L’Otan se limitera à protéger la Turquie.
Pendant que le secrétaire d'Etat américain John Kerry tente, avec plus ou moins de succès, de pousser les congressistes à soutenir l'opération militaire contre la Syrie, les ministres de la Défense de l'UE se réunissent à Vilnius.
A l'ordre du jour: la participation de l'Europe unie à une intervention militaire contre Damas.
Le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen est venu en personne "recruter" les ministres européens. Car même si l'Alliance restera en dehors des événements en Syrie, elle n'empêchera pas les pays de l'UE de se joindre à la coalition anti-Assad.
Rasmussen n'a pas la tâche facile: il doit convaincre les pays membres de violer les lois internationales, y compris la Charte de l'Onu.
Cependant ni la majorité des congressistes américains ni la plupart des pays européens ne croient que l'utilisation de la force contre le régime d'Assad améliorera la situation humanitaire dans le pays.
Ils n'estiment pas non plus qu'une telle méthode puisse contribuer au règlement du conflit syrien.
Les opposants au président américain craignent qu'en se retrouvant au pied du mur et en perdant ses leviers de contrôle, Damas se venge sur ses voisins en utilisant l'arme chimique contre les alliés de Washington au Moyen-Orient comme la Jordanie, la Turquie et "Israël".
Les autorités syriennes ont clairement annoncé leur réaction en cas d'agression. Damas a conscience qu'il ne pourra pas contrer les bombardements des adversaires, dont les navires sont hors de portée de la défense antiaérienne.
Mais dans une situation critique le gouvernement syrien utiliserait tous les moyens pour se défendre. Y compris l'arme chimique.
La situation à Washington est paradoxale: les opposants républicains d'Obama au Congrès ont soutenu son expédition punitive contre la Syrie, tandis que ses alliés démocrates hésitent, au contraire, en posant à la future opération de nombreuses barrières et conditions.
Le congressiste démocrate Gregory Mix a clairement expliqué les raisons d'un tel comportement: "Je n'ai pas été élu pour qu'on me dise ce que je dois faire. J'ai été élu au Congrès pour utiliser mes capacités intellectuelles et déterminer quelle option est préférable pour les électeurs".
Le coût de l'opération éventuelle sera un facteur important, capable d'influer sur la décision des législateurs.
L'administration américaine rassure le Congrès en disant qu'il ne s'agirait que de quelques dizaines de millions de dollars. D'autant qu'une partie des dépenses pour l'opération serait prise en charge par les pays arabes comme le Qatar, l'Arabie saoudite et les EAU, selon John Kerry.
Ces pays poussent en effet littéralement la Maison blanche vers la guerre en Syrie et ils sont prêts à débourser des dizaines voire des centaines de millions de dollars pour réaliser cette tâche.
Pour tenter de persuader les congressistes de soutenir le président américain, les représentants de l'administration n'hésitent pas à déformer les faits, sachant pertinemment que les auditeurs qui ne comprennent pas grand-chose à la politique internationale "goberont" même un mensonge évident.
Ainsi, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel a déclaré au Congrès que Moscou était impliqué dans les fournitures d'armes chimiques en Syrie.
Seulement quelques heures après ces déclarations scandaleuses le Pentagone a pudiquement reconnu que le ministre s'était trompé.
Il voulait parler de la coopération entre Moscou et Damas dans le domaine des armes conventionnelles, tandis que les autorités syriennes développaient le programme de création des armes chimiques par leurs propres moyens. Mais les législateurs ont-ils lu cette précision?
Sept pays de l'UE – la France, le Danemark, la Croatie, la Roumanie, la Grèce, la Lettonie et Chypre – ont soutenu l'opération américaine conter Damas sans le mandat de l'Onu. Le droit international ne signifie donc rien pour ces Etats, qui comptent sur des compensations généreuses de la part de Washington pour leur participation à l'opération.
L’Otan se limitera à protéger la Turquie
Entre-temps, le chef du bureau d’information de l’Otan à Moscou, Robert Pszczel a indiqué vendredi que l’Otan n’entend pas élargir son rôle dans le conflit syrien, se limitant à offrir une plateforme de discussions entre alliés et à protéger la Turquie, pays membre de l’Alliance et voisin de la Syrie.
"L’Otan représente un forum très important pour consultations entre alliés et d’ores et déjà entre partenaires. C’est important. Par ailleurs, nous assurons la défense d’un pays membre de l’Alliance qui est voisin de la Syrie, à savoir la Turquie. C’est pour cette raison que nous y avons déployé des missiles Patriotes", a-t-il dit devant les journalistes M.Pszczel.
Et d’ajouter: "l’Alliance ne s’apprêtait pas à prendre d’autres initiatives dans la crise syrienne".
Source: Rossiïskaïa gazeta + Mediarama + Agences