Entre 20 et 30 habitants ont été tués et une quinzaine d’autres enlevés
Dans l'indifférence totale des gouvernements occidentaux va-t-en-guerre contre la Syrie, des milliers d'extrémistes «liés à Al-Qaïda», comme l'a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, proche de l'opposition), ont investi la localité de Maaloula (55 kms au Nord-ouest de Damas), une des plus anciennes villes chrétiennes du Levant, dont les habitants parlent encore l'araméen, la langue de Jésus-Christ. Maaloula doit sa renommée à ses refuges troglodytiques datant des premiers siècles du christianisme.
Selon des sources de la ville, entre 20 et 30 habitants ont été tués et une quinzaine enlevés par les insurgés descendus des montagnes environnantes.
Après de féroces combats avec l'armée syrienne et les comités populaires, ils ont pénétré dans la ville, saccageant et vandalisant les lieux de cultes. Des vidéos postées sur Youtube par les rebelles montrent des combattants bombardant le couvent des Saints Serge et Bacchus. Une voix se vante de la destruction des églises. Ils ont également saccagé le célèbre couvent de Sainte-Thècle et de nombreuses églises, dont celle de Saint-Elie.
Les extrémistes ont occupé la ville au prix de lourdes pertes: l'OSDH fait état de 17 morts et plus de 100 blessés dans leurs rangs à l'issue de violents combats nocturnes. Submergé par le nombre, les soldats syriens et les membres des comités de défense populaires se sont repliés aux confins de la localité. Le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane, a indiqué que les rebelles sont constitués de combattants extrémistes du Front Al-Nosra, affilié à Al-Qaïda.
Des habitants cités par l'AFP ont confirmé le retrait de l'armée à Maaloula. «Les rebelles sont partout. Les troupes du gouvernement s'en sont retirées», a ainsi déclaré une habitante sous couvert de l'anonymat. «Tout le monde a pris peur et il n'y plus grand-monde à Maaloula. Je suis resté avec mon frère », a affirmé Georges, 73 ans, un autre habitant dont la femme et les deux filles, mariées, sont parties vendredi pour Damas.
La prise de la ville par les extrémistes intervient quelques jours avant la fête de l'Exaltation de la Croix, célébrée chaque année le 14 septembre. Le village abrite aussi le monastère grec orthodoxe de Mar Takla, construit autour de la grotte et du tombeau de Sainte-Thècle (contemporaine de Saint-Paul) fêtée le 24 septembre.
Dans la nuit de samedi, les troupes du régime sont entrées dans la ville mais les rebelles y ont envoyé des renforts et ont pu prendre le contrôle de toute la cité. Selon le quotidien libanais AlAkhbar, leur nombre s’élève à près de 2.000.
Ce grave développement intervient au lendemain de la journée de jeûne et de prière célébrée samedi dans le monde entier à l'appel du pape François. Le souverain pontife a d'ailleurs redit non à la guerre en Syrie, dénonçant les «guerres commerciales pour vendre des armes et la prolifération» de celles-ci, appelant les responsables politiques à «trouver une juste solution au conflit fratricide». Devant une foule dense qui remplissait la place Saint-Pierre, le pape a demandé aux chrétiens de «renoncer» et de «combattre le mal».
«L'engagement continu dans la prière et dans les œuvres de paix», après la grande prière pour une solution pacifique en Syrie. Le pape avait lancé samedi un vibrant appel à «travailler pour la paix et la réconciliation" et à mettre fin à la guerre "toujours une défaite de l'humanité», lors d'une veillée de prière pour la Syrie, relayée dans le monde entier. De Bagdad à Jérusalem, de Bombay à Buenos Aires, de Washington à Paris, tout ce que l'Eglise compte de responsables ont relayé le message énergique de François, dans des sermons, des messages téléphoniques et sur les réseaux sociaux.
Source: Médiarama-AlAkhbar