malgré des appels à la coopération
Le président iranien Hassan Rohani, reprenant une expression chère à son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, a dit mardi que son pays ne renoncerait pas "d'un iota" à ses droits nucléaires après un appel de l'AIEA à plus de coopération par la nouvelle équipe au pouvoir en Iran.
" Dans l'affaire nucléaire, notre gouvernement ne renoncera pas d'un iota aux droits absolus de l'Iran mais tentera en même temps de faire avancer (les négociations, ndlr) avec rationalité et des arguments", a dit M. Rohani, dont le pays est accusé malgré ses démentis de chercher à se doter de l'arme nucléaire.
Lundi, le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, a estimé " urgent et essentiel que l'Iran coopère avec nous " mais a aussi affirmé être "très disposé à travailler avec la nouvelle équipe (...) afin de résoudre les questions en suspens par des moyens diplomatiques".
Elu en juin avec l'appui du camp réformateur et modéré, M. Rohani avait promis un " changement " en politique étrangère, en disant vouloir mener des "négociations sérieuses sans perte de temps" avec les grandes puissances sur le dossier nucléaire et qu'il était prêt à "plus de transparence ".
Mais dans le même temps, il avait refusé de céder sur les "droits indéniables" de l'Iran, en particulier sur l'enrichissement d'uranium, au centre des inquiétudes des Occidentaux qui ont imposé des sanctions économiques sévères à l'Iran étranglant son économie.
" L'Occident doit comprendre qu'il n'obtiendra aucun résultat par les menaces et les pressions ", a encore souligné mardi M. Rohani devant les imams de prière du pays, selon les médias locaux.
Son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, n'a cessé de défier l'Occident depuis 2005 en répétant lui aussi que l'Iran ne renoncerait "pas d'un iota à ses droits légitimes" dans le domaine nucléaire.
Mais malgré la rhétorique, M. Rohani, soucieux de négocier un allègement des sanctions internationales, a pris des décisions montrant qu'il voulait engager une nouvelle approche dans les négociations avec le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne)".
Il a ainsi chargé les Affaires étrangères dirigées par Mohammad Javad Zarif, un de ses proches, des négociations. Il a aussi nommé un diplomate de carrière Reza Najafi pour remplacer Ali Asghar Soltanieh comme ambassadeur auprès de l'AIEA, et Ali Akbar Salehi, ex-chef de la diplomatie connu pour son pragmatisme, à la tête de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique.
M. Zarif faisait partie en 2003 de l'équipe dirigée par M. Rohani qui avait mené les négociations nucléaires avec la troïka européenne (France, Grande-Bretagne, Allemagne) et accepté la suspension temporaire de l'enrichissement d'uranium et l'application du protocole additionnel au Traité de non-prolifération (TNP) permettant un contrôle plus poussé des installations nucléaires du pays.
Ambassadeur aux Nations unies de 2002 à 2007, M. Zarif avait établi des contacts avec de nombreux diplomates étrangers et responsables américains, qui devraient lui permettre de trouver les moyens de sortir de l'impasse les négociations, interrompues depuis avril.
Il doit rencontrer à ce sujet fin septembre à New York, en marge des travaux de l'Assemblée générale de l'ONU, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. Il va aussi s'entretenir avec son homologue français Laurent Fabius, première rencontre bilatérale à ce niveau depuis deux ans.
Face à son refus de cesser ses activités nucléaires sensibles, les Occidentaux ont imposé à l'Iran des sanctions économiques visant les exportations pétrolières et les échanges bancaires du pays avec le monde extérieur.
Ces sanctions ont abouti à une baisse de 50% des exportations pétrolières, une chute de la valeur de la monnaie nationale et une inflation de plus de 40%.
Dans un rapport datant de 2011, l'AIEA avait publié un faisceau d'éléments indiquant que le régime islamique avait travaillé à la mise au point de l'arme nucléaire avant 2003. Depuis, les discussions entre les deux camps visent à mettre au point un accord permettant aux inspecteurs de l'agence onusienne de vérifier si ces soupçons sont fondés ou non.