20.
Et de préciser que l'entretien avait duré "20 à 30 minutes".
Et de souligner :"Vous voulez savoir si nous aiderons la Syrie? Nous le ferons, comme nous le faisons actuellement. Nous lui livrons des armes, nous collaborons dans le domaine économique. J'espère que nous élargirons notre coopération humanitaire, notamment en accordant une aide humanitaire aux civils syriens qui se trouvent actuellement dans une situation difficile", a indiqué M.Poutine à la question de savoir si la Russie aidera la Syrie en cas de frappe militaire.
"J'ai dit: écoutez, je ne m'attends pas à ce que nous nous mettions d'accord sur la question des armes chimiques", a rapporté M. Obama.
"Bien qu'il soit possible qu'après la publication du rapport des inspecteurs de l'Onu (sur l'attaque chimique du 21 août, ndlr) il soit plus
difficile pour M. Poutine de maintenir sa position", a voulu croire le président américain.
Escalade
Ces entretiens et cet appel international sont tombés alors que les deux pays ont repris de plus belle leur escalade.
"Je pense que les Russes n'ont rien à apporter au débat aux Etats-Unis" sur la Syrie, a affirmé vendredi matin le conseiller adjoint de sécurité nationale américain, Ben Rhodes, en référence à la possible venue d'une délégation russe aux Etats-Unis.
Jeudi, l'ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Samantha Power avait accusé Moscou de prendre le Conseil de sécurité en "otage", verrouillant, avec la Chine, tout projet d'attaque.
Les Russes ont pour leur part mis en garde contre toute frappe sur les stocks d'armes chimiques en Syrie qui aurait des conséquences sur l'environnement.
Ils ont aussi annoncé un nouveau renforcement de leur dispositif militaire, avec un navire supplémentaire qui ira croiser au large des côtes de leur allié, pour faire face aux navires américains.
Les prochains jalons prévisibles de cette crise sont attendus la semaine prochaine, avec mardi aux Etats-Unis, un discours de M. Obama à la Nation qui tentera de convaincre les élus de l'autoriser à frapper Damas.
Un défi "difficile" reconnaît le président américain.